Suite à l’article d’Olivier Ona intitulé «Like Facebook gabonais. Entre incohérences et mythomanie», publié le 21 mai sur Gabonreview, Barack Nyare Mba, jeune passionné des médias sociaux, lauréat en 2014 du concours RFI-Mondoblog, estime qu’il est important en tant qu’acteur du secteur d’y apporter son point de vue afin de partager un autre regard sur la question.

© Gabonreview/Shutterstock

 

Barack Nyare Mba, passionné des médias sociaux, lauréat en 2014 du concours RFI-Mondoblog. Diplômé d’un Master II en Audit et contrôle de gestion, il refuse d’exercer dans ce domaine pour se consacrer uniquement aux médias sociaux. Community Manager dans un premier temps, Digital Manager aujourd’hui, il anime régulièrement des ateliers, des formations et continue d’écrire sur son blog https://espritafricain.mondoblog.org/ © D.R.

Il est très bien d’avoir contextualisé le sujet au Gabon car en le faisant nous avons aussi les réponses à cette problématique. Les réalités d’ailleurs ne sont pas celles du Gabon. Tout d’abord quand Olivier Ona parle « d’engagement » dans son article il s’agit en réalité de « conversion » c’est-à-dire faire en sorte qu’un fan qui like une publication devienne un client et cela se matérialise fatalement par un acte d’achat.

L’acte d’achat, c’est en cela que repose en réalité toute la question. Comment le mesurer s’il ne se fait pas en ligne ? Comment savoir que tel client a acheté ou payé un produit ou service parce qu’il l’a vu sur les réseaux sociaux ? Pour les entreprises qui sont dans la vente en ligne, ces indicateurs sont facilement mesurables, on peut savoir de quels réseaux sociaux viennent les clients, leur moyenne d’âge, de quels pays viennent-ils, à quelles fréquences viennent-ils, etc. le tout mesurable avec des outils comme Google Analytics. Par contre pour les entreprises qui ne sont pas dans la vente en ligne la question est plus complexe car l’outil de mesure de ces indicateurs n’existe pas si ce n’est un questionnaire sur place en magasin par exemple.

Le like au Gabon est d’abord une question de notoriété et de visibilité, de ceux-ci découle la vente, potentiellement. La plupart des entreprises au Gabon ne compte pas sur Facebook et ses likes pour vendre leur produits ou services, par contre ce réseau social augmente leur base clientèle et prospects en y étant visible et en améliorant leur notoriété.

Il est très important de comprendre que le modèle économique de certaines entreprises locales rend parfois difficile l’impact des likes sur les ventes à cause du circuit de vente des produits ou service proposés sur les réseaux sociaux notamment. Dans la très grande majorité des cas au Gabon, les internautes prennent l’information des produits et services sur les réseaux sociaux (online) puis se rendent sur place en magasin pour les acheter (offline). Rares sont ces entreprises qui font la vente en ligne donc le online. De ce point de vue on comprend aisément que pour la plupart des entreprises au Gabon, la visibilité et dans une certaine mesure la notoriété restent les objectifs principaux sur les réseaux sociaux. De ce fait les likes ne sont pour les entreprises qui sont majoritairement dans le offline, que expression d’un potentiel acte d’achat à venir. Avouons-le, c’est un excellent indicateur.

Prenons le cas d’un Prêt-à-porter qui publie régulièrement ses articles sur sa page Facebook. Dans son cas les likes expriment l’intérêt des fans pour les articles publiés. Je prends l’exemple du Prêt-à-porter « Vente Flash » qui a connu un boom de ses ventes grâce à Facebook, d’ailleurs moi-même j’y suis allé pour acheter un article. Quel avait été le circuit ? J’ai aimé la publication puis je me suis rendu à l’un de leur magasin situé au carrefour Gigi pour acheter l’article. En discutant avec la gérante sur place, elle me dit que la plupart de ses clients ont eu l’information des articles qu’ils achètent sur Facebook. De même pour plusieurs PME que j’ai visitées et qui m’ont donné la même information

J’ai bien noté quand Olivier Ona disait que : «ce n’est pas parce que vous avez 100.000 likes sur votre publication que vous aurez 100.000 clients qui achèteront votre produit ». Effectivement c’est vrai mais cette affirmation est autant valable sur les réseaux sociaux que dans les magasins. Ce n’est pas parce que vous aurez 1000 personnes qui viendront dans votre magasin que vous aurez aussi 1000 ventes. Les Likes sur Facebook sont comme des clients ou prospects dans votre magasin qui regardent vos articles, certains apprécieront et achèteront d’autres se limiteront seulement à l’appréciation. Ces derniers achèteront peut-être prochainement.

