Alors que le Gabon est entré dans une période de transition politique depuis la prise de pouvoir par l’armée, la question du partage des pouvoirs au sommet de l’État se pose. Le cabinet présidentiel conservera-t-il la mainmise sur les nominations comme sous Ali Bongo, ou les ministres retrouveront-ils la marge de manœuvre ? L’opinion guette les signaux faibles.

Y aura-t-il, dans la gouvernance transitionnelle à la gabonaise, de nouveaux «roitelets» n’obéissant qu’au cabinet du président du CTRI, contestant l’autorité des tutelles gouvernementales ? © GabonReview (Montage)

 

Repart-on comme en l’an 40 ? Durant les dernières années du premier septennat d’Ali Bongo, le cabinet du président de la République avait arraché au gouvernement la totalité du pouvoir. Les ministres ne pouvaient plus, par exemple, proposer des hauts fonctionnaires à des postes de responsabilité au sein de leurs départements ministériels. Les choses perdureront-elles ? Les membres du gouvernement auront-ils les coudées franches ?

La question que l’on se pose, entre autres, dans l’opinion est de savoir si, par exemple, le conseiller spécial chef du département Mines, Hydrocarbures et Énergie sera plus fort que les ministres Abéké (Pétrole), Opiangha (Mines) et Kalima (Énergie) réunis ? Le cabinet du président de la Transition se comportera comme celui d’Ali Bongo Ondimba ? Les ministres du gouvernement de transition auront-ils plus de pouvoir que ceux des gouvernements précédents ou ne seront-ils «confinés» aux seules  nominations des membres de leur cabinet comme cela se faisait jusqu’au 30 août 2023 ? C’est à cela que l’on jugera, entre autres, de la volonté du général Oligui Nguéma de rompre ou non avec les «vieilles habitudes» et chasser les vieux démons de la gouvernance antérieure tant décriée.

Carte blanche pour les ministres, soumission au cabinet présidentiel ou remake de l’Ajev ?

Les ministres devraient avoir la possibilité de proposer les nominations dans les cabinets, les services centraux et les entreprises publiques et parapubliques. Ce qui éviterait la création de nouveaux «roitelets» qui n’obéiraient qu’au cabinet du président de la Transition et contesteraient l’autorité du ministre de tutelle.

Il ne faudrait pas, en effet, que le Gabon ressemble à ce qu’il était sous l’Association des jeunes émergents volontaires (Ajev) de Brice Laccruche Alihanga et sous la «Young Team» de Noureddine Bongo Valentin. Il n’est pas du tout souhaitable que les mêmes pratiques se répètent, entrainant par voie de conséquence le désenchantement de l’opinion.

Pas de nouveaux Ngoulou, Saliou et Ella Ekogha

Ici, comme ailleurs, il devrait y avoir un changement de pratiques, un changement de paradigmes. Selon des indiscrétions déjà récurrentes, certains membres du cabinet du président de la Transition se livreraient actuellement à l’élaboration de propositions de nomination dans les départements ministériels. Au palais du bord de mer, y aura-t-il de nouveaux Ian Ghislain Ngoulou, Ali Mohamed Saliou et Jessye Ella Ekogha ? «Time will tell» (le temps nous le dira, ou qui vivra verra), pour reprendre une expression du Commonwealth.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Serge Makaya dit :

    NON ET NOUS L’ESPERONS POUR L’ENSEMBLE DES GABONAIS (Bongoistes ou pas). SOYEZ LES BIENVENUS A LA CONSTRUCTION DE VOTRE PAYS LE GABON SVP… POUR LE FUTUR DE NOTRE PAYS… SVP…

  2. Akoma Mba dit :

    Qu’à cela ne tienne. Il n’y a qu’une seule réponse à toutes vos questions.
    Que les Ministres soien dignes et présentent leur Démission s’ils sont traités comme de simples bouquets de fleurs pour décorer la Présidence du Général Oligui Nguéma. C’est ça aussi le changement et pas être des bénis oui oui ou yesmen ou chicos de los recados comme diraient nos amis Equato et Nigérians

  3. Patrick ANTCHOUET dit :

    L’article de Dimitri Mimongo est intéressant à plus d’un titre. Une vraie piqûre de rappel. Toutefois, le chef de l’Etat nomme aux fonctions d’ambassadeur et de commandants en chef des armées. Les membres du cabinet présidentiel devraient donc proposer au Chef des nominations dans ces deux secteurs. Mais ils n’ont pas à désigner les DG SEEG, DG AGP, DG OPRAG, sauf s’ils espèrent des rétrocommissions, comme l’ont fait leurs prédécesseurs.

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