En tressant des couronnes de lauriers au coordonnateur général des Affaires présidentielles, le président de la République l’a renforcé. Or, en décidant de procéder au remplacement de Pierre-Claver Maganga-Moussavou, il s’est, théoriquement, résolu à mettre en œuvre le mécanisme de suppléance délégative prévu à l’article 14d de la Constitution.

En décidant de procéder au remplacement de Maganga-Moussavou (en photo), le président de la République prend le risque de créer un conflit de compétences avec le coordonnateur général des Affaires présidentielles. © D.R.

 

Tout le monde en parle. Partout, les spéculations vont bon train. Se fondant sur une arithmétique ethnique d’arrière-garde, s’appuyant sur une « géopolitique »  surannée, s’essayant à une analyse du rapport de force sociologique, chacun dresse le portrait-robot du prochain vice-président de la République. Au nombre des personnalités citées, on compte René Ndemezo’Obiang, Séraphin Ndaot Rembogo, Guy Nzouba-Nadama, Jean de Dieu Moukagni-Iwangou ou Guy-Bertrand Mapangou. Au-delà de la diversité des trajectoires, ce beau monde se retrouve sur un point : avoir été au service du régime incarné par Ali Bongo. C’est dire si cette nomination n’aura rien d’une « coupure épistémologique » , pour reprendre la notion chère à Louis Althusser. C’est aussi dire si elle participera, au mieux, d’une redistribution des cartes et, au pire, d’une opération de recyclage.

Confusion au sommet de l’Etat

Pourtant, d’aucuns se réjouissent de cette régularisation annoncée. En leur entendement, la nomination d’un vice-président de la République relève d’une exigence constitutionnelle. Et tant pis si, entre 2009 et 2016, elle resta vide sans susciter les protestations de la Cour constitutionnelle. Tant pis si le champ d’intervention de ce haut personnage de l’Etat n’a jamais été circonscrit. Tant pis si, en leur for intérieur, les populations le tiennent pour un « factotum », selon le mot de Pierre Mamboundou. Surtout, dans un contexte où le coordonnateur général des Affaires présidentielles gagne en influence. Comment faire cohabiter une personnalité chargée de suppléer « le président de la République dans les fonctions que celui-ci lui délègue » avec une autre censée « assister le président de la République dans la conduite de toutes les affaires de l’Etat et veiller à la stricte application de ses décisions » ?

De toute évidence, l’arrivée d’un vice-président de la République va en rajouter à la confusion au sommet de l’Etat. En tressant des couronnes de lauriers au coordonnateur général des Affaires présidentielles, le président de la République l’a renforcé. Or, en décidant de procéder au remplacement de Pierre-Claver Maganga-Moussavou, il s’est, théoriquement, résolu à mettre en œuvre le mécanisme de suppléance délégative prévu à l’article 14d de la Constitution. En pratique, il a pris le risque de créer un conflit de compétences. Comment se répartiront les tâches ? Quelle place pour le directeur de cabinet et ses adjoints ? Fort des dispositions constitutionnelles, le vice-président de la République aura-t-il préséance ? Le coordonnateur général des Affaires présidentielles s’en laissera-t-il conter ? Déjà, dans sa dernière interview chez nos confrères de Jeune Afrique, Ali Bongo affirme avoir « toute confiance » en son fils.

Peu disert sur le fonctionnement des institutions

Certes, la fonction de vice-président de la République est gravée dans le marbre de la Constitution. Certes, celle de coordonnateur général des Affaires présidentielles existait sous Omar Bongo. Les deux furent même occupées synchroniquement sans trop de dégâts. Mais il se faut se garder des parallèles hasardeux. Ayant été reprofilée, la fonction occupée par Noureddin Bongo Valentin n’a rien de comparable à celle jadis assumée par Jean-Pierre Lemboumba Lepandou. De plus, à cette époque-là, le cabinet du président de la République n’était pas omnipotent. Même si ce n’était pas la gouvernance à la scandinave, le gouvernement et les autres institutions faisaient illusion. Mieux, de par leurs parcours respectifs, le vice-président de la République et le coordonnateur général des Affaires présidentielles d’alors avaient une idée certaine du fonctionnement de l’Etat. Est-ce le cas aujourd’hui ? Si on peut en douter, l’avenir nous fixera.

