L’affaire Léandre Nzue et Jules Mba met en lumière leur manipulation par des intérêts mafieux. Leur désir d’indépendance les a rendus gênants, l’un étant en prison pour s’y être opposé, tandis que l’autre s’est montré plus soumis. Critiquée, la nouvelle maire de Libreville, Christine Mba Ndoutoume, ne fait pas mieux que ses prédécesseurs. Les conseils locaux sont marqués par l’amateurisme, le clientélisme et l’affairisme, avec seulement quelques exceptions. La destruction des travaux d’un maire et sa destitution proche de la fin de son mandat soulèvent des questions sur les véritables motivations. C’est un échec du système. Abslow interroge.

Sinon, quel gabonais aujourd’hui peut dire que Christine Mba Ndoutoume est meilleure maire que ses deux prédécesseurs ? © Gabonreview (montage)

 

Quand l’affaire Léandre Nzue survint, que de bruit de la part de ses pourfendeurs pour faire croire qu’il était le pire maire qui n’ait jamais été porté à la tête d’une municipalité et que de toute évidence, il n’avait que ce qu’il mérite. A force d’arguments à charge qui vont finalement se révéler spécieux lorsque Jules Mba fut ensuite éjecté dans les mêmes circonstances, l’opinion avait fini par admettre que les deux maires successifs de Libreville étaient victimes de marionnettistes.

Avec le recul, après que les passions se soient estompées avec le temps et que la raison a repris le dessus, on doit à la vérité de reconnaître que Léandre Nzue et Jules Mba, à qui on a fait tous les procès d’intention, n’étaient en réalité que l’arbre qui cache la forêt. La vérité étant qu’ils avaient été placés à ces endroits pour servir de faire valoir et veiller sur les intérêts d’officines et de lobbys mafieux tapis dans les hautes sphères décisionnelles.

Ceux qui les avaient mis là espéraient que leur obéissance fut totale et aveugle à leurs caprices. Qu’ils ne seraient que de parfaits exécutants de consignes et instructions venues d’ailleurs et que leur marge de manœuvre en tant qu’édiles serait limitée. Mais c’était sans compter avec la capacité de chaque être à avoir ses propres rêves et à chérir sa propre liberté, et de chaque politicien, quoique discipliné, à avoir ses propres ambitions.

Léandre Nzue et Jules Mba n’auront pas été moins hommes, moins politiciens et surtout moins PDGistes que tous les autres gabonais répondant à ces trois critères. Fatalement, en voulant finalement exister par eux-mêmes que par ceux qui les avaient placés à la tête de la mairie de Libreville pour n’être que de simples exécutants, ils sont devenus suffisamment gênants pour qu’on leur taillât une réputation de militants récalcitrants.

Leur sort fut donc scellé. Et comme la sanction infligée à tout homme supposé « fabriqué », PDGiste de surcroît dans le Gabon des Bongo, est toujours proportionnelle à l’affront fait à ceux qui l’ont fabriqué, le premier est en prison pour avoir osé exprimer son désaccord et une forme de résistance à la charia prononcée à son encontre. Le deuxième est libre de ses mouvements pour avoir été plus docile. À moins d’être naïfs, tous les abonais savent que leur seul crime est d’avoir voulu être libre.

Sinon, quel gabonais aujourd’hui peut dire que Christine Mba Ndoutoume est meilleure maire que ses deux prédécesseurs ? A la lumière de toutes les récriminations qui lui sont faites par les Librevillois dans la gestion de leur commune, et de la crise interne qui perdure au sein de l’institution municipale, il n’y a pas de doute que le nouvel édile porte une veste trop lourde pour ses frêles épaules. Sans vision, sans charisme, elle n’a de qualité que sa capacité à obéir aux officines.

C’est finalement à cela que se résumeront les mandats finissants des conseils locaux actuels. A la capacité de leurs présidents à obéir aux ordres de ces officines mafieuses dont les orientations et les instructions auront toujours été aux antipodes des intérêts des communautés. Amateurisme, clientélisme et affairisme sont le triptyque qui caractérise la gestion de la quasi-totalité de ces conseils locaux qui sont, faut-il le rappeler, l’émanation de la sulfureuse et nébuleuse AJEV.

Seuls quelques rares maires auront marqué de leur empreinte leur municipalité. De ce point de vue, le maire de la commune de Bitam aura été un excellent président de conseil municipal au regard de la transformation positive de sa commune et dont les habitants peuvent s’enorgueillir. Au-delà, c’est la faillite généralisée des conseils municipaux et locaux à la tête desquels se sont illustrés de véritables pantins incompétents.

Si l’on doutait encore que le maire d’Oyem faisait partie de ces pantins qui avaient été placés à la tête de conseils municipaux, son sort récent est la preuve de l’existence de mains noires agissant non pas pour l’intérêt général mais pour leurs intérêts personnels. Quoiqu’il ait pu faire, le sort réservé à Christian Abessolo Menguey est disproportionné, injuste et injustifié. Il y a des scandales plus grands dans nos communes qui nécessitent que leurs auteurs soient écroués. Suivez mon regard.

De quelle logique procède la destruction de travaux entamés par un maire avec l’argent public ? Quel est l’intérêt de le démettre de ses fonctions à 2 mois de la fin de son mandat ? A qui profite cet état des faits si ce n’est à ces marionnettistes de l’ombre ? Cette tragi-comédie ne trompe personne et surtout pas les Oyémois qui savent qu’il n’est qu’un bouc émissaire pour tenter de justifier l’abandon de la commune d’Oyem par le pouvoir central depuis 2016. Son échec est avant tout l’échec du système.

Abslowment vrai !

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Désiré NGUEMA NZONG dit :

    Bonjour Monsieur Abslow,

    Je vais vous raconter la fable du Scorpion et de la Grenouille. Je précise qu’elle n’est de moi.

    La grenouille est un animal amphibien qui peut vivre sur terre et dans l’eau. Elle sait nager. Le scorpion fait partie de la famille des arthropodes de l’ordre des arachnides par leurs pédipalpes développés en pinces et par l’aiguillon venimeux qu’ils portent au bout de leur abdomen. Son atout n’est pas la natation.

    Voici leur histoire…

    Un jour, un scorpion alla trouver une grenouille. Il demande à cette grenouille de le transporter sur l’autre rive d’une rivière. D’abord effrayée par son aiguillon venimeux, la grenouille refuse. Le scorpion insiste et la grenouille accepte finalement cette charge. Mais en pensant que si le scorpion la piquait, alors ils périraient tous les deux, noyé(e)s (1).

    Au milieu de la rivière, pourtant, le scorpion la pique mortellement. Lorsque la grenouille demande au scorpion la raison de son geste, ce dernier répond que « c’est dans [sa] nature ». Encore, il eût fallu que la grenouille le susse!(2)

    La fable illustre le fait que certains comportements sont irrépressibles indépendamment de leurs conséquences.

    Mes Salutations.

    (1) Le masculin de l’emporte pas forcément sur le féminin;
    (2) Verbe « falloir savoir » conjugué au passé du subjonctif. Je crois! Mais je peux me tromper.

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