Avec son « Memorandum sur la transition gabonaise », la junte dirigée par le général Brice Clotaire Oligui Nguema expose en détail les motivations, les principes et le programme prévu pour le Gabon après son coup d’État du 30 août. Consultations, nouvelle Constitution, élections libres : le document de plusieurs pages dévoile les ambitions du CTRI. L’essentiel de ce qu’il faut retenir ou qu’il faut relire, entièrement et plus en détail, dans la livraison du mardi 19 septembre du quotidien national L’Union.

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Publié le mardi 19 septembre dans le quotidien national L’Union, le «Memorandum sur la transition gabonaise» est un texte extrêmement détaillé dans lequel la technostructure ayant pris le pouvoir le 30 août dernier au Gabon exprime clairement ses motivations et dévoile son programme pour le pays.

Coup de liberté

Plantant le contexte de son coup de force appelé «Coup de liberté», le document du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) rappelle que le Gabon traversait, depuis un bon moment, une crise profonde marquée par des violations des droits fondamentaux, la mainmise d’une élite sur le pouvoir, un recul démocratique et une crise économique aggravée par un pillage organisé des ressources de l’État conduisant à un endettement croissant et à une paupérisation alarmante de la population. Cette situation s’est aggravée avant les élections d’août 2023 du fait de modifications controversées du processus électoral.

Dans ce climat délétère, des élections ont eu lieu le 26 août 2023. Les résultats, proclamés dans la nuit du 30 août, donnaient la victoire au président sortant avec 64% des voix, un score jugé invraisemblable et entaché de fraudes. Ce qui risquait, note le document, de déclencher une violente contestation populaire et une répression tout aussi brutale, menaçant de chaos et de guerre civile. Pour éviter cela, les forces armées ont décidé d’intervenir en exécutant ce qui a été appelé un «coup de liberté», afin de sauver la République et protéger le peuple.

Perspectives post-putsch

Abordant les perspectives post-putsch, le memorandum indique :«Dans les heures qui ont suivi l’opération, le CTRI a engagé un large processus de consultations avec l’ensemble des forces vives de la Nation. Dans le même temps, le CTRI a désigné à l’unanimité le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema pour assurer sa Présidence avant de promulguer la Charte de la Transition, cadre légal de la Transition adossée à la Constitution du 26 mars 1991 (la Constitution de 1991 restant valable pour tout ce qui n’est pas contraire à la Charte). A la suite de quoi, le CRTI s’est immédiatement lancé dans la mise en place des institutions de la Transition devant préparer le retour à l’ordre constitutionnel normal

Dans le préambule de l’ordonnance portant Charte de la Transition, le CTRI martèle sa volonté de «changement pour le bien-être et le vivre ensemble du peuple souverain du Gabon» et sa détermination à «combattre toute forme de marginalisation et de repli identitaire, de prévenir et réprimer la corruption, les crimes économiques et financiers, l’impunité, la politisation de l’Administration publique et l’instrumentalisation de la Justice».

Valeurs, principes et missions de la transition

 Concernant les valeurs et principes, le texte met en avant «le patriotisme, la loyauté et la probité», «la justice, l’impartialité et la dignité», ainsi que «le dialogue et l’esprit de consensus».

Les principales missions de la transition énoncées sont notamment : la refondation de l’État et de ses institutions pour renforcer l’État de droit et la démocratie ; la protection de l’intégrité du territoire et de la sécurité des citoyens ; la mise en œuvre de réformes politiques, économiques, culturelles, administratives et électorales ; la promotion des droits humains et des libertés ; l’instauration d’une culture de bonne gouvernance ; l’élaboration d’une nouvelle Constitution par référendum, et l’organisation d’élections libres et transparentes. Le memorandum insiste sur «le renforcement de l’indépendance de la Justice et la lutte contre l’impunité» et la tenue à terme d’«élections locales et nationales libres, démocratiques et transparentes».

Sur l’État et la souveraineté, le texte précise que «le Gabon est une République unie et indivisible, souveraine, laïque, sociale et démocratique » et que « la vente des terres aux non nationaux est interdite».

Concernant les libertés et droits fondamentaux, le memorandum déclare que «les libertés et droits fondamentaux sont reconnus et leur exercice est garanti aux citoyens dans les conditions et les formes prévues par la loi». Il détaille de nombreux droits et devoirs des citoyens.

Le document contient de nombreux ordonnances, décrets et autres textes de lois portant sur la mise en place des institutions de la transition, notamment le Gouvernement, le Parlement et la Cour constitutionnelle dont les membres précédemment nommés sont listés. Sur le président de la transition, le texte précise qu’il «remplit les fonctions de Chef de l’État. Il est le ministre de la Défense et de la Sécurité. Il veille au respect de la Constitution et de la Charte de la Transition

Avec ce memorandum extrêmement complet, la junte affiche sa feuille de route détaillée pour le Gabon.

 
GR
 

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