Partant de la faiblesse des entités gouvernementales à livrer les projets et reformes dans les délais ; constat particulièrement vrai au Gabon qui présente de nombreuses limites dans ce domaine, le président de Imagine -Gabon Think-Tank, Léandre Emmanuel Bouloubou, propose aux nouvelles autorités, la création d’une Delivery Unit (DU) au sein à la présidence de la République. Cette structure sera centrée sur les besoins spécifiques, combinant l’analyse stratégique et l’appui à la mise en œuvre opérationnelle des projets et des reformes prioritaires.

La DU du Gabon doit se concentrer sur un nombre limité des priorités et éviter les sollicitations parallèles (Illustration). © D.R.

 

Léandre E. Bouloubou, président de Imagine -Gabon Think-Tank. © D.R.

À l’occasion de son adresse à la Nation du 31 décembre 2023, le président de la Transition, président de la République, Chef de l’État, S.E. le général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema a fait de grandes annonces visant la modernisation et la transformation rapide de notre pays.

 Ainsi, a-t-il annoncé des projets de grande envergure, notamment : (i) la construction d’une ville éblouissante et fière (Libreville II) ; (ii) la construction d’un nouvel aéroport à Andem ; (iii) la création d’une nouvelle compagnie aérienne ; (iv) le lancement d’un vaste programme de construction des logements sociaux, etc.

Par le principe de la continuité de l’État, à ces projets inscrits dans l’agenda du président de la Transition s’ajoutent des projets en cours figurant dans le Plan d’accélération de la transition (PAT 2021-2023) élaboré sous l’ancien régime et dont la pertinence pour le développement du pays reste d’actualité. 

Il s’agit particulièrement dans le pivot économique du PAT de la Zone d’investissement spéciale (ZIS) d’Ikolo à Lambaréné (forêt-bois), industrialisation de la filière thonière (pêche) ; dans le pivot transverse des projets d’infrastructures tels que la Transgabonaise (routes), Kinguélé Aval (énergie), PIAEPAL (Eau), Gabon digital (NTIC) et dans le pivot social du Pise (éducation), opérationnalisation des départements sanitaires (santé) ou du Fonds 4 de la CNAMGS (affaires sociales).

Si l’on ajoute à ce portefeuille, les nouveaux projets d’investissement prévus dans la Loi de finances initiale (LFI) 2024, les nouvelles autorités devront mettre en œuvre entre 300 et 400 projets. Ce qui représente un défi majeur compte tenu des contraintes liées à la capacité d’absorption du pays et des faiblesses de l’Administration à livrer des projets. 

En effet, le principal enjeu pour tous les gouvernements, particulièrement en Afrique au Sud-Sahara, est la faiblesse des entités gouvernementales dans leurs capacités à livrer des projets et reformes prioritaires. 

Ce constat est particulièrement vrai pour notre pays le Gabon qui présente de nombreuses limites dans ce domaine. Tous secteurs confondus, le taux d’exécution des projets ou des reformes est très faible. Dans la plupart des revues de programmes cofinancés, le portefeuille des projets est en moyenne peu performant par rapport aux pays comparables. Quant aux projets financés sur ressources propres, on note un taux de déperdition élevé. Et lorsque les projets sont livrés, la qualité des travaux est sujette à caution ou les délais de livraison sont souvent largement dépassés. 

Fort de cette réalité qui s’explique par la défaillance des mécanismes classiques de suivi des projets dans les entités gouvernementales, de nombreux pays à travers le Monde se sont inspirés du concept de «Delivery Unit» conçu par l’ancien Premier ministre britannique, Tony Blair. 

Ainsi, en Afrique, de nombreux pays (Kenya, Ethiopie, Botswana, Afrique du Sud, Ghana, Côte-d’Ivoire, Tanzanie, Rwanda, Sénégal, Togo, Nigeria, Maroc, etc.) ont mis en place des Unités de gestion des projets ou Delivery Units (DU), soit au sein de la présidence de la République ou la Primature (DU centrale), soit dans les départements ministériels (DU sectorielles).

Les «Delivery Units» sont des unités administratives d’expertise chargées de faire aboutir rapidement des projets et des réformes prioritaires et donc d’améliorer l’efficacité et l’efficience de l’action publique. 

À ce sujet, l’ancien Premier ministre britannique déclarait dans le journal le Monde du 12 mai 2017 : «j’ai constaté que le plus difficile quand on gouverne est de «traduire» les reformes dans les faits. L’Administration est très douée pour gérer le statu quo, nettement moins pour le modifier. J’ai découvert qu’il était essentiel d’établir des priorités et de créer des structures spécialement chargées de mettre en œuvre les réformes, avec des équipes formées dans ce seul but». 

Les DU ont également pour ambition de décloisonner les rapports entre les entités publiques à l’intérieur d’un même département ministériel, avec d’autres départements ministériels ou le secteur privé, pour créer des synergies, apprendre des autres et diffuser la culture du résultat. 

