Nommé président du Conseil d’administration de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) lors du conseil des ministres du 28 décembre 2023, Jean Liévin Idoundou Manfoumbi a officiellement pris ses fonctions ce mercredi 24 janvier 2024. L’homme qui assure que la SEEG lui a tout donné devra mettre en œuvre une feuille de route de dix axes allant de la levée de toutes les réserves de la SEEG à l’élaboration d’un plan de redressement.

2021Jean Liévin Idoundou installé par Jeannot Kalima. © Gabonreview

 

Près d’un mois après sa nomination au poste de Président du Conseil d’administration (PCA) et au lendemain de la session extraordinaire du conseil d’administration de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), Jean Liévin Idoundou Manfoumbi a été installé ce mercredi 24 janvier, dans son nouveau fauteuil. «Vous êtes sans ignorer, monsieur le PCA, qu’en accédant à cette fonction, la SEEG est dans une situation particulière», a déclaré le ministre de l’Énergie et des Ressources hydrauliques qui présidait la cérémonie officielle de prise de fonctions. «Il vous revient d’en prendre véritablement conscience», a ajouté Jeannot Kalima.

Ancien cadre de cette entreprise, Jean Liévin Idoundou Manfoumbi devra proposer et conduire «en parfaite harmonie», avec les administrateurs et la direction générale, «un plan stratégique structuré et réaliste». «Avec la SEEG, j’ai une relation toute particulière. Je m’y suis consacré corps et âme pendant 32 années, elle m’a tout appris et tout donné», a déclaré la PCA qui entend bien «redorer le blason» de cette entreprise. Si Jeannot Kalima a assuré que les moyens pour y arriver, mais semblent manquer peuvent être mobilisés avec un peu plus d’ingéniosité, de rigueur et d’orthodoxie dans la gestion des finances et des ressources humaines, Jean Liévin Idoundou Manfoumbi a assuré que la SEEG «répondra du mieux que possible à sa mission de gestionnaire du service public de l’eau potable et de l’électricité».

Instantané de la cérémonie d’installation et de passation de charges le 24 janvier. © Gabonreview

Redorer le blason de la SEEG

Le ministre de l’Énergie lui a d’ailleurs rappelé les dix axes majeurs de feuille de route qu’il devra mettre en œuvre. Notamment, «la levée de toutes les réserves» en vue de la certification des comptes de la SEEG pour les exercices fiscaux 2020, 2021 et 2022. «Cela pour permettre à l’entreprise de retrouver sa crédibilité auprès des institutions financières», a expliqué Jeannot Kalima évoquant tout aussi le respect scrupuleux des dispositions de la délégation du service public signé le 5 janvier 2022 entre l’État et la SEEG. L’élaboration urgente d’un plan de sauvegarde du Grand Libreville et de tous les points stratégiques du territoire national ; la publication systématique des appels d’offres lancés par la SEEG.

Ce, «afin de sortir de la gestion peu transparente des fournisseurs» ; l’accélération de la mise en œuvre des projets structurants en cours à l’instar du projet «Mbomo» pour améliorer la desserte en eau dans le Grand Libreville. La participation active de la SEEG dans les discussions des projets développés en partenariat public-privé. Ce, en sa qualité d’acheteur d’énergie électrique et d’eau potable. «Étant précisé que cette implication lui permet de veiller à son équilibre économique et financier avec des tarifs abordables et accessibles aux populations», a souligné Jeannot Kalima. Sur cette feuille de route, l’intensification de la lutte contre toute forme de corruption et de collusion avec les sous-traitants et autres partenaires extérieurs.

Assurer la viabilité de l’entreprise

«À ce sujet, je vous encourage à finaliser avec la direction générale l’opération en cours de contrôle des fournisseurs», a instruit le ministre de l’Énergie. Mentionnant tout aussi la définition d’une politique efficace de gestion des compteurs. Elle devrait intégrer leur mise en conformité et la recherche de mesures alternatives «conformément aux règles de l’art». «Il vous revient avec vos équipes de rechercher des mécanismes qui visent à réduire e façon significative les délais entre la signature du contrat de service par l’usager et la pose de sin compteur d’eau ou d’électricité», a-t-il souligné.

