Enseignant de français des lycées et collèges, Éloge Sienga Mouketou, dresse dans la tribune ci-après un portrait peu élogieux de l’état actuel du pays, notamment dans le secteur éducatif. Il ne manque pas d’y apporter sa «modeste contribution pour la patrie à l’heure où le pays tente de bâtir un socle fort, un fondement solide pour sa restauration». Il y livre sa part de «vérité»  pour aider le CTRI, non sans égratigner au passage les agents de l’administration publique et la classe politique qui jouirait beaucoup trop des largesses financières du Trésor.

« Pour être nommé Proviseur, il faut avoir été Censeur pédagogique préalablement ». © D.R.

 

En regardant le paysage politique, un constat glacial émerge. En effet, les partis politiques aussi bien de l’opposition que de la majorité sont des sangsues, car ils ne vivent pas des cotisations de leurs militants, de leurs adhérents et sympathisants, mais plutôt des subventions allouées par l’Etat. Ces sorties d’argent à la veille de chaque processus électoral constituent un infernal cancer budgétivore pour le Trésor public.

Aussi, avons-nous remarqué avec amertume que chaque année, plusieurs partis politiques naissent, des organisations politiques pullulent et polluent la capitale gabonaise, tant sous la bannière d’Indépendant que des partis politiques circonstanciels qui ne disposent ni de siège, ni de représentants. Ces organes politiques ne sont que des consortiums parentaux, avec surtout des hommes politiques cupides qui se manifestent seulement pour avoir une vue médiatique qui leur permettrait d’aller souper avec le pouvoir.

Mais la grande désolation indigeste reste l’incapacité pour beaucoup de ses organisations et hommes politiques d’obtenir ne serait-ce qu’un seul élu après plusieurs quinquennats, septennats ou décennies suivant leur existence. Ce qui nous convainc nettement que ces partis politiques sont des clubs familiaux ou des associations amicales et fraternelles à but d’enrichissement et de positionnement pour la mangeoire, c’est-à-dire le partage des postes. D’ailleurs, ils n’ont aucune représentativité à l’échelle nationale tant au parlement que dans les collectivités locales et départementales. Ils n’ont d’existence réelle que par de nombreux points de presse où ils chantent les louanges de celui qui a les manettes du pouvoir.

Fort de ce constat alarmant et eu égard aux attentes des populations, il serait louable de dissoudre ces différents partis politiques pour ne laisser émerger que quatre grands courants ou tendances à savoir :

  1- Une tendance souverainiste et conservatrice qui aura pour mission, la défense de l’indépendance véritable de l’Etat et de l’ancrage de celui-ci dans nos valeurs cardinales (Us et Coutumes/ tradition). Ce courant visera la préservation de notre identité et luttera pour la sauvegarde de notre patrimoine (richesse culturelle, richesse de la biodiversité : flore, minière, pétrolifère, etc.). Sauvegarde de notre écologie.

  2- Une tendance socialiste et communiste qui se veut défenseur de l’action sociale du peuple et du partage du bien public en commun avec équité et justice. Ce mouvement mettra l’accent sur le bien-être, le bonheur du peuple en veillant sur une meilleure redistribution des ressources de notre revenu commun. 

   3- Une tendance démocratique qui se voudra chantre de la protection et de la sauvegarde institutionnelle et de la démocratie universelle. Cette tendance veillera à la vulgarisation de la diplomatie et de la coopération gagnant-gagnant. Elle sera l’avocate qui protégera la loi et les institutions de la République.

   4- Une tendance progressiste qui prônera le développement et l’industrialisation tous azimuts du pays.

Il faut verrouiller ces tendances pour que les hommes politiques ne papillonnent pas d’un courant à l’autre à la recherche du confort du ventre. Nous ne voulons plus assister à ce spectacle éhonté où les hommes politiques indignes deviennent des girouettes sans fierté. Des irresponsables sans scrupules, mais attirés par un appétit vorace pour l’argent.

De cette façon, nous n’aurons plus la panoplie des candidats aux élections présidentielles, mais simplement quatre. Dans chaque parti, il y aura les primaires qui permettraient de ressortir le candidat qui portera le projet du parti (tendance ) pour le pays. Pour les élections législatives, chaque tendance investira des candidats dans toutes les circonscriptions électorales. De même aux élections locales (municipalités et départementales). Les élus seront les représentants du peuple au parlement et aux collectivités locales. Le premier ministre sortira de la tendance qui aura obtenir le plus d’élus au parlement.

La Constitution et l’administration publique

Si je puis me prononcer sur la Constitution, je propose de verrouiller les fonctions où on traite les dossiers sensibles notamment les secrets d’Etat. En effet, tout Gabonais aspirant aux fonctions de Président de la République, Présidents d’institutions, Secrétaires généraux des ministères, Directeurs généraux, et autres n’aient pas d’enfants adoptés.

Sur le volet de la révision d’une quelconque disposition légale, il faudra qu’elle soit faite par voie référendaire. 

Pour ce qui est de l’administration, il faut surtout la dépolitiser. En effet, les nominations dans l’administration ne doivent plus être l’émanation de l’appartenance politique, ethnique, relationnelle et du parrainage. On doit se fonder sur le mérite pour nommer les gabonais dans l’administration. On doit, à tout prix, proscrire le marchandage des services. On ne doit pas demander des pourboires aux usagers pour un service pour lequel l’Etat gabonais te rémunère chaque fin du mois. On doit, par contre, cultiver la courtoisie, la bienveillance et l’accueil chaleureux comme règle d’Or et qualité la mieux partagée du service public.

