Lancé en fanfare par le gouvernement déchu via le Pôle national de promotion de l’emploi (PNPE), le projet «Un taxi, un emploi, un avenir» est désormais source de lamentations. 15 des 21 bénéficiaires, qui en appellent à l’arbitrage du Premier ministre de la Transition, dénoncent une surexploitation et la résiliation abusive de leur contrat. Pour des véhicules de 8 millions de francs CFA, ils doivent rembourser chacun 27 millions en quatre ans.

Les bénéficiaires lors d’une sortie en novembre 2023. © D.R.

 

À travers un courrier adressé en début de ce mois de février 2024 au nouveau directeur général du Pôle national de promotion de l’emploi (PNPE), 15 des 21 bénéficiaires du projet baptisé «Un taxi, un emploi, un avenir» première et deuxième cohortes, réunis en collectif, ont fait savoir leur désarroi après la mise en œuvre dudit projet. «Nous avons vu nos contrats de prestations résiliés de façon abusive, sans l’accord des deux parties et sans indemnités», a fait savoir Ruffin Mindzie, le président du collectif. Il dit avoir avec les siens, interpellé le PNPE à maintes reprises sur le type de contrat, sur les difficultés rencontrées et sur la renégociation du contrat en y mettant des avenants, sans avoir gain de cause.

Les voitures arrachées

Déjà en novembre 2023, ces Gabonais sollicitaient l’arbitrage du Premier ministre de la Transition sur leur situation, pour une «justice sociale». Ils se disent en outre, surexploités et condamnés à accepter des modalités de remboursement imposées par le PNPE et l’établissement de microfinance Epargne et développement du Gabon (EDG). «Nous sommes contraints à rembourser au PNPE, chacun d’entre nous près de 27 millions de francs CFA en quatre ans pour soit 600 millions de façon globale pour bénéficier des véhicules après apurement de la dette contractée auprès de la microfinance EDG, bradant ainsi le caractère social dudit projet lancé par le précédent gouvernement», indiquait Ruffin Mindzie.

L’arbitrage du chef du gouvernement dans ce dossier, expliquait-il, pour revoir à la baisse le coût du remboursement de la dette et le nombre d’années de la durée du contrat. Si Raymond Ndong Sima le 7 décembre 2023, avait dit avoir transmis le dossier au ministre du Travail et de la lutte contre le chômage pour compétence, aujourd’hui encore, ces 15 bénéficiaires crient leur détresse. «On n’a pas reçu de contrat de résiliation. Ils nous ont dit ça à la bouche au bureau. Ils ont récupéré les voitures sur place. Ceux qui étaient chez eux, ils sont allés récupérer les voitures dans leurs maisons avec les doubles clés. Certains des collègues ont encore les clés, mais les voitures sont déjà avec d’autres Gabonais», a expliqué Ruffin Mindzie.

Les taxis achetés dans le cadre du projet. © D.R.

Quid du contrat ?

«La date de rupture est le jeudi 18 janvier 2024. Or, on avait eu des contrats pour la signature des contrats pour débuter le boulot. Quand ils arrêtent le contrat, on n’a pas eu de contrat écrit», a-t-il ajouté. Le contrat de prestation de service, par ailleurs signé en décembre 2022 entre le PNPE et les bénéficiaires, est conclu pour une durée de six ans, dont quatre ans pour le remboursement et la cession du premier taxi et deux ans pour le suivi jusqu’à l’acquisition d’un deuxième taxi. À la clé, une recette journalière de 23 000 francs CFA et le versement hebdomadaire à EDG d’un montant minimum de 138 000 francs CFA.

Il précise qu’en cas de trois versements partiels sans justificatifs sur un trimestre, EDG se réserve le droit de mettre fin au contrat et qu’en cas d’absence d’un versement sans justificatifs, le PNPE se réserve le droit de mettre fin au contrat. Mais aussi, des horaires de travail allant de 5h à 22h30 et l’interdiction de céder la conduite du véhicule à une tierce personne sans l’autorisation du PNPE. «Tout manquement à  l’une de ces obligations pourra entraîner, sans préavis, l’arrêt immédiat du contrat de prestation», indique le contrat qui soulignait qu’en cas de différent découlant de son application, les parties s’engagent à le régler à l’amiable dans un délai d’un mois à compter de la date de communication d’une partie à l’autre dudit différend.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Qu’est ce qui s’est passé Hans Ivala pour que les émergents soit arrivés à te faire faire de ce projet une entourloupe? Je te sais d’intéresse pour servir la jeunesse de notre pays mais là, l’etat est censé exploiter des personnes vulnérables ou les aider? Sachant que ce dernier peut exonérer de taxes les importations de véhicules liées à ce projet, 27 millions pour un véhicule taxi à Libreville ne s’explique pas.

    Il faut venir nous expliquer ce qui s’est passé.

    • abel dit :

      Hans s’est expliqué en long et en large à la télé (disponible sur youtube)! les bénéficiaires étaient au courant des conditions! ils sont dans les gabonitudes. ils croient que ces taxi sont des dons! ils ne savent pas la chance qu’ils ont d’avoir un travail. 4 ans à souffrir et ils sont propriétaires de leur taxis, beaucoup signeraient et souffriraient en silence à leur place, quand on sait comment il est difficile d’obtenir un credit au gabon, pire d’être propriétaire de son taxi!

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