Le Congrès constitutif du consortium des organisations de la société civile pour la transparence électorale et la démocratie au Gabon (Coted-Gabon) évaluera les conditions pour la tenue, en 2023, d’une présidentielle «transparente, juste crédible et inclusive.»

La société civile (en bas avec quelques politiques invités) devra essayer de faire entendre au pouvoir politique cette maxime d’Aimé Césaire : «Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente.» © Montage Gabonreview

 

Le débat sur la transparence électorale refait surface. Depuis hier et jusqu’au 25 du mois courant, se tient le «Congrès constitutif du consortium des organisations de la société civile pour la transparence électorale et la démocratie au Gabon (Coted-Gabon).» Pendant trois jours, il sera, notamment, question d’«organiser un débat démocratique ouvert avec les partis politiques, toutes tendances confondues, (sur) l’organisation des élections présidentielles, législatives et locales fiables et alignées sur les standards internationaux.» Concrètement, il s’agira de discuter des «conditions requises» à la tenue en 2023 d’une présidentielle «transparente, juste crédible et inclusive.» Comme l’a relevé Georges Mpaga, les «différents acteurs (…) impliquées dans le processus électoral (doivent s’accorder sur) les (meilleures) pratiques» afin de «sortir le Gabon des élections controversées (…) et surtout des crises post-électorales aux conséquences catastrophiques (…).» C’est dire si cette ambition fait écho à celle récemment présentée à la présidente de la Cour constitutionnelle par certains partis politiques de l’opposition.

En finir avec les «divisions» et «tensions»

Comme la dizaine de partis membres de la plateforme des partis politiques et regroupements de partis politiques de l’opposition, la société civile dit s’inscrire dans une démarche inclusive. Outre le Réseau des organisations libres pour la bonne gouvernance (Rol-BG), Brainforest et la Dynamique Oscaf prennent part à ces assises soutenues par le National Democratic Institute (NDI). Comme les signataires du «Mémorandum pour une réforme du système électoral national», les participants espèrent conjurer le «traumatisme» de la présidentielle de 2016. Autrement dit, ils veulent en finir avec les «divisions» et «tensions aux conséquences incalculables.» Comme l’a rappelé Paul-Aimé Bagafou, «(La dernière présidentielle fut marquée par) des arrestations massives, des disparitions forcées et de nombreux morts.» «Personne n’a envie que cela se reproduise en 2023», a-t-il tranché. On croirait entendre une Paulette Missambo déterminée à «éviter toute contestation électorale à venir» pour «mettre fin aux violences qui endeuillent de nombreuses familles

Pourtant, ces exigences ne sont pas nouvelles. Bien au contraire. Elles sont vieilles comme la démocratie gabonaise. Année après année, les problèmes sous-jacents ont été pointés du doigt. Leurs causes et sous-causes identifiés.  Élection après élections, des solutions ont été proposées. Leurs avantages explorés. En pure perte. Dans la salle des fêtes de l’Arche de l’alliance à Libreville, la société civile devra trouver le moyen de convaincre le pouvoir politique de la nécessité de changer de braquet. Concrètement, elle devra essayer de lui faire entendre cette maxime d’Aimé Césaire : «Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente.» Déjà, l’attitude du ministre de l’Intérieur ne donne aucune raison d’espérer. Destinataire du mémorandum des partis de la PG41, Lambert Noel Matha brille par un mutisme à la fois consternant et alarmant. Comme s’il ne verrait aucun inconvénient à rejouer le vaudeville de 2016 voire pire.

User de l’ensemble des techniques et outils de plaidoyer

Pour se donner une chance de voir les lignes bouger, la société civile doit rassurer. Au-delà, elle doit tenter de discuter avec le «détenteur suprême du pouvoir exécutif», c’est-à-dire le président de la République. Ayant réfuté toute volonté de «faire le procès de qui que ce soit», elle doit bien pouvoir s’y résoudre. Faute de l’admettre, elle pourrait laisser libre cours au soupçon d’instrumentalisation politicienne. Faute de le faire, elle pourrait se retrouver confrontée à la peur et à l’arrogance feinte, terreau de l’inaction et de l’immobilisme. Après tout, pour impulser une dynamique de changement, il faut identifier les influenceurs, dresser leurs profils et déterminer leur intérêt à agir. Surtout, il faut leur parler directement et éviter de donner à d’autres l’occasion de parasiter ou dévoyer le message. De ce point de vue, la mise en œuvre des résolutions du Coted-Gabon sera l’occasion d’user de l’ensemble des techniques et outils de plaidoyer.

Jugée trop critique, longtemps présentée comme trop proche de l’opposition, la société civile se veut porteuse d’un espoir. Pour cela, elle doit construire une alliance au-delà des clivages idéologiques. Y parviendra-t-elle ? On se gardera de jouer aux Nostradamus. S’en donnera-t-elle les moyens ? On jugera sur pièces. Pour l’heure, Georges Mpaga et ses alliés doivent se le tenir pour dit : s’il n’y avait pas eu Kennedy et De Klerk, il n’y aurait eu ni Luther King ni Mandela. Sans se renier, sans abjurer leur foi de toujours, ils doivent le méditer et agir en conscience, quitte à placer la majorité face à ses responsabilités ou à la contraindre à abattre ses cartes.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Gayo dit :

    Matha a été le chef d’orchestre de toutes les fraudes au Gabon, c’est pour ca qu’il a été récompensé par sa promotion au poste de ministre de l’intérieur, après un scrutin catastrophique. Les nominations de Ali Bongo à la sortie des élections était une réponse claire: une apologie de la fraude puisque tous les acteurs de la mascarade ont été récompensés et non sanctionnés. Peut-être que Matha et Ali ont accepté Jésus pour aujourd’hui vouloir enfin de la justice électorale pour les gabonais. Croire à la bonne volonté d’Ali Bongo pour des scrutins crédibles, apaisé grâce à un système qui garantit l’impartialité, la transparence et dans laquelle le plus grand nombre se reconnait notamment le peuple c’est comme croire au Père Noel. La présence encore de Mbourantsuo à la tête de la CC malgré tous les doutes, les soupçons et clivages que suscite son action, est le plus grand symbole du refus d’Ali Bongo d’imposer des institutions électorales et des hommes qui suscitent la confiance du plus grand nombre de gabonais.

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