D’abord visité le week-end dernier par le Premier ministre, puis lundi 15 avril par le président de la Transition, le site de Ntoum n’est en réalité que l’une des six fermes agricoles «gérées» par la Société de transformation agricole et de développement rural (Sotrader) dont l’existence même pose problème. L’amer constat fait par l’Exécutif conduira-t-il au lancement d’un audit ? Il le faut pourtant.

Le général Brice Clotaire Oligui Nguema sur le site abandonné de la ferme agricole de Sotrader à Ntoum, le 15 avril 2024. © Com. présidentielle

 

Après la visite du président de la Transition sur le site de Ntoum, s’achemine-t-on vers un audit de la Sotrader ? Si l’Exécutif ne s’est pas encore prononcé sur cette éventualité, une partie de l’opinion nationale la juge nécessaire, voire inévitable avant de permettre à l’entreprise de poursuivre ses activités. D’abord, un audit sera indispensable pour statuer sur l’existence même de cette société. Celui-ci permettrait en effet de savoir qui de Sotrader S.A, Sotrader Cultures vivrières S.A, Sotrader Graine et même la Caisse des dépôts et consignations (CDC) est responsable dudit site. D’autant plus qu’un flou juridique subsiste depuis plusieurs années sur le sujet. En nommant, en novembre 2023, un nouveau président du conseil d’administration et directeur général, à savoir Samson Ngomo et Aubert Ndjila, les nouvelles autorités montraient ainsi leur méconnaissance du «dossier». Rien d’étonnant qu’elles ne découvrent que maintenant la vraie étendue des dégâts. 

Née en mars 2015 d’un partenariat public privé (PPP) entre l’État gabonais détenteur de 51% du capital et la société OLAM 49%, Sotrader S.A a officiellement cessé d’exister en janvier 2019, faisant place à Sotrader Cultures vivrières S.A dont le capital est entièrement détenu par la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et Sotrader Graine entièrement détenue par le groupe singapourien. Selon des informations recueillies par le site Gabon Media Time il y a cinq mois, bien qu’existant sur les plans administratif et juridique, Sotrader Cultures vivrières S.A, s’il s’agit de la société pour laquelle les deux nouveaux responsables avaient été nommés, n’a jamais démarré ses activités. La raison : le refus opposé par le comité de pilotage du Programme Graine présidé à l’époque par un des anciens directeurs de cabinet adjoint d’Ali Bongo «d’acter le transfert de la maîtrise d’œuvre du programme à la Sotrader Cultures vivrières». Un refus ayant d’ailleurs donné lieu à la création, en juillet 2019, d’une société remplaçante, la fameuse Sotrader Graine, entièrement détenue par OLAM Palm Gabon. Serait-ce finalement elle qui est à la charge de la gestion du site de Ntoum et des cinq autres ?

Une vue des serres abandonnées. © Communication présidentielle

Six sites dans quatre provinces 

Le site de Ntoum dont l’état d’abandon a été rendu public ces derniers jours n’est en réalité que l’une des six fermes agricoles «gérées» par la Sotrader (groupe ou entreprise ?). La suite de la visite dite d’inspection du général Brice Clotaire Oligui Nguema devrait donc logiquement être suivie d’autres visites du même genre dans les cinq autres fermes localisées dans les provinces de la Ngounié, du Haut- Ogooué, de l’Estuaire et du Woleu Ntem. L’objectif étant de faire un état des lieux et d’évaluer leur impact dans la politique agricole du pays.

S’agissant de la ferme de Ntoum, bâtie sur près de 500 hectares, ce projet lancé en grande pompe par le régime déchu visait la production intensive à l’aide de méthodes mécaniques et sous serres afin de permettre d’alimenter à la fois le Grand Libreville et l’ensemble des provinces. Les militaires au pouvoir entendent corriger cet échec. En ligne de mire : l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire du Gabon. Espérons qu’ils y parviennent.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Ali Bongo est un vampire a dit Bertand Zibi il lançait des projets qui suscitaient de l’espoir engloutissaient des milliards, puis terminait sur les maquettes ou après l’investissement de beaucoup d’agent comme dans le cas de toutes ces machines qui sont entrain de rouiller, des logements sociaux en constructions rasées à dessein pour ruiner le Gabon. Les projets d’Olam qui sont arrivés à terme sont peut être ceux où Ali Bongo tire beaucoup de bénéfices personnels à travers des actions de Delta Synergie par exemple ou quand ses amis ont des actions. Tout ce qui bénéficiaient prioritairement au peuple sans ristourne pour les Bongo devait mourir.

  2. Mezzah dit :

    Ce qui m’étonne dans la démarche du CTRI c’est cette constance dans la façon de prendre les dossiers en main.
    Vous verrez que ça commence toujours par les audits ce qui est bien ensuite on passe directement à l’étape de réhabilitation sans passer par les enquêtes et condamnations. Les gens ont détourné l’argent de ces projets, ils ne sont pas inquiétés mais on va encore puiser dans les caisses de l’Etat pour relancer la machine. Pourquoi, pourquoi il n’y a pas de condamnations. C’est tout ça qui fait dire aux populations à tort ou à raison que CTR=PDG.

  3. Gallo Caldo Richard dit :

    G.Ondo Nzuey, votre article est fort à propos mais il faut pouvoir comprendre que 6 fermés ne feront jamais l’autosuffisance alimentaire de notre pays. C’est d’abord une question de fond. Le mal du secteur agricole au Gabon est premièrement d’ordre structurel et organisationnel. Ensuite,il faut se pencher sur les aspects stratégiques et politiques. Les questions d’ordre opérationnel seront les dernières à être appliquées. Sinon, on va toujours mettre la charrue sans bœuf…
    Audit oui, mais il faut surtout punir tous ceux qui de près ou de loin ont été partie prenantes de ces montages et leur gestion. Sans culture du résultat et sans sanction, la gouvernance approximative ne conduira nulle part.

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