Au lendemain de la démission du maire de Libreville au terme d’un Conseil municipal extraordinaire présidé, le 17 juin, par le gouverneur de l’Estuaire, l’ancien Premier ministre, Raymond Ndong Sima, à la suite d’autres observateurs ayant taxé la démarche d’Eugène Mba de «parodie de démission», se pose des questions et dénonce des «méthodes inacceptables» et «écœurantes»

Pour l’ancien chef du gouvernement gabonais, il faut s’insurger contre un dossier dont la conduite détonne à plus d’un titre. © YouTube/GMT

 

«Ça ne passe pas». Cette interjection de l’ancien Premier ministre, Raymond Ndong Sima, marque son désaccord avec la manière, mais surtout avec les événements ayant présidé à la démission de l’édile de la capitale gabonaise. Pour l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2016 qui s’exprime, à ce sujet, à travers une tribune parue le 17 juin sur Facebook, «il faut s’insurger contre un dossier dont la conduite détonne à plus d’un titre pour le procédé utilisé pour mettre le maire en cause et pour ce qui reste de rectitude dans le fonctionnement de l’État».

Élu le 29 décembre 2020 et officiellement installé au poste de maire de la commune de Libreville le 4 janvier 2021, Eugène Mba a officiellement notifié son départ aux conseillers municipaux, le 17 juin à l’occasion d’un Conseil municipal extraordinaire convoqué par le gouverneur de l’Estuaire, Marie Françoise Dikoumba. A l’origine de l’étonnant vaudeville, une présumée «tentative de détournement» : le premier magistrat de la capitale gabonaise avait validé et signé, au profit d’une entreprise, des factures et mandats de paiement pour le décaissement, en 2 jours, d’environ 338 millions de francs CFA pour des travaux d’assainissement non encore effectués dans la commune de Libreville.

En dépit de la révélation et du relais de l’affaire par les médias, Raymond Ndong Sima s’attendait à «un exposé clair des faits reprochés au maire, des preuves concrètes sur ces accusations qui fusent de partout depuis plusieurs semaines».

’’Accuser sans en apporter la preuve’’

L’ancien Premier ministre d’Ali Bongo estime que la justification de cette démission, par Eugène Mba lui-même, «pour louable qu’elle est, n’en laisse pas moins plusieurs questions pendantes». Et, au titre des questions en suspens y consécutives, Ndong Sima interroge : «Ce conseil extraordinaire a-t-il été convoqué dans les formes régulières ? Quid de toutes les accusations qui ont été largement relayées sur ses détournements d’argent ? Sont-elles oui ou non fondées ? Et si par hasard elles ne l’étaient pas, cette démission pour digne et de grande portée symbolique qu’elle serait suffirait-elle à réparer le mal qui lui aurait été fait ? Qu’a-t-on fait dans cette affaire de la présomption d’innocence ? A-t-on le droit de laminer comme c’est le cas depuis plusieurs semaines, un citoyen (le premier de la ville) en l’accusant ouvertement de vol sans ensuite en apporter la preuve. A moins qu’il ne s’agisse d’un arrangement. Mais alors aurait-il pris la hauteur qu’il s’est donnée pour justifier sa démission ?».

Pour l’auteur de l’essai ’’Quel renouveau pour le Gabon ?’’, «ça ne passe pas». Et de relever que «cette affaire concerne un homme devenu public, parce qu’il occupe une fonction publique». «Elle dépasse les clivages partisans», dit-il, ajoutant que «ce qui est en train de se jouer, c’est une certaine façon de faire fonctionner un démembrement de l’État, en poussant à la sortie un élu après l’avoir livré à la vindicte populaire. Mais alors, pourquoi ne pas avoir actionné le procureur de la République pour qu’il fasse la lumière sur les agissements décriés. Pourquoi avoir fait fuiter une information qui alimente juste la suspicion mais dont tout le monde attend toujours les preuves ?». «De telles méthodes ne sont pas acceptables. Et, pour tout dire, elles écœurent», laisse entendre l’ancien Premier ministre.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. diogene dit :

    De qui se moque-t-on ? Un premier ministre qui a, au pire organisé la corruption au niveau national , au mieux laissé faire ose s’indigner !

  2. Giap EFFAYONG dit :

    @diogene.
    Ndong Sima n’a jamais été mêlé ni de près ni de loin à la corruption qui mine l’administration gabonaise depuis le long règne de feu l’avorton téké Omar Bongo.Et d’ailleurs quelle marge de manoeuvre croyez-vous qu’un premier ministre dispose au gabon? Rappelez-vous l’affaire Ogandaga,l’ancien ministre de l’économie.Ce voleur,éclaboussé dans une affaire de corruption et sommé par Rose Christiane Ossouka de signer sa lettre de démission n’avait consenti à le faire qu’après avoir donné un coup de fil à « la maman ».Depuis lors,monsieur Ogandaga n’a jamais été inquiété et il se la coule douce en ce moment dans un de ses palais à libreville.Savez-vous pourquoi? Il en sait trop et est de surcroît député et franc-maçon.

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