À l’approche des élections générales, le pouvoir bande et montre les muscles : il déploie ses forces armées et des contrôles routiers sont mis en place à Libreville, de jour comme de nuit. Cette pratique récurrente remonte à 1993, lors des élections présidentielles. Pourquoi faut-il toujours, au Gabon, aller à l’élection présidentielle dans un contexte de peur ?

Reprise des patrouilles et des contrôles routiers dans le Grand Libreville dès ce mardi 11 juillet. © D.R.

 

Dès ce mardi 11 juillet 2023, les Forces de défense de la Gendarmerie nationale ont repris les patrouilles et contrôles routiers dans les communes d’Owendo, Akanda, Libreville et Ntoum. Dans certains carrefours, les moyens roulants (avec hommes à bord) du maintien de l’ordre ou de la répression des foules ont été installés, à l’instar de la sortie de l’avenue Jean-Paul II sur le boulevard Triomphal Omar Bongo où trônait, ce matin, un engin lanceur d’eau ou canon à eau.

Le déploiement de ce dispositif est consécutif à une décision du Commandement de la Gendarmerie nationale, à la veille des élections générales 2023. L’opération se déroulera avant, pendant et après celles-ci.

Fouille des embarcations à Bikélé, Bambouchine et au Cap Esterias

« Urgent (…) Vous commande dès mardi 11 juillet (…) Reprise de patrouilles et contrôles routiers pour les Unités départementales du Grand Libreville de jour comme de nuit (…) Interpeller tous véhicules (…) Procéder au contrôle de l’identité des passagers STOP Et à une fouille générale du véhicule et tout bagage à bord (…) Saisir les marchandises ou objets prohibés », indique un message du général de brigade Brigitte Onkanowa. Signé le 10 juillet 2023, ce message interne ayant fuité sur les réseaux sociaux est destiné à « toutes les unités » de gendarmerie du Grand Libreville.

Selon le général de brigade, les éléments de la gendarmerie nationale déployés sur le terrain auront également la charge de contrôler systématiquement les entrées et les sorties des débarcadères de Bikélé et Bambouchine. Au niveau du Cap Esterias, les patrouilles vont se faire sur les entrées et les sorties notamment des bras de mer du littoral, en procédant à la fouille de toutes les embarcations. « Emploi de la force en cas de nécessité (…) Usage des armes interdit (…) Sauf cas de légitime défense (…) Faire preuve en toutes circonstances de professionnalisme et respect des droits humains (…) Aucune négligence ou abus de pouvoir ne sera toléré », précise le Commandement de la Gendarmerie nationale.

Récurrence du spectre d’une guerre en gestation à chaque présidentielle

Cette décision intervient au lendemain de l’investiture du président candidat, Ali Bongo Ondimba. Ce dernier brigue un troisième mandat, après les deux premiers qui n’ont pas convaincu la majorité de la population. La sortie des forces de défense de la Gendarmerie nationale dans les artères du Grand Libreville serait-elle une manière pour le pouvoir en place d’avertir d’hypothétiques manifestants ?

Depuis la première élection présidentielle de l’ère démocratique en 1993 au Gabon, chaque scrutin de cette nature a été entaché par l’inquiétude d’une possible guerre imminente, suite à des découvertes surprenantes d’armes et d’équipements militaires. En septembre 2016, la découverte de tenues militaires, d’une arme de guerre et de quelques munitions deux semaines auparavant, avait amené à des interrogations quant aux véritables motivations de ces incidents.

Ce déploiement des moyens de la violence légitime est-il destiné à apeurer la population ou à lui prouver l’efficacité des forces de défense et de sécurité dans la sécurisation des Gabonais et de leurs biens ? Pourquoi faut-il toujours, au Gabon, aller à l’élection présidentielle dans un contexte de peur ?

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Akoma MBA dit :

    Ce qu’ils redoutent va forcément se produire,mais je ne crois pas que cela doit prendre la route ou les débarcadères.wait and see

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