La destruction de la mangrove entre l’arboretum Raponda Walker et le parc d’Akanda, réduit considérablement les potentialités écotouristiques de la commune d’Akanda. De même, elle impacte négativement le vécu des populations locales du Cap-Estérias. Conseiller des Affaires Etrangères et président de l’ONG ACDL, Paul Kopedina Itanguino tire la sonnette d’alarme et pose quatre sollicitation au gouvernement.

La destruction de la mangrove d’Idolo, un village situé dans la commune d’Akanda au nord de Libreville, fait disparaitre, au plan culturel, tout un mode de vie avec ses savoirs, savoir-faire et sa manière d’être. (Scène de pêche traditionnelle). © humangle.ng

 

Paul Kopedina Itanguino, ancien étudiant de l’ENA (Gabon et France), président de l’ONG ACDL (Actions Citoyennes pour le Développement Local) et conseiller des Affaires Etrangères. © D.R.

Créée en 2016, la journée internationale de la conservation de la mangrove  a été célébrée le 26 juillet dernier. Dans la Commune d’Akanda un désastre écologique est visible au niveau du littoral du Cap-Estérias.

Ce phénomène nous interpelle en notre double qualité de fils de la localité et de défenseurs de la Nature au sein de l’Organisation non gouvernementale (ONG) Actions Citoyennes pour le Développement Local (ACDL) dont l’une des missions est la préservation de l’Environnement.

Président de cette ONG, accompagné de quelques membres et d’autres ONG œuvrant dans le domaine environnemental à l’instar de Brandforest, grand a été notre désarroi de découvrir la destruction considérable de la mangrove au niveau de la pointe Idolo.

Ce saccage est d’autant plus notable sur la bande continentale jouxtant ledit littoral entre l’Arboretum Raponda Walker et le Parc d’Akanda, qu’il réduit de facto et considérablement les potentialités écotouristiques de la Commune d’Akanda. Pis, impacte négativement sur le vécu des populations locales du Cap-Estérias.

Au plan économique, la pêche artisanale, pourtant l’activité économique principale des riverains, devient moins attrayante à cause de la raréfaction des poissions, des coquillages de mer, des crabes et bien d’autres espèces halieutiques au bord de mer. Les pécheurs se voient contraints de parcourir de longues distances sur la côte.

Au plan culturel, c’est tout un mode de vie avec ses savoirs, savoir-faire et sa manière d’être qui est en train de disparaitre. La pêche à la canne des petits mérous aux rochers, systématiquement pratiquée par les jeunes et constituant une sorte d’initiation à la pêche à la ligne, n’existe presque plus. Et les piégeurs des crabes de terre se font rares parce que Idolo, terreau fertile de cette espèce ayant été sauvagement dévasté. Du coup, certains jeunes du Cap-Estérias s’adonnent à des vices comme l’alcoolisme, la prise de stupéfiants et le banditisme.

Au plan environnemental, nous constatons, pour le déplorer, la disparition au fil du temps de certaines espèces animales et végétales ; sans oublier l’érosion côtière qui a pour conséquence le changement du trait de côte. Il faut aussi craindre dans le futur des inondations et des vents violents qui occasionneraient des catastrophes inédites sur Akanda.

Toutes ces modifications négatives des écosystèmes économique, culturel et environnemental traditionnels des côtes du Cap-Estérias sont directement liées à la dégradation de la mangrove qui s’étend, de manière discontinue, de l’embouchure de la rivière dite Gabaga au Cap-Estérias au regroupement de villages du Cap Caravane, avec une concentration de peuplement de palétuviers autour de la pointe Idolo.

D’où des vives inquiétudes. Tant plusieurs études pluridisciplinaires démontrent que la mangrove est une zone de reproduction et de croissance de poissons et de crustacées, puis procure de la nourriture, en débris végétaux, à une multitude d’espèces marines. La mangrove est ainsi étroitement liée aux modes de production et de consommation en milieu côtier, et donc essentielle à la vie des populations du littoral. De plus, la mangrove constitue une barrière naturelle contre les intempéries marines (raz-de-marée, ouragans, érosions côtières…). En outre, la mangrove attenue les effets du Changement climatique en absorbant le carbone (rôle de biofiltre).

Au Gabon, ainsi qu’il le rappelait une fois de plus lors du Sommet de la COP 21, le Président Ali BONGO ONDIMBA s’évertue à faire de la préservation de l’Environnement son cheval de bataille. On peut donc, à juste titre, s’offusquer du désastre occasionné, sabotant ainsi la vision du chef de l’Etat en la matière. Surtout que dans le souci de la diversification de notre économie, le Tourisme est un levier stratégique, incontournable, inestimable et porteur d’espoir.

Aussi, devant la gravité de la destruction de la mangrove d’Idolo, sollicitons-nous du Gouvernement :

  • Une enquête dans la zone aux fins d’évaluer les dégâts et de situer les responsabilités ;
  • L’interdiction de mener toute activité ayant un impact environnemental négatif sur la mangrove ;
  • Un étude sur les causes de la destruction de la mangrove sur ce site et les moyens de la restaurer ;
  • La création d’une aire protégée dans la zone littorale comprise entre l’embouchure de la rivière Gabaga et la limite du Parc d’Akanda, soit sous forme de Réserve naturelle intégrale, ou de Sanctuaire d’espèces animales et végétales, soit sous forme de Reserve de Biosphère.

Autant de mesures propices à même de préserver l’équilibre Ecologie- Economie-Cultures Locales dans la Commune d’Akanda.

Paul KOPEDINA ITANGUINO

Président de l’ONG ACDL (Actions Citoyennes pour le Développement Local)

Conseiller des Affaires Etrangères formé aux Ecoles Nationales d’Administration du Gabon et de France (ENA) puis à l’Académie Marocaine des Etudes Diplomatique (AMED)

Expert en Gestion Administrative, Management Public, Diplomatie, Management des OBNL, Certifié en Droit de la Mer

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GR
 

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