En effet, comme le rappelait la Banque mondiale dans un rapport paru en 2017 et intitulé améliorer les fonctions du gouvernement pour appuyer l’émergence en Afrique : «même les initiatives qui relèvent principalement d’un seul ministère dépendent de la coopération avec d’autres entités gouvernementales pour leur réalisation». 

C’est pourquoi, Imagine-Gabon Think Tank propose aux nouvelles autorités, la création d’une Delivery Unit (DU) au sein à la présidence de la République centrée sur les besoins spécifiques, combinant l’analyse stratégique et l’appui à la mise en œuvre opérationnelle des projets et des reformes prioritaires. 

L’ancrage institutionnel de la DU à la présidence de la République est le modèle le plus répandu dans le monde. En effet, la volonté politique, un leadership affirmé et un suivi régulier (hebdomadaire ou mensuel) du président de la République des activités de la DU conduisent à de meilleurs résultats. 

La DU du Gabon pourrait être dénommée : Cellule présidentielle de suivi des projets prioritaires (CPSPP). Elle sera chargée d’assurer le suivi des projets et réformes phares du président de la République, d’évaluer périodiquement leur état d’avancement, d’apporter un appui technique aux structures d’exécution et de soumettre au président de la République des propositions de décisions.

La DU doit être le moteur de la transformation et du changement de paradigme et de la mise en œuvre des priorités des pouvoirs publics. La DU ne peut pas tout faire et s’inonder des projets. Elle doit être concentrée sur un nombre limité de priorités, impacter positivement l’Administration et marquer véritablement la différence en matière de prestations de services publics.  

Au Sénégal, le portefeuille des projets dont le Bureau opérationnel de suivi du Plan Sénégal émergent (BOS-PSE) assure le suivi de la mise en œuvre de 27 projets et 17 reformes phares. 

Au Togo, la Cellule présidentielle d’exécution et de suivi des projets (CPES) est chargée du suivi de l’exécution de 36 projets prioritaires et 6 réformes structurelles repartis sur trois axes stratégiques de la Feuille de Route Togo (2020-2025). 

De la même façon, la DU du Gabon doit se concentrer sur un nombre limité des priorités et éviter les sollicitations parallèles (distraction). La méthodologie de sélection des projets et réformes prioritaires utilisée par les DU est celle de 80/20 (ou loi de Pareto) selon laquelle 20% des projets ayant 80% d’impact sont retenus dans le portefeuille. 

Généralement, des modèles d’équilibre général calculable (EGC) aident les DU à sélectionner les projets prioritaires sur la base des analyses d’impact socio-économiques.

En définitive, les pays qui ont réalisé des progrès décisifs, voire spectaculaires au cours de deux (2) dernières décennies en Afrique (Sénégal, Togo, Tanzanie, Botswana, Côte d’Ivoire, Ghana, Kenya, etc.) se sont appuyés sur les DU pour accélérer leur développement. 

Le Gabon n’est pas totalement en marge de cette dynamique. Des instruments de même nature ont été mis en place par le passé (Bureau de Coordination du PSGE ou Conseil National du PAT). Ces entités disposant d’un staff à l’expertise avérée et des outils de pilotage éprouvés, n’ont pas totalement échoué. Il importe pour le CTRI d’en tirer le meilleur parti, de capitaliser sur ces expériences et d’adapter ces instruments à la nouvelle vision du pays.   

Honneur et fidélité à la Patrie !

Par Léandre E. Bouloubou, président de Imagine-Gabon Think-Tank.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Paul Mikouma dit :

    Les mêmes qui ont animé les PAT, PSGE et autre sous Ali Bongo, 14 ans durant reviennent avec les mêmes propositions pour se positionner et assurer leur mangement…

    On vous voit clair…

  2. Gayo dit :

    C’est du n’importe quoi. C’est ce qu’avait fait Ali Bongo, nommer un gouvernement qui ne gouverne pas et tout gérer depuis son cabinet qui devient un gouvernement bis. On a vu le resultat: explosion de la corruption et des résultats plus médiocre. Si on est pas capable de s’entourer de bonnes personnes au gouvernement on ne le sera pas avec un gouvernement bis au cabinet du président. Chaque ministère, et chaque administration doit avoir des hommes compétents et chacun prend ses responsabilité. Qu’Oligui ne fasse surtout pas cette hérésie.

  3. Gayo dit :

    Voila, toujours les pedegistes avec ce genre d’idée. En plus il veut nous dire qu’il y a eu réussite avec le PSGE et le PAT. Le consultant veut remettre sur les rails les pratiques d’Ali Bongo qui ont permis plusieurs de s’enrichir avec des marchés de grés à grés donnés aux coquins, copains et militants du PDG par le gouvernement bis que constituait le cabinet d’Ali Bongo.

  4. Mezzah dit :

    Une bande d’escrocs qui veulent encore détourner l’argent du GABON.

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