Ali Bongo dit privilégier l’« efficacité collective»  sur les « questions de personnes.»  Il affirme avoir « besoin de (…) personnes qui pensent et agissent différemment. »  Il soutient même vouloir « changer d’organisation ». Mais il se montre peu disert sur le fonctionnement des institutions. Quel respect pour la hiérarchie des normes quand une fonction créée par décret peut en imposer à une autre, consacrée par la Constitution ? Quelle garantie de séparation des pouvoirs quand on place des personnalités nommées au même niveau, voire au-dessus, d’élus du peuple ? Quelle égalité en droit quand on légifère en opportunité, quitte à faire du sur-mesure ? Quelle responsabilité quand famille et politique se confondent ? Ou quand vie publique et vie privée s’entremêlent ? S’il doit trouver sa place, le prochain vice-président de la République aurait intérêt à exiger une clarification. En tout cas, le décret de nomination ne suffira pas.

 
GR
 

14 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Le chef d’état le plus inculte. Si seulement ce Ali Bongo n’avait pas voulu faire des ministres et autres que des porteurs de titres ou des factorum pendant que tout est défini et exécuté par les membres de sa secte, autrefois Accrombessi et Alihanga, aujourd’hui Nourredine le Gabon se porterai mieux.

  2. Serge Makaya dit :

    Si vous saviez le temps que prennent ces gens pour vous rendre leurs pièges, et tout ça pour continuer simplement à vouloir s’accrocher au pouvoir, avec la bénédiction des mêmes français qui n’accepteront jamais l’idée d’une concertation nationale à la MAKAYA. Pitié !

    Ils vous auront eu encore avec de tel ridicule poste de vice président, !poste complètement inutile pour notre pays qui n’a plus intérêt à continuer avec ce système d’un seul homme avec les pleins pouvoir.

    J’ai vraiment du mal à comprendre que des gens aussi instruits que vous puissiez tomber dans le piège des gens bêtes comme ceux du clan Bongo-Valentin-Sassou. A Ntare Nzame!!

    Cette hameçon qu’ils viennent de vous tendre encore, ils l’ont préparé depuis. D’autres hameçons sont en cours de préparation et vous êtes toujours leurs appâts. Pitié de vous. A Ntare Nzame!! Que dire encore…

    Vous continuez à ne pas me croire que votre défunt Ali Bongo est bien décédé à Riyad, tant pis pour vous. Quand vous verrez l’un des fils Bongo devenir roi du Gabon, n’ayez aussi aucun regret. Assumez tout simplement votre manque de perspicacité. Eux ils n’ont point d’intelligence. Mais ils sont extrêmement rusés comme le DIABLE.

    J’ai fait de mon mieux pour vous avertir. Je n’ai pas réussi. Bonne continuation avec vos Bongo-Valentin-Sassou et Quai d’Orsay et roitelet du Maroc qui vous tiennent TOUS comme des chiens en laisses.

    • Ndoutoum Nfoulou Egwang dit :

      Mon grand frère, vous avez deja dis que vous connaissez bien ce milieu. Pensez vous que cela pourrait être facile pour dejouer ces plans qui visent l’interêt superieur de la France. On croit en l’histoire, ils feront une erreur, on attendra, nos petits enfants commence à comprendre beaucoup. Qui pouvait imaginer couper la tête de Lous XVI et sa femme Marie Antoinette…Apres l’apogée c’est le debut du declin (j’y crois).
      Ds ce system notre Gabon est parmi tant d’autres, La fameuse communauté internationnale ce sont les pays de l’Ouest qui supporte la politique francaise en Afrique car eux aussi sont gagnants. On pourra gagner qu’ensemble sinon on meurt tous. Le mouvement doit ensemble pas seulement le Gabon.
      Je sais que vous connaissez deja tout cela. Le Gaboais est patient mais malheureusement ses dirigeants politiques ne profitent pas pour developper le pays.

