L’ambassadeur du Gabon, Flavien Enongoué a reçu, le 3 mars, l’ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, président de la Fondation prospective et innovation (FPI). Les deux personnalités ont échangé dans le cadre du Cycle de conférences organisé par cette fondation autour de la relation triangulaire Afrique-France-Chine avant l’exposé du diplomate gabonais sur « Les visages de la peur » dans cette relation.

L’ambassade du Gabon, Flavien Enongoué exposant en présence de l’ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, le 3 mars à Paris. © D.R.

 

La relation triangulaire Afrique-France-Chine a été au cœur du Cycle de conférences organisé par la Fondation prospective et innovation (FPI). Une occasion pour l’ambassadeur du Gabon en France, Flavien Enongoué, de rencontrer, le 3 mars, l’ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, président de cette Fondation et d’exposer sur «Les visages de la peur dans la relation triangulaire Afrique-France-Chine».

L’hypothèse mise en œuvre par le Haut Représentant du Gabon en France est que cette peur, en tant que passion négative, constitue un obstacle majeur au développement des relations de coopération triangulaire, et qu’il importe d’en avoir parfaitement conscience pour travailler à sa conjuration. Son propos s’est articulé autour de deux parties : la première portant sur l’identification et l’examen des principaux visages de cette peur co-construite, la seconde sur l’esquisse des efforts de sa conjuration à travers une «contre-parole» courageuse autour des possibilités de coopération.

Flavien Enongoué a fait le constat selon lequel, sur la scène africaine, cette peur se manifeste sous différents visages, dont il a examiné les deux principaux. La crainte de voir l’Afrique, principalement ses richesses naturelles, ses terres arables, finalement son économie, passer sous le contrôle total d’investisseurs chinois dont la volonté prédatrice serait sans borne. Ce qui donne souvent lieu à des mises en garde de la part des partenaires européens sur les dangers multiformes que courrait l’Afrique à emprunter les nouvelles routes de la soie. Ensuite, de l’avis de l’ambassadeur, ces mises en garde traduisent, pour l’essentiel, une autre dimension de la peur, celle du déclassement tout à la fois économique, géostratégique et symbolique des partenaires traditionnels de l’Afrique, en l’occurrence occidentaux, dont la France. C’est que, vue des capitales occidentales, l’intrusion de ce nouvel acteur sur la scène africaine, à qui l’on prête en permanence des manœuvres de conspiration, jette un trouble dans l’intimité des relations traditionnelles.

Il a ainsi montré que cette peur ne date pas du lancement du projet des nouvelles routes de la soie et s’est référé au témoignage éloquent du président Omar Bongo Ondimba au sujet des réticences de la France au moment de l’établissement des relations diplomatiques du Gabon avec la Chine. L’ambassadeur a ensuite expliqué comment, au fil des années, la Chine s’est installée au Gabon, au point de devenir son premier partenaire économique au cours de la décennie écoulée, devant la France qui demeure néanmoins son premier fournisseur.

Une position qui, de l’avis de Flavien Enongoué, dispose le Gabon à privilégier des expériences de coopération triangulaire, à l’exemple de la réalisation du Complexe métallurgique de Moanda (C2M) considéré à juste titre comme une grande réussite de partenariat public-privé et l’illustration de ce que peut donner à voir les efforts de conjuration de la peur dans la mise en synergie, par les trois partenaires, des ressources humaines, financières et naturelles.

Les riches échanges avec le public ont permis de s’accorder sur la nécessité de faire montre de lucidité. Enfin, l’ambassadeur a salué l’engagement personnel de l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, de l’équipe de la Fondation prospective et innovation qu’il préside, en soulignant que leur travail participe d’une volonté forte de conjurer la peur et de porter une «contre-parole» féconde à propos de la manière dont peut être utilement gérée, ici et là, en particulier en France, et accessoirement en Afrique, la présence aujourd’hui de la Chine comme l’un des principaux acteurs de la scène internationale.

 
GR
 

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