Aussi, les lenteurs administratives doivent être bannies. Que le suivi des carrières se déroule normalement en évitant au maximum le type de blocage comme celui qui a pénalisé beaucoup des travailleurs du secteur public. Notamment le gèle de tout.

– Que le recrutement après Prise de service soit effectif, 

– Que les intégrations après le stage probatoire sans notification de la fonction publique conduisent directement à la titularisation, 

– Que les avancements automatiques soient effectifs et non pas une vue de l’esprit, 

– Que les rappels de soldes soient payés.

Un autre constat est fait sur les missions des agents. Il est à noter que dans la plupart des départements ministériels, après l’exécution d’une mission, les fonds alloués sont débloqués et payés aux agents ayant effectué la mission dès la fin de celle-ci, par contre, au ministère de l’Education nationale et au ministère DE l’Enseignement supérieur, les agents font la seule mission qui existe dans ces départements ministériels (les examens : CEPE / BEPC / BAC / Partiels au supérieur) sans être aussitôt payés. Il faut toujours attendre après un an, cela intervient parfois à la suite d’une grève. 

Or, si le budget est pris en compte par la loi de finances, donc l’argent est disponible pour payer aussitôt après service rendu, donc dès la fin desdits examens. Prière d’y penser et de valoriser les vacations des corrections. Car les enseignants qui corrigent et interrogent sont payés en monnaie de singe. 

Aussi, une part belle est faite à plusieurs personnes qui viennent de diverses administrations dans les secrétariats au détriment des enseignants eux-mêmes. Ceux qui ont les primes de fonction liées à leur détachement donc les agents de différentes directions occupent les places des enseignants qui sont en situation de classe.

Éloge Sienga Mouketou. © Image personnelle

A l’école

Sur un tout autre plan. Nous constatons également que lors des examens, tous les enseignants ne sont pas convoqués. Or, si les enseignants du primaire se contentaient de leur examen (CEPE) en répartissant les uns dans les secrétariats, les autres dans la correction et d’autres encore à la surveillance. Les conseillers pédagogiques du primaire et les inspecteurs du primaire peuvent être présidents de centres.

De même au secondaire, le BEPC doit être corrigé par les enseignants de collèges prioritairement, le secrétariat composé par les enseignants de collèges prioritairement et les surveillants, on prend les autres qui n’ont pas eu les convocations pour la correction ou le secrétariat. Les conseillers pédagogiques peuvent être présidents de centres et certains enseignants du lycée peuvent être harmonisateurs.

Au BAC, on convoque les enseignants de lycées dans les différents secrétariats, à la correction et à la surveillance et quelques-uns à l’harmonisation. Les inspecteurs et conseillers pédagogiques à l’harmonisation et comme Présidents de Centres. Les enseignants du supérieur viennent comme Présidents de jurys pour la caution scientifique et non plus comme correcteurs ou harmonisateurs pour prendre les places des enseignants de lycées qui encadrent les candidats pour ne pas recevoir une convocation à la fin parce que prise par un enseignant du supérieur ou du primaire. 

Or, le supérieur en organisant ses partiels ne fait nullement la part belle aux enseignants du secondaire pour ne serait-ce que surveiller. Il ne convoque jamais les enseignants du secondaire. Les enseignants du secondaire sont brimés vu qu’ils voient leurs collègues du primaire et du supérieur venir occuper certaines de leurs places. Cela aboutit au fait que tous ne sont pas finalement convoqués.

De cette façon, tous les enseignants bénéficieront du seul avantage de notre département ministériel et chacun sera à sa place.

En ce qui concerne l’administration scolaire, il est crucial et impérieux de redonner aux chefs d’établissements la possibilité de gérer les budgets alloués à leurs établissements pour les besoins de fonctionnement notamment dans le recrutement des enseignants vacataires dans les matières exprimant le  besoin et dans le maintien de la propriété de l’établissement.

Aussi, pour nommer, il faut des conditions managériales. 

– Pour être nommé Censeur vie scolaire, il faut avoir été chef de département, 

– Pour être nommé Censeur pédagogique, il faut avoir été Censeur vie scolaire et

– Pour être nommé Proviseur, il faut avoir été Censeur pédagogique préalablement.

La prime de fonction de ces différents administratifs doit être revalorisée au moins à hauteur du SMIG mieux. 

Sur un tout autre plan, pour résorber le besoin en enseignants, il faut recruter les jeunes diplômés. Le hic, cependant, avec ces jeunes diplômés c’est l’âge limite du recrutement, qu’il faudra revoir, car beaucoup sont frappés par le critère d’âge indépendamment de leur volonté, mais comme le recrutement était gelé, beaucoup ont été impactés par cette mesure. C’est pourquoi, je sollicite exceptionnellement, que les jeunes diplômés depuis 2015 à aujourd’hui atteint par la limite d’âge pour rentrer dans la fonction publique vous leur accordiez une chance. 

Ainsi, tous ceux qui voudraient embrasser la carrière enseignante, après leur recrutement, qu’ils  reçoivent une formation accélérée de trois (3) mois pendant les grandes vacances à l’ENS dans les sciences de l’éducation avant d’être déployés dans les salles de classe et faire leur grande immersion dans cet univers. Cela nous évitera le cafouillage et le massacre que les recrutements directs font en début de leur carrière où ils méconnaissent totalement l’éthique et la déontologie du métier.

Je vous serai gré si un des ces points pouvaient être favorablement reçu. 

 Eloge SIENGA MOUKETOU, Enseignant certifié de français des lycées et collègues. Romancier et poète gabonais sur le pseudonyme de Sir Edwards JEUNELING.

 
GR
 

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