La formation politique au pouvoir a procédé, au terme de son 12ème Congrès national ordinaire, à un renouvellement de ses instances. De nombreuses nominations dans ce cadre font grincer les dents laissant penser que les choses se sont faites à l’insu du «Distingué Camarade» et  que celui-ci «ne contrôle plus rien».

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Le 12ème Congrès national ordinaire du parti au pouvoir laissera des traces. Parmi celles-ci, l’incompréhensible limogeage de 50% des membres du secrétariat exécutif, neuf mois seulement après leur nomination. Dans la formation politique des Bongo, il est de plus en plus évident que le secrétaire général et le directeur de cabinet du président du parti semblent avoir éclipsé celui-ci dans la prise de décision. C’est un sentiment global qui en ressort.

«Le Distingué camarade président laisse trop faire ; nous savons que le SG et le DC du DCP ont, à travers leurs nominations, gaspillé le parti. Je vous le dis», estime Magloire Ndong Nguema, militant de l’une des fédérations de la Noya. Un autre militant proche, dit-il, de Stéphane Iloko Iloko Boussengui, se dit convaincu qu’en laissant faire «tout ce qui se passe là», le «Grand Chef» peut mener certains militants dévoués au découragement.

Comment en effet comprendre que la moitié des membres du secrétariat exécutif, nommés en mars, soient limogés ? Deux des cinq secrétaires généraux adjoints (Michel-Philippe Nzé et Alain Bakoungou) et cinq des neuf secrétaires nationaux (Saint-Paul Nzoghé de Nzoghé, Nina Abouna, Evelyne Yvonne Youssouf Ndembi, Jean-Gilbert Ibinga, Prisca Koho), ainsi qu’un président de commission permanente (Gabriel Malonga Mouélé) ont été limogés. Parmi les «promus», se trouve Michelle Augé, élue d’Owendo, qui devient secrétaire national chargé de l’Estuaire. Une nomination qui fait grincer des dents, parce qu’elle met fin à la présence de l’unique membre de la communauté Fang de l’Estuaire au secrétariat exécutif du PDG. Il y a aussi le cas d’Evelyne Yvonne Youssouf Ndembi dont certains militants peinent à comprendre l’éviction, alors qu’elle a réussi la rentrée politique en septembre et le Conseil provincial début-décembre.

Des évictions brutales, sèches, et préjudiciables à l’image du PDG

Que s’est-il passé pour que Prisca Koho soit si vite «remerciée» et remplacée par un transfuge de l’Union nationale des forgerons (UNAF), Samuel Maléla ? De nombreux militants de l’Ogooué-Ivindo affirment que «le secrétaire général a voulu placer son frère» en limogeant l’ancienne ministre des Affaires sociales. 9 mois seulement et la voilà déjà mise à l’écart ! De même, Jean-Gilbert Ibinga est «jeté à la porte» au moment où il initiait un programme pour «investir le terrain»… Le principe même de la méritocratie et de la reconnaissance du travail abattu, voire le respect des équilibres ethnolinguistiques, n’a pas ici été respecté.

La mainmise réussie de Cyriaque Mvourandjiami et de Steeve Nzégho Diecko sur le parti est bien évidente.  Cette emprise se fait au seul bénéfice de leurs amis et, malheureusement, au détriment de certaines communautés linguistiques. Où est donc passé le partage ? Où est passé le rassemblement de toutes les communautés linguistiques au sein du PDG ?

En effet, il y a eu chez le secrétaire général comme une envie de «Remontada» du pays Kota. Les Ogivins proches de lui dans le parti viennent tous de cette communauté (son directeur de cabinet, le secrétaire national pour la province, le rapporteur général du congrès, et le 1er vice-président de la commission permanente de révision des textes notamment). Écartés, les Fang de l’Ogooué-Ivindo s’étonnaient de cette situation dans les gradins du stade de l’Amitié (qui ne méritait pas ce nom le 24 décembre dernier). Ils dénoncent cette propension à les écarter de toute responsabilité au sein du secrétariat exécutif depuis le mois de mars dernier.

Dans le bureau du congrès ordinaire, le président et le 1er vice-président sont des proches du directeur de cabinet du président du parti, tandis que le rapporteur général est un proche du secrétaire général. Dans le nouvel exécutif du parti, Léon-Paul Mvouba Okori, nouveau secrétaire national pour le Haut-Ogooué, et Edwige Ignanga, nommée secrétaire nationale pour la Nyanga, sont des militants proches de Cyriaque Mvourandjiami. De même, la reconduction de Ian Gyslain Ngoulou, Yann Koubdjè, Ali Mohamed Salou, Jessye Ella Ekogha, comme conseillers du président du PDG, serait due à la main de leur partenaire politique, Cyriaque Mvourandjiami.

En revanche, bien sûr mise à l’écart du secrétariat exécutif, Nina Abouna est judicieusement recasée comme 1er vice-président d’une commission permanente, parce que proche de la paire Mvouradjiami-Nzégho. Les autres secrétaires nationaux limogés, eux, n’ont pas reçu de nouveaux points de chute. Ce qui fait grincer des dents ici et là. Pour de nombreux militants, c’est bien la preuve que le président du PDG «ne contrôle plus rien».

«Le Distingué camarade président peut-il accepter toutes ces nominations basées sur une envie d’humilier et de frustrer certains camarades ?» Ainsi s’interroge Jacques Boutoundou, militant d’une fédération PDG du Moyen-Ogooué.

Craignant sans doute la réaction d’une partie des militants rassemblés au stade, Cyriaque Mvourandjiami et Steeve Nzégho Diecko n’ont pas annoncé la liste des membres du bureau politique et celle du Conseil national, laissant ainsi un goût d’inachevé. Les militants ont été renvoyés à lire les journaux dans les «tout prochains jours».

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Paul Bounguendza dit :

    A la lecture de cet article bien documenté, nous sommes en droit de penser que c’est le tribalisme et le favoritisme qui tuent le PDG. De ce fait, la campagne présidentielle est mal engagée.

  2. Jean-Patrick Antchouet-Rabaguino dit :

    Puissante aujourd’hui, la paire Mvouradziami-Nzégho le sera-t-elle éternellement ? Qu’ils placent leurs amis tant qu’ils sont puissants…mais s’ils avaient un peu réfléchi, ils n’auraient pas mis leur parti dans l’état moral et psychologique qui est le sien à la fin de ce congrès.

  3. Charles Moukodouma dit :

    En fait, Mvouradziami est le patron du parti. Qu’on se le dise une bonne fois pour toutes. Il nomme les membres du gouvernement, tel que sa sœur Abodo Yombiyeni, et son ami Séverin Mayounou. Il nomme aussi qui il veut au parti. C’est lui le chef suprême du PDG.

  4. CYR Moundounga dit :

    Bjr. Ne s’étonne que ceux qui feignent de ne pas vouloir savoir. Dommage! Amen.

  5. JAS dit :

    Pourquoi tant de surprise ? Bruno fils de Moubamba vous a dit que la nomination de l’actuel VPM indique que le pouvoir se RADICALISE.

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