SEEG | Fraude énergétique : 40 milliards s’évaporent chaque année
La SEEG perd chaque année entre 30 et 40 milliards de francs CFA du fait de la fraude sur l’électricité et l’eau. Un fléau national, à la fois économique et moral, qui gangrène la trésorerie de l’entreprise et fragilise tout le réseau. Le directeur général, Steeve Saurel Legnongo, promet une riposte sans concession.

«Ces pratiques illégales ont un impact direct sur notre trésorerie : nous estimons que plusieurs milliards de francs CFA, entre 30 et 40 milliards, sont perdus chaque année en recettes non perçues à cause de la fraude», dixit Steeve Saurel Legnongo, ADG de la SEEG. © GabonReview
C’est une hémorragie silencieuse, un trou noir dans les comptes publics. Chaque jour, des branchements illégaux se multiplient dans les quartiers de Libreville, Port-Gentil ou Franceville. Derrière les compteurs trafiqués, des lampes brillent sans factures, des pompes tournent sans paiement, et c’est tout le système électrique national qui se dérègle. Interviewé par le quotidien L’Union le 27 septembre dernier, Steeve Saurel Legnongo, le patron de la SEEG, parle d’un «défi majeur» pour la survie de l’entreprise : une fraude «généralisée» qui touche «les classes sociales», du particulier au sociétés installées en zone industrielle.
Un gouffre financier colossal, des conséquences techniques et morales
Le constat est vertigineux. Selon la SEEG, la fraude représente plus de 25 % de l’énergie injectée dans le réseau électrique et concerne près de 30 % du parc de compteurs. Dans le seul Grand Libreville, elle génère des pertes estimées à plus de 2 milliards de FCFA par mois. «Nous estimons que plusieurs milliards de francs CFA, entre 30 et 40 milliards, sont perdus chaque année en recettes non perçues à cause de la fraude», déplore Legnongo dans L’Union.
Ce siphonnage a des conséquences directes : il affaiblit la trésorerie, réduit les marges d’investissement et dégrade la qualité du service. Plus la fraude augmente, plus la pression financière s’exerce sur les clients réguliers, créant un déséquilibre économique et social qui nourrit la défiance.
Au-delà du manque à gagner, la fraude fragilise la stabilité du réseau. Les branchements illégaux provoquent des surcharges, des chutes de tension et parfois des incendies. Pire encore : elles alimentent un sentiment d’impunité collective. «Cette perte de revenus affecte notre capacité à investir durablement dans la modernisation de nos infrastructures, l’entretien des réseaux, avec une incidence sur la qualité du service à nos clients», souligne Steeve Saurel Legnongo.
En 2024, lors d’une opération de contrôle sur 780 branchements dans le Grand Libreville, 209 installations frauduleuses ont été détectées en seulement trois jours. Le combat contre la fraude, dit le Directeur général de la SEEG, «ne saurait être mené avec succès sans l’engagement concerté de l’ensemble des acteurs concernés… Seule une démarche intégrée et partenariale, reposant sur la coopération, la transparence et la responsabilisation de chacun permettra de combattre efficacement ce fléau. ».
La riposte :répression et responsabilisation
Face à ce fléau, la SEEG a décidé de durcir le ton. Des équipes de contrôle ont été renforcées, les opérations de régularisation multipliées, et une campagne nationale de sensibilisation est en cours. Mais la stratégie repose aussi sur la coopération. «C’est pourquoi nous appelons à une mobilisation collective rassemblant non seulement les pouvoirs publics […] mais également les collectivités locales […] ainsi que les citoyens…», insiste le DG.
L’entreprise mise également sur la technologie : les futurs compteurs intelligents permettront une détection automatique des anomalies et un suivi en temps réel des consommations.
Le combat sera long, mais vital : il ne s’agit plus seulement de sauver un chiffre d’affaires, mais de restaurer une morale du service public.

















0 commentaire
Soyez le premier à commenter.