Dans la tribune ci-après, le Dr Emmanuel Thierry Koumba*, qui en a lui-même été victime il y a quelques années, alerte sur la montée silencieuse des AVC au Gabon, aggravée par le manque criant d’infrastructures médicales et de réactivité, notamment en zones rurales. Il dénonce le décalage entre les campagnes de sensibilisation et l’insuffisance des moyens concrets pour soigner et accompagner les victimes. Pour lui, une réforme audacieuse du système de santé incarnerait la promesse présidentielle de dignité et marquerait un tournant vers une souveraineté véritable.

« Au Gabon, l’AVC est souvent détecté trop tard, faute de moyens de diagnostic rapides et de systèmes d’alerte efficaces. » © Freepik

 

Emmanuel Thierry Koumba. © Photo personnelle

Introduction : un mal qui frappe sans prévenir

Chaque 29 octobre, la planète célèbre la Journée mondiale des accidents vasculaires cérébraux (AVC). Cette commémoration vise à alerter sur un fléau qui ne choisit ni âge, ni statut social, ni sexe. Le Gabon, à l’instar de nombreux pays, n’est pas épargné. Pire encore, les statistiques hospitalières et les témoignages de terrain laissent entrevoir une progression inquiétante des cas, aussi bien dans les grandes villes que dans les zones rurales où les structures de santé manquent cruellement d’équipements et de personnels formés à l’urgence neurologique.

Un fléau aux visages multiples

L’AVC est une urgence médicale qui survient lorsqu’une partie du cerveau n’est plus irriguée correctement, entraînant des séquelles irréversibles, voire la mort. Au Gabon, ce mal est souvent détecté trop tard, faute de moyens de diagnostic rapides et de systèmes d’alerte efficaces. Dans les hôpitaux publics, les patients sont confrontés à des ruptures de médicaments essentiels, à l’absence de plateaux techniques adaptés et à des coûts de rééducation prohibitifs.

Dans les zones rurales, la situation est encore plus dramatique : les victimes sont souvent transportées sur de longues distances, parfois dans des véhicules de fortune, faute d’ambulances et de routes praticables. Pendant ce temps, le temps neurologique — ces fameuses “trois premières heures” cruciales — s’écoule inexorablement.

Sensibiliser, oui… mais soigner surtout

Le paradoxe est criant : les campagnes de sensibilisation se multiplient jusqu’à cette année encore, souvent accompagnées de grands moyens médiatiques et financiers, alors que le véritable combat devrait se livrer dans les salles d’urgence et les services de neurologie.

La prévention reste certes primordiale — éviter le tabac, l’alcool, la sédentarité, le stress —, mais le pays a besoin d’une politique publique de santé plus opérationnelle, avec des structures capables d’accueillir, de traiter et d’accompagner dignement les victimes d’AVC.

Redonner sens à la promesse présidentielle

Le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a souvent affirmé sa volonté de redonner de la dignité à chaque Gabonaise et chaque Gabonais. Ce noble engagement doit aussi s’exprimer dans la santé publique, notamment face à des maladies non transmissibles comme l’AVC, qui risquent de dépasser le VIH/SIDA en termes de mortalité et de handicap dans les prochaines années.

Une réforme courageuse du système de santé, la gratuité partielle des traitements post-AVC et la mise en place de centres de rééducation régionaux pourraient incarner cette promesse de dignité retrouvée.

Conclusion : un combat national et humain

L’AVC n’est pas qu’une statistique médicale. C’est un drame familial, social et économique. Derrière chaque victime, il y a une mère, un père, un enfant, un collègue, un voisin. La Journée mondiale des AVC doit cesser d’être une simple date commémorative pour devenir un rendez-vous d’action et d’engagement.

Le Gabon a les moyens d’agir. Il lui faut désormais la volonté politique et l’audace d’investir dans la santé du peuple, car c’est là que commence la véritable souveraineté.

*Docteur Emmanuel Thierry Koumba, Enseignant à l’Université Omar Bongo et à EM-Gabon, Citoyen gabonais, Essayiste et Observateur de la vie publique

 

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Jean Jacques dit :

    Voilà une véritable MENACE, LEON MBA,LES 2 BONGO ,aient le plaisir et courage de de décider que les politiciens au Gabon doivent GAGNER LES HYPERS SALAIRES, OLIGUI fait la même chose, les hypers salaires pour les soi-disant ministres, présidents des institutions, députés, sénateurs, généraux, le reste de la population croupie dans la pauvreté, misère, chômage et investir dans la santé zéro. Les vrais dirigeants qui ont le seul objectif SERVIR SON PEUPLE, LES VRAIES RÉPUBLIQUES, LA SUÈDE, LA CHINE, CUBA, CE SONT LES PAYS LES POLITICIENS
    POLITICIENS SONT LA POUR SERVIR LE PEUPLE ET COMME AU GABON OÙ LES CRIMINELS CORROMPUS, VOLEURS POLITICIENS SE SERVENT AVEC LEURS FAMILLES, CE QUI EST SÛR MALGRÉ VOS LOGES,SECTES, MARABOUTS,LES MILLIARDS DANS VOS COMPTES,VOS POSTES,TITRE, PERSONNE N’EST À L’ABRI DE L’AVC.

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