Alors que les douleurs liées à l’endométriose et aux pathologies hormonales féminines handicapent quotidiennement des milliers de femmes gabonaises, le monde professionnel peine encore à intégrer cette réalité dans ses politiques RH. À travers son plaidoyer “Travailler avec douleur : il est temps d’en parler”, Annine Mezui, fondatrice de MEZ. A Consulting, ouvre le débat et appelle à une véritable reconnaissance de la santé intime comme enjeu de performance et d’inclusion au travail.

Au Gabon, des milliers de femmes contraintes de taire au quotidien les douleurs liées à l’endométriose. © GabonReview

 

«Travailler avec douleur : il est temps d’en parler». Derrière ce plaidoyer social porté par Annine Mezui, fondatrice du cabinet MEZ. A Consulting, se cachent des milliers de femmes gabonaises contraintes de taire au quotidien les douleurs liées à l’endométriose, aux fibromes, au SOPK ou à la ménopause dans un monde professionnel encore inadapté à leurs réalités corporelles.

Pourquoi une entreprise aménage-t-elle un poste pour une personne diabétique ou en traitement oncologique, mais pas pour une femme souffrant d’endométriose sévère ? Au moment où fleurissent les politiques de diversité et d’inclusion, Annine Mezui appelle à dépasser les discours pour intégrer concrètement les spécificités des corps féminins dans la performance globale. «Chez MEZ. A Consulting, nous avons décidé de porter ce combat. Pour que demain, aucune femme n’ait plus honte de sa douleur au travail », plaide-t-elle. «Pour que la santé intime ne soit plus un tabou, mais une composante légitime de la politique RH».

Son engagement est aussi intime. «Je souffre d’endométriose depuis mes 17 ans. J’en ai aujourd’hui 47», confie-t-elle. «C’est une vie entière à composer avec une douleur intense, souvent classée à 8 ou 9 sur 10, à dissimuler des absences, à justifier des fatigues, à survivre dans un monde professionnel qui n’a pas encore de mots pour ce type de souffrance. Aujourd’hui, je choisis de ne plus me taire».

Un débat s’impose

Le 22 août prochain, elle réunira partenaires sociaux, DRH, organismes de prévoyance et société civile pour ouvrir ce débat longtemps ignoré. Objectif : mettre en lumière l’impact professionnel des maladies hormonales féminines et réfléchir à leur prise en compte dans les politiques RH. «Faute de politiques d’accompagnement, les douleurs de ces femmes sont invisibles, non reconnues par la CNAMGS ou la CNSS», déplore-t-elle.

L’endométriose, maladie gynécologique inflammatoire chronique, touche une femme sur dix en âge de procréer. Si aucune donnée spécifique n’existe au Gabon, les spécialistes s’accordent à dire que les patientes sont bien présentes et insuffisamment prises en charge. Une formation ciblée des professionnels de santé comme des employeurs apparaît donc urgente.

À l’heure où la performance des organisations repose de plus en plus sur le bien-être au travail, intégrer la dimension de la santé intime féminine n’est pas un privilège, mais un impératif d’équité et d’efficacité.

 
GR
 

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