    • Julien dit :

      Effectivement, à quoi peut bien servir un vice président quand le président lui-même ne fait rien ? Ali Bongo tout comme son père adoptif Omar Bongo étaient tous deux des « gouverneurs » ou « préfets » de la francafrique. Ce poste de vice-président, c’est juste pour brouiller les cartes, nous faire croire qu’Ali Bongo est toujours vivant et qu’il « bosse dur », d’où la nécessité d’un vice-président. Mon œil. Je suis de ceux qui pensent aussi qu’Ali Bongo est bien mort depuis octobre 2018. Et ce n’est pas Sylvia Valentin qui cherche à masquer la vérité, c’est bien la France. Désolé d’insister sur cette France. Mais c’est ça la vérité.

      Les quelques français qui ont osés évoquer son décès ne se sont jamais rétracté. Pourquoi d’après vous ? Rh bien, parce qu’il est vraiment mort.

  3. diogene dit :

    Le chaos comme maitre à penser !

    Nous n’avons pas besoin de vice président avec un président vicié !

  4. nono dit :

    Nourredine Nordine Bongo sera désigné Vice Président pour succéder à son pere adoptif. C’est le schéma des anciennes cartes qui font d’un chien un roi.

    1967 c’est maintenant et encore. qui boude bouge!

    • Diarra dit :

      Et finalement, cette France ne se moque pas des Bongo qu’elle manipule à son gré, mais plutôt de tout un peuple qu’elle voit en réalité comme de la merde. Et c’est bien regrettable de constater que les gabonais ne voient toujours pas cette hypocrisie française, pour ne pas dire cette duplicité.

  5. Teddy dit :

    Si on veut mettre un terme au désordre qui règne actuellement au Gabon, je trouve la proposition de Serge Makaya très bonne. Non pas une paix des braves, mais une vraie concertation nationale appelée à durer au moins un ou deux ans maximum. Et mettre définitivement FIN à la gouvernance actuelle d’un seul homme aux commandes du Gabon. Le pays est immensément riche pour qu’on évite de le confier uniquement à une seule personne (qui depuis les pseudos indépendances sont en réalité des marionnettes de la France). Avec au minimum une équipe gouvernementale de trois ou cinq personnes, on évitera considérablement les magouilles et détournements de fonds. Et la France aura du mal à gérer plusieurs personnes à la fois.

  6. Bernadette dit :

    Ali Bongo que je crois aussi bien MORT, même s’il vivait encore, est QUI pour faire la MORALE aux autres. Arrêtez de parler et d’écrire d’un assassin, d’un voleur, d’un usurpateur qu’il était, lui, son père adoptif, sa femme et ses enfants actuels d’adoption aussi. TOUS POURRIS.

  7. Yvon dit :

    Bien sûr qu’il est bien mort. Il n’est même pas légume comme croient beaucoup de naïfs. Ali Bongo est mort, il se fait représenter tout le temps à l’étranger. Bon travail Mme Ossouka. C’est aussi pour vous une occasion de faire un peu du tourisme. Amusez-vous bien.

  8. Alan Matamba dit :

    En quoi un vice-président au gabon est-il utile!
    Quand l’on sait qu’il n’a aucune decision d’interêts commun à prendre, Mr Maganga Moussavou en a fait l’expérience!

  9. MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. Quid d’un PM, d’un CGAP, d’un VPR tous font partie du système exécutif le tout cornaqué par le PR. Sans sortir de notre UOB nationale trouvez l’énigme ?. Amen.

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