Une nuée d’agents immobiliers autoproclamés se bousculent autour de la vente de l’hôtel particulier de luxe acquis pour 65 milliards de francs CFA par le Gabon en 2010, transformant l’opération en véritable foire d’empoigne où corruption et amateurisme se côtoient dangereusement.

Soirée privée donnée à l’hôtel Pozzo di Borgo, à Paris, en septembre 2010. [Image à titre purement illustrative]. © Rindoff-Bellak/Bestimage

 

«La mise en vente de l’hôtel Pozzo di Borgo, propriété de l’État gabonais, s’est transformée en bal d’intermédiaires», pour reprendre les mots d’un article paru dans Africa Intelligence le 29 février 2024. Comme le rapporte, en effet, de façon percutante le média, «une multitude d’intermédiaires se sont positionnés pour bénéficier de la transaction» depuis que le Gabon a décidé de vendre cet hôtel particulier parisien fin 2023.

Certains d’entre eux possèdent aussi «un réel pouvoir de nuisance». C’est le cas de l’entrepreneur Philippe Beck de l’entreprise Webcor. En conflit avec l’État gabonais sur un contrat de construction et mise en gestion du grand marché de Libreville, celui-ci détient une créance de 100 millions d’euros sur le Gabon et un nantissement sur la propriété. Même si une cour d’appel a jugé sa créance comme le «fruit d’un ‘’pacte de corruption’’ avec des officiels gabonais», Beck a tenté de négocier avec les autorités gabonaises pour lever le nantissement, offrant de débloquer des contrats d’équipement public ou d’obtenir une compensation financière.

D’autres intermédiaires se sont positionnés avec l’accord de la présidence gabonaise, qui les a incités à accélérer la vente pour dégager des crédits pour passation de marchés d’infrastructures au Gabon. Mais l’inexpérience de ces opérateurs sur le marché immobilier de luxe parisien a conduit à une inflation démesurée du prix de vente, évalué jusqu’à 400 millions d’euros selon certains, soit quatre fois son prix d’achat.

Bref, le processus chaotique de cette vente soulève de sérieuses interrogations, d’après Africa Intelligence, sur la capacité des autorités gabonaises à mener à bien une telle transaction stratégique pour les finances de l’État.

 
GR
 

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