Visiblement désappointée, exaspérée mais aussi échaudée par l’évasion du CHU de Libreville, le 17 avril dernier, d’un patient du coronavirus et par l’audio viral d’un pasteur dénonçant les carences du dispositif sanitaire quant à la mort de Paulin Bitouga, un célèbre enseignant gabonais, Flavienne Adiahenot, cadre de l’Union nationale, pousse un cri de colère. Elle fustige, à travers cette tribune libre, la gestion du gouvernement «et son Copil» de la crise du Covid-19 au Gabon. «Non, vous n’êtes pas prêts et ne le serez jamais», clame cette jeune Gabonaise du XXIème siècle. 

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Flavienne Adiahenot – Cadre de l’Union Nationale (4e arrondissement de Libreville). © D.R.

NON vous n’êtes pas prêts et n’avez jamais été prêts. Votre administration non plus. Vous ne pouvez l’être parce que vous n’êtes ni patriotes ni entourés de patriotes. Je le dis mais suis pas la seule à le dire. Ce sont d’abord les faits qui parlent d’eux-mêmes, qui vous crient votre incompétence tant vous ne réussissez qu’à provoquer désordre et souffrance. Si vous étiez prêts, vous communiqueriez de manière transparente et, les faits parleraient pour vous et non contre vous.

L’état d’urgence sanitaire aurait été l’occasion de montrer que le Gabon, mon pays, dispose d’«hôpitaux de dernière génération, équipés avec un personnel disposant de tous les moyens matériels, les protections impératives et le traitement approprié à la prise en charge des malades du Covid 19.» Combien de masques et équipements de protection ont été livrés ? Quelle structure hospitalière les a réceptionnés et quand ? Que reste-t-il de disponible à ce jour ? Quand la prochaine livraison est-elle prévue ? Combien de respirateurs fonctionnels sont disponibles au Gabon en général et dans le grand Libreville en particulier ? Combien de sites de dépistage sont opérationnels et où sont-ils situés ? Combien de personnels et de personnes testés à ce jour ? La suite ?

Votre Copil à ce jour ne communique que sur le nombre de contaminations, forcément différent du nombre de contaminés. Sa méthode de décompte des victimes ne rassure pas mais flaire bon l’escroquerie intellectuelle. Malgré la contagiosité de cette maladie, le taux de létalité demeure le facteur le plus important. Sur ce point, le Copil ne communique jamais. Annoncer des cas de contaminations ne veut rien dire d’autre que nous sommes face à une maladie contagieuse. Et cela, nous le savions déjà.  Personne n’a attendu le Copil pour savoir que le covid-19 est contagieux. Ce qui est important c’est le taux de létalité, c’est-à-dire le nombre de morts parmi les personnes infectées. Quel est donc le taux de létalité du Covid-19 au Gabon et pas seulement dans les hôpitaux ?

Je suis malgré moi contrainte de douter de la capacité du Copil à nous communiquer le taux de létalité. J’en doute parce que l’amateurisme dont cette structure fait montre est sidérante. Il n’est pas normal, avec le recul que le monde a sur cette infection et du fait des succès obtenues ailleurs (Chine, Corée du Sud, Marseille,…), que des patients diagnostiqués très tôt et hospitalisés puissent succomber à cette maladie. Le non traitement d’un malade diagnostiqué et qui plus est dans une structure hospitalière est une non-assistance à personne en danger et aussi une mise en danger de la vie d’autrui pour le personnel en contact avec eux.  Pourquoi les asymptomatiques qui sont donc contaminés ne sont pas traités alors que cela permettrait de réduire la charge virale et éviter des complications ? Quel est le traitement que vous appliquez aux malades du Covid 19 ? Combien de patients peuvent être pris en charge en même temps ?

En réalité, tout se passe comme si, à travers leurs multiples annonces, le gouvernement et son Copil ne cherchaient qu’une chose : créer une psychose et une panique au sein de la population. Dans quel but sinon celui de justifier le déploiement de forces de « défense et de sécurité » et un quadrillage de la ville ? Au fait, ces éléments des forces de sécurité ont-ils tous été testés ? Sont-ils naturellement résistants au virus ou immunisés ? Pourquoi ne sont-ils pas tous équipés de masques, de gants dans leurs opérations de contrôle ? Pourquoi ne respectent-ils pas la distanciation obligatoire ?

