Les gouvernements du Gabon, de la Jamaïque et du Sri Lanka ont décidé de se coaliser pour lutter efficacement contre l’usage de certains produits cosmétiques néfastes, à travers le lancement du projet conjoint : «Éliminer les produits d’éclaircissement de la peau au mercure». En effet, le mercure est un ingrédient caché et toxique dans les crèmes éclaircissantes pour la peau que de nombreuses personnes utilisent quotidiennement, souvent sans en mesurer la dangerosité.

Les produits éclaircissants pour la peau contenant du mercure sont dangereux pour la santé et en conséquence ont été interdits dans de nombreux pays. © D.R.

 

Le Gabon, la Jamaïque et le Sri Lanka unissent leurs forces pour réduire les effets néfastes sur l’environnement et la santé de l’industrie de l’éclaircissement de la peau. Dirigé par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), avec un financement du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), et exécuté par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Biodiversity Research Institute (BRI), le projet «Éliminer les produits d’éclaircissement de la peau au mercure», de 14 millions de dollars américains, s’efforcera de réduire le risque d’exposition aux produits d’éclaircissement de la peau contenant du mercure, en sensibilisant aux risques sanitaires liés à leur utilisation, en élaborant des réglementations types pour réduire leur circulation et en mettant fin à la production, au commerce et à la distribution sur les marchés nationaux et internationaux.

Prévu sur trois ans, soit 2023-2026, ce projet permettra aux pays concernés d’aligner leurs politiques relatives au secteur cosmétique sur les meilleures pratiques, de créer un environnement propice à l’élimination progressive du mercure et de tenter de faire évoluer les normes culturelles plus larges relatives au teint de la peau en faisant participer les organisations, les professionnels de la santé et les personnes influentes travaillant dans ce domaine.

En effet, le blanchissement de la peau est une pratique courante chez les femmes dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique qui utilisent des crèmes et des savons pour éclaircir le teint, décolorer les taches de rousseur ou se débarrasser des taches de vieillesse. Certains cosmétiques peuvent contenir du mercure, notamment certaines crèmes et des savons éclaircissants de la peau vendue hors circuit contrôlé. Les produits éclaircissants pour la peau contenant du mercure sont dangereux pour la santé et en conséquence ont été interdits dans de nombreux pays. Cependant, il est rapporté que de tels produits sont encore à la disposition des consommateurs et font l’objet de publicités sur Internet.

«Le mercure est un ingrédient caché et toxique dans les crèmes éclaircissantes pour la peau que de nombreuses personnes utilisent quotidiennement, souvent sans comprendre à quel point cela est dangereux. Cette initiative est significative, car elle ne se concentre pas seulement sur les substitutions d’ingrédients nocifs, mais sur la sensibilisation qui peut contribuer à changer les comportements qui nuisent à la santé individuelle ainsi qu’à la planète», a déclaré le PDG et président du FEM, Carlos Manuel Rodriguez.

En effet, la Convention de Minamata sur le mercure a fixé une limite de 1mg/1kg (1ppm) pour le mercure dans les produits éclaircissants pour la peau. Cependant, un test réalisé en 2018 par le Zero Mercury Working Group et le Biodiversity Research Institute sur plus de 300 produits provenant de 22 pays a révélé qu’environ 10 % des crèmes éclaircissantes pour la peau dépassaient cette limite, beaucoup d’entre elles contenant jusqu’à 100 fois la quantité autorisée.

Selon la directrice de la division Industrie et économie du PNUE, Sheila Aggarwal-Khan, l’utilisation du mercure dans les produits d’éclaircissement de la peau constitue un grave problème de santé publique et nécessite une attention urgente. «Alors que les gouvernements ont accepté de limiter l’utilisation du mercure par le biais de la Convention de Minamata, des entreprises continuent de fabriquer, de commercialiser et de vendre des produits toxiques aux consommatrices et consommateurs», a-t-elle déclaré, assurant que le PNUE est fier de travailler avec le Gabon, la Jamaïque et le Sri Lanka, ainsi qu’avec un ensemble passionné de partenaires de cofinancement pour transformer cette industrie.

Des dangers pour l’environnement

Les produits d’éclaircissement de la peau ne présentent pas seulement un risque pour l’utilisateur. Les enfants peuvent y être exposés par le biais du lait maternel, et les chaînes alimentaires peuvent être contaminées lorsque les cosmétiques sont rejetés dans les eaux usées. En outre, le composé peut voyager loin de son point de dispersion, s’accumulant dans la terre, l’eau et le sol sans se décomposer dans l’environnement.

 
GR
 

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