Pour finir, je crois que nous ne devons pas minimiser le pouvoir des likes sur l’influence qu’ils ont sur l’acte d’achat, ce n’est ni une mythomanie ni une incohérence. Il est vrai que pour certaines entreprises cela ne marche pas pour plusieurs raisons comme une mauvaise stratégie, la faible bancarisation locale, le circuit de vente. Toutefois sachons que les likes témoignent tout de même une volonté d’achat même si cela est souvent freinée par les raisons que je viens de citer.

Barack Nyare Mba, Digital Manager, blogueur

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Je viens de lire cet article, je pense que l’approche n’est pas si mauvaise en soi, celle de mettre en évidence les enjeux des likes dans une campagne marketing sur les R.S. Par contre, il y’a une partie de l’article qui a attiré mon attention, je cite : « Tout d’abord quand Olivier Ona parle « d’engagement » dans son article il s’agit en réalité de « conversion » c’est-à-dire faire en sorte qu’un fan qui like une publication devienne un client et cela se matérialise fatalement par un acte d’achat. »

    Selon Barack Nyare Mba, la conversion se limiterait-elle à l’acte d’achat ? Sinon, ne devrait-on pas la considérer comme un point de chute de l’objectif final (qui peut ne pas forcement être un acte d’achat, mais une inscription par exemple à un événement, etc) recherché par l’entreprise faisant recours aux R.S ?

    Aussi, je pense que la véritable problématique devrait reposer sur la stratégie mise en oeuvre. Les Likes tout comme la Conversion prennent tout leur sens que s’il y’a une stratégie préalablement définie.
    J’ai parcouru l’article de Olivier Ona, je comprend parfaitement son approche, et il n’a pas tort non plus, mais mon analyse sur la question est que le véritable problème de l’inefficacité de nos actions digitales au Gabon c’est le manque de stratégie cohérente (interrelation entre la visibilité, l’engagement et la conversion, sinon au plus la recommandation), reposant sur des KPI’s pertinents.

    Aussi, comme l’a dit Olivier Ona, à quoi cela sert-il d’investir sur les R.S si ce n’est pas pour générer un véritable R.O.I (qui je précise ne se résume pas forcément aux aspects financiers) ? Je pense que le Like est important dans une stratégie (parce qu’il constitue un des KPI’s d’Engagement, même s’il n’est pas le plus pertinent à mon avis devant le commentaire ou le partage), mais il ne devrait pas constituer le point de chute final de notre stratégie, sinon cela devient de la mythomanie 😅.

  2. Pascal ANGO dit :

    Les KPI essentiels en fonction de vos objectifs

    Notoriété
    Si vous souhaitez augmenter la notoriété de votre marque ou de votre offre grâce aux réseaux sociaux, vous devez surveiller
    • les mentions et hashtags vous concernant
    • les impressions (ou vues) de vos publications
    • le reach/portée
    • le trafic de votre site/blog en provenance des réseaux sociaux.

    Acquisition
    Si votre objectif est d’accroître votre communauté sur les réseaux sociaux, il faut étudier :
    • l’évolution de votre communauté en suivant le nombre de fans/abonnés/followers
    • la croissance de votre communauté en calculant les taux de croissance des abonnés pour chaque réseau social
    • la part de votre communauté pour chaque réseau social par rapport à votre communauté totale (faites le même calcul avec les chiffres de vos concurrents pour faire la comparaison)
    • le trafic de votre site/blog en provenance des réseaux sociaux.
    Interaction et engagement
    Pour générer plus d’interactions, d’engagements et trouver les ambassadeurs de votre marque, il faut analyser :
    • le nombre d’interactions (like, partage, commentaire, favoris, retweet)
    • la progression des interactions avec un taux de croissance
    • la performance des posts publiés avec le taux d’engagement de chaque publication
    • les hashtags vous concernant (nombre et croissance)
    • la part des influenceurs/ambassadeurs par rapport à votre audience cible
    • le score d’influence sociale de votre communauté.

    Satisfaction
    Si vous souhaitez améliorer votre image et la satisfaction client vis-à-vis de votre marque par exemple, vous pouvez étudier :
    • les sentiments qui se dégagent des commentaires publiés par vos abonnés
    • les mentions et hashtags
    • les favoris pour Twitter
    • Les « J’aime »/ »Je n’aime pas » de YouTube
    • la perte d’abonnés.

    Conversion
    Pour mesurer la conversion générée grâce à vos réseaux sociaux, vous pouvez analyser :
    • le taux de conversion (Facebook Insights propose par exemple ce taux qui mesure la capacité de vos fans à générer des conversions sur votre site)
    • le nombre de clics de lien
    • le nombre de leads provenant de vos réseaux sociaux.

    Concernant ce dernier objectif, tout dépend en fait de l’action recherchée. Est-ce pour générer du trafic sur votre site, faire remplir un formulaire, télécharger un fichier, réaliser des ventes, etc. ?

  3. […] en tant que Digital Manager. Cette réponse a également été publiée sur le site gabonreview (Lire ici). C’est cette article que je publie ici sur mon blog pour que vous le […]

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