NON, vous n’êtes pas prêts et ne le serez jamais.

Quel bilan tirez-vous du confinement et de l’arrêt de l’activité économique ? Avec le recul et en toute sincérité, diriez-vous que ces mesures étaient opportunes ou pertinentes ?  Il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ni pire sourd que celui qui ne veut entendre. Vous voulez lutter contre le covid-19 ? TESTEZ, DIAGNOSTIQUEZ, TRAITEZ et COMMUNIQUEZ.

Les gestes barrières, le port du masque sont impératifs. Mais le masque doit permettre la respiration. Le même masque ne doit pas être utilisé à l’infini ou passé de personne en personne. Or, on le sait, l’obligation de porter le masque va favoriser leur réutilisation sans limites ainsi que le partage entre proches. Pour quel dessein ? A toutes ces questions, votre réponse reste la même : l’usage de la force et le déploiement des forces de sécurité…. Les forces de sécurité, élément majeur du traitement d’une crise sanitaire ? Comment s’étonner ensuite de la défiance des populations. Pourquoi permettre d’infliger aux gens des traitements humiliants et dégradants ? Leur avez-vous distribué ces masques que vous leur exigez ?

NON vous n’êtes pas prêts et ne le serez jamais.

Si vous aimiez ce pays, vous auriez su ce qu’il vous reste à faire : DÉMISSIONNER. Vous n’êtes prêts ni à gouverner ni à construire ce pays. Par contre, le peuple gabonais, lui, est prêt à entériner votre démission. N’enfoncez pas davantage le pays. Vous ne pouvez réussir. « Enough is enough » ! Ça vous dit quelque chose ? Sans doute. Si vous avez compris, vous savez ce qu’il vous reste à faire… pour vous-mêmes et pour le bien du Gabon.

Flavienne ADIAHENOT – Cadre de l’Union Nationale (4e arrondissement de Libreville)

 
GR
 

5 Commentaires

  1. diogene dit :

    A quoi servent les incantations ?

  2. FINE BOUCHE dit :

    l’éternelle liste des incapacités du gouvernement et de ce système.
    Aurons nous la force un jour à être dans l’action et non la réaction épidermique. Nous nous plaignons de système de santé depuis tellement de temps. Que même si demain il y avait un autre phénomène mondial qui nous amène encore un peu plus loin dans un sentiment de fin du monde, que ferions nous si ce n’est d’être des loups les uns envers les autres. Nous n’avons pas assez de ressources humaines éduquées avec une notion d’altruisme envers son prochain, pour résister à ce qui va nous arriver. Le système gabonais à une vaine de cocu, tout ce qui arrive de tragique dans ce pays ne l’a jamais déboulonné. Sous d’autre cieux, on coupe la tête (Louis XVI), sous nos lattitudes on torture et on coupe les oreilles(S.DOE)……PDG luitoujours oyé. Comment pouvons changé ce système de santé, moi je ne le sais pas. Juste une petite idée, comme énoncé dans précédent commentaires. Des médecins charitables qui accepteraient de faires qq consultations par moi gratuites dans un établissement qui accepteraient de leur céder de l’espace et espérer que d’autres embôitent le pas et ainsi montrer l’exemple. Oups je rêvais tout haut. Sorry

  3. FINE BOUCHE dit :

    Difficile de croire que nous avons la chance d’être si peu nombreux, mais que nous n’avons pas cet élan cette capacité à mettre en avant le meilleur de nous même. Que doit il se passer dans certains foyer, dans des familles, une guerre de division chacun cherche sa vie dehors. Pas de leader, pas de vie communautaire. Un véritable naufrage des valeurs. Pour ceux qui ont de l’argent ils pourront peut-être fuir s’exiler en espérant ne pas tomber sur la populace qui a fait taire et passer à trépas Monsieur P. Eyeghe accusé tort. Dieu est grand certes en m’en point douter. Mais la devise aide toi et le ciel d’aidera correspond plus a notre réalité terrestre.

  4. .MENGUE BIBANG dit :

    Excellente tribune. Chapeau et respects à l’auteure. En effet, il n’y a plus aveugle que celui qui refuse voir, pas plus sourd que celui qui refuse d’entendre. Plutôt la démission sera déposée, mieux le peuple gabonais désabusé se portera.
    Alors un peu de courage, DÉMISSIONNEZ !

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