À Oyem, il sera certainement question de valeurs, principes et des grandes lignes de l’offre politique de l’UN. En plus de l’identité de son porte-étendard.

Ce 20 mai 2023, à Oyem, ville de Pierre-Claver Zeng Ebome, membre-fondateur de l’Union nationale et l’un de ses plus illustres défunts, les militants du parti de Paulette Missambo tenteront de mettre leur parti sur orbite. © GabonReview (capture d’écran)

 

Aujourd’hui à Oyem, l’Union nationale (UN) entrera officiellement en campagne. Dans la perspective de la présidentielle à venir, ce parti désignera son candidat. Après le Parti social-démocrate, après Albert Ondo Ossa et Raymond Ndong Sima, un autre membre de la plateforme Alternance 2023 annoncera la couleur. Outre l’identité de son champion, il sera certainement question de valeurs, principes et des grandes lignes de son offre politique. Tel semble, a priori, être l’agenda de ce congrès, extraordinaire à maints égards. Extraordinaire, d’un point de vue statutaire : sa tenue est dictée par les circonstances. Extraordinaire, en raison du lieu : une ville de l’arrière-pays où André Mba Obame et Jean Ping firent carton plein lors des deux dernières présidentielles.  Extraordinaire, du fait du moment : trois mois avant l’échéance constitutionnelle mais sur fond d’incertitude, le gouvernement n’ayant toujours pas dévoilé de calendrier.

Créer une dynamique propre

Ce 20 mai 2023, les militants de l’UN tenteront de mettre leur parti sur orbite. Tout en tenant compte du travail accompli avec Alternance 2023, il essayeront de créer une dynamique propre, à même de donner plus de résonance à leurs initiatives. Sur des thématiques comme la candidature unique, la participation électorale, la sécurisation des scrutins et la prise du pouvoir en cas de victoire, ils s’efforceront de verser de nouveaux éléments au débat. Comme on peut le deviner, ils ne manqueront pas de dresser des parallèles avec la présidentielle de 2016. Cette année-là, Casimir Oyé Mba et Guy Nzouba-Ndama se rallièrent à Jean Ping 11 jours avant le scrutin. En outre, la présence de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE-UE) contribua au contrôle, à la collecte des données et à la médiatisation des événements. Même si la Cour constitutionnelle s’illustra par des manœuvres peu orthodoxes, jamais le peuple gabonais n’a autant cru en l’alternance.

Tout au long de leur conclave de ce jour, les militants de l’UN auront cela en mémoire. Ils se souviendront du rôle joué par leur formation politique dans le désignation du candidat unique. Au-delà, ils se rappelleront avoir fait l’expérience du cynisme en politique : en octobre 2018, ils furent combattus, traités de tous les noms d’oiseaux par les plus proches collaborateurs ou soutiens de Jean Ping. Aujourd’hui encore, nombre parmi eux ne décolèrent pas, échafaudant toutes les hypothèses, y compris les plus farfelues. Surtout, au regard du nouveau positionnement de Jean Eyéghé Ndong, à l’époque président de la conférence des présidents de la Coalition pour la nouvelle république (CNR) et plus virulent adversaire de la participation aux dernières élections couplées. A garder les yeux rivés sur le rétroviseur, certains en arrivent à douter de la pertinence de la candidature unique, recommandant à leur parti de faire cavalier seul. D’autres la tiennent pour un mal nécessaire, un pis-aller rendu incontournable par le retour au scrutin à un tour.

Compréhension du leadership et des enjeux pour le pays.

Pour capitaliser au mieux les enseignements du passé, les militants de l’UN ne doivent ni se laisser dominer par les émotions ni se livrer à une analyse partielle. S’ils veulent dégager de nouveaux horizons, ils doivent envisager la candidature unique dans un perspective plus large, incluant les élections locales et législatives. S’ils entendent donner à Alternance 2023 des chances de réussite, ils doivent éviter de sombrer dans une sorte d’hémophilie intellectuelle. Autrement dit, la désignation de leur porte-étendard doit se faire à froid, loin des polémiques et de la fureur, des rancœurs et de la méfiance. Pour cela, ils doivent partir de critères simples : capacité à porter et vulgariser un projet, capacité d’organisation, capacité de mobilisation et, capacité de négociation. Pour eux, ce congrès extraordinaire doit être l’occasion de donner au pays une idée de leur compréhension du leadership, des défis auxquels est confrontée l’opposition et, des enjeux pour le pays.

Ville de Pierre-Claver Zeng Ebome, membre-fondateur de l’UN et l’un de ses plus illustres défunts, le chef-lieu de la province du Woleu-Ntem sera-t-il le point de départ d’une nouvelle épopée ou d’une chevauchée fantastique ?  L’histoire le dira. Pour l’heure, les participants à ce 2ème congrès extraordinaire doivent s’en souvenir : à travers l’identité de leur champion et de par le déroulement de cette rencontre, ils diront s’ils ont foi en Alternance 2023 et s’ils sont disposés à poursuivre dans cette dynamique. Au-delà, ils se prononceront pour ou contre la candidature unique et prendront date. De ce point de vue, leur choix ne s’adressera pas seulement à leurs coreligionnaires. Il aura aussi valeur de message envoyé à l’ensemble de l’opposition voire au pays tout entier. A eux de le comprendre et de décider en âme et conscience.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Loozap dit :

    Nous avons besoin des bons résultats dans ce pays

  2. Désiré NGUEMA NZONG dit :

    Bonjour Mme BOUENGUIDI,

    Juste un détail tiré de votre texte : « Extraordinaire du fait du moment: trois mois avant l’échéance CONSTITUTIONNELLE mais sur fond d’incertitude, le gouvernement n’ayant pas dévoilé de calendrier. »

    Il s’agit de l’élection présidentielle et non d’un référendum sur la révision de la CONSTITUTION de la république de notre pays.

    Globalement, j’apprécie votre article. Toujours aussi incisive, « droite dans vos babouches », en accord avec votre esprit, etc.

    Bonne continuation.

    • Gayo dit :

      Pas de calendrier à 3 mois d’échéance. 14 ans d’amateurisme, d’impréparation, d’improvisation, d’approximation, de médiocrité. Le résultat de cette gouvernance de d’un président aussi nul, c’est un pays détruit dans ses valeurs, son développement, des inégalités criardes, une pauvreté galopante et les bases de la justice sociale ruinée. Nos enfants, nos femmes, nos jeunes souffrent à cause de la médiocrité et de l’amateurisme des rottweiler tels que Matha, Bilié Bi Nzé et leur maitres Ali Bongo

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