À cela s’ajoutent le lancement d’une vaste opération de diagnostic des ouvrages de production en eau et en électricité du pays «en vue d’arrêter un plan opérationnel de maintenance et de remise à niveau», puis l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de redressement. Il devra être soumis à «l’autorité concédante dans les tout prochains jours en précisant les actions urgentes, celles à moyen et long terme», a indiqué Jeannot Kalima. «Je m’en remets donc à vous et à votre sens du devoir pour maintenir l’entreprise à flot et offrir aux clients et plus généralement à la population les services de qualité», a dit Jean Liévin Idoundou Manfoumbi à ses collaborateurs. Ingénieur civil à la retraite, il a occupé plusieurs hautes fonctions au sein de la SEEG avant d’être nommé PCA.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Desiré dit :

    Yapkuka … grimper l Himalaya en tongs.

  2. DesireNGUEMANZONG dit :

    Mme Ida-Alix Mussavu, votre article est intéressant sur un point précis: la certification des comptes de la SEEG qui suscite une série de questions.

    Comment « la levée de toutes les réserves » en matière de certification des comptes d’une entreprise peut devenir un objectif stratégique imposé au Président d’un Conseil d’Administration (PCA)? Comment est possible que durant trois ans, les comptes d’une entreprise ont été certifié « avec réserve »?

    J’en conclue que la SEEG est une entreprise en difficulté « profonde ». Pas loin du redressement judiciaire! C’est bien le résultat d’une gestion très approximative des comptes.

    Je vais aborder ci-après l’aspect théorique pour que les lecteurs non-initié.es comprennent votre présentation. En effet, toutes les entreprises ont l’obligation de produire leurs états financiers chaque année fiscale: le bilan, le compte de résultat (compte d’exploitation) et les annexes explicatifs. Ce travail est effectué par un expert-comptable.

    Certaines entreprises, sur des critères bien précis (taille, chiffre d’affaires, total bilan, subventions de l’Etat, etc.), sont obligées de faire certifier leurs comptes par un commissaires aux comptes (CC).

    Les commissions aux comptes passent en revue les comptes de l’entreprise poste par poste, par des techniques de sondage parfois, pour détecter d’éventuelles anomalies. En cas d’abus de biens sociaux (ABS) par exemple, le commissaire aux comptes informe le Procureur de la république.

    Il peut « certifier » les comptes de quatre manières différentes: (1) sans réserve(*); (2) avec réserves; (3) impossibilité de certifier; (4) refus de certification (en cas d’anomalies critiques).

    Une question se pose: les comptes 2023 ont-ils certifiés « avec réserves » ou « sans réserves »?

    (*) Je certifie sans réserve la régularité, la sincérité et la fidélité les comptes de l’entreprise peut émettre un CC dans son avis.

  3. Desire dit :

    Certifier les comptes ,c est certifier que la seeg est en réalité déjà en situation de faillite.

    • DesireNGUEMANZONG dit :

      Pas vraiment! (Pas du tout!) C’est plutôt à l’issue de sa mission légale que le commissaire aux comptes (CC) constate les anomalies.

      Elles peuvent être critiques de telle sorte qu’il avise le Procureur de la république et ne certifie pas les comptes annuels. Par exemple, en cas d’abus de biens sociaux (ABS, détournement de la trésorerie). En revanche, en cas d’anomalies mineures, le commissaire aux comptes demande des mesures correctives. Par exemple, si la SEEG ne passe pas suffisamment de provisions pour dépréciation des créances clients (ceux qui ne respectent les délais de règlement ou ne règlent pas leurs factures), alors l’avis du CC sera une « certification avec réserve » à condition de régulariser cette situation. Visiblement, ce que ne fait pas la SEEG (hypothèse!). On ne peut pas avoir une « certification avec réserves » pendant quatre ans (4) si j’inclue 2023. Car je ne pense pas que la situation s’est arrangée.

      Bien comprendre qu’une catégorie d’entreprises est soumises à l’obligation de certification des comptes annuels. Les sociétés anonymes (par actions) et les sociétés anonymes simplifiées (SAS) sur certains critères. Les associations (d’une certaine taille) qui reçoivent les subventions des collectivités ou directement de l’Etat sont soumises à la revue de leurs comptes par un CC.

      Le CC constate les anomalies, émet un avis et des alertes. Il ne suspecte pas a priori l’existence de fraudes fiscales ou d’ABS. Toutefois, vous avez raison sur un point précis. Il suffit de calculer le Besoin en Fonds de Roulement (BFR) de la SEEG pour constater le déséquilibre de sa structure financière à court terme (*). Sur le compte d’exploitation, on peut jeter un regard attentif sur la masse des provisions et la comparer avec la masse des créances clients dans le bilan (côté Actif).

      (*) BRF= Actif circulant (à court terme) – Passif circulant (à court terme).

Poster un commentaire