Tout au long de sa présence à la tête de l’Université Omar Bongo (UOB), Marc-Louis Ropivia s’est posé en relais du régime. En s’en allant de lui-même, il a cherché à «(s)’épargner le déshonneur d’un combat» contre le coordonnateur général des Affaires présidentielles.

Dans son rapport aux étudiants comme dans sa gestion des mouvements ou son appréciation des questions académiques, Marc-Louis Ropivia s’est toujours posé en relais du régime. © D.R.

 

Tout au long de sa présence à la tête de l’Université Omar Bongo (UOB), Marc-Louis Ropivia a fait corps avec le pouvoir politique. Dans son rapport aux étudiants comme dans sa gestion des mouvements ou son appréciation des questions académiques, il s’est posé en relais du régime. Répudiant son passé, il a tôt fait de proclamer sa volonté de réduire toute velléité de contestation. Faisant mine de ne pas percevoir les graves manquements en infrastructures, il a laissé le temple du savoir tomber en décrépitude. C’est dire si sa démission ressemble à un retour de manivelle. Même si ce geste ne manque ni d’allant ni de classe, c’est d’abord un échec personnel. Tout le monde le sait : l’ancien recteur voulait aller au terme de son mandat. Il semblait, en tout cas, fier de lui et satisfait de son travail.

Un LMD à double vitesse

En dépit de sa grande expérience, Marc-Louis Ropivia n’a jamais vraiment su imprimer sa marque dans la gestion de l’université. Systématiquement, il a donné l’impression d’appliquer des ordres venus d’ailleurs. A son impulsion, près d’une cinquantaine de jeunes compatriotes ont été exclus, certains se sentant même obligés de mettre un terme à leurs études. Si les frais d’inscription ont augmenté de façon exponentielle, les retombées de cette décision sont toujours attendues : les enseignants continuent de monnayer l’acquisition de syllabus conçus par leurs soins ; la bibliothèque est toujours aussi pauvre ; le restaurant universitaire fonctionne par intermittence, surtout depuis le départ d’une multinationale française spécialisée dans la sous-traitance de services ; l’infirmerie demeure portes closes ; les toilettes impraticables, les étudiants se sentant obligés de faire leurs besoins dans la nature. Evacué le 20 décembre 2014, sur ordre du gouvernement, le campus n’a toujours pas rouvert ses portes. Pendant ce temps, le bureau de la mutuelle se maintient en violation de tous les textes. Au plan purement académique, la mise en œuvre du système LMD (Licence – Master – Doctorat) se fait à double vitesse, les différentes facultés n’allant pas au même rythme.

Jadis portées par des groupes d’étudiants jugés proches de l’opposition, ces récriminations ont curieusement été reprises par le gotha politico-administratif. Sans doute par solidarité générationnelle et sans en évaluer l’impact politique, le coordonnateur général des Affaires présidentielles (CGAP) s’en est saisi. Sans s’encombrer de précautions administratives, il s’en est ouvert au ministre de l’Enseignement supérieur. Sans se soucier du qu’en dira-t-on ou chercher à se conformer à l’orthodoxie administrative, ce dernier les a répercutées. Point par point, Jean de Dieu Moukagni Iwangou a repris à son compte les demandes formulées par Nourredin Bongo Valentin. Comme s’il ignorait tout de la répartition des rôles entre le gouvernement et le rectorat, comme s’il ne pouvait directement tirer les conséquences d’éventuels manquements, comme s’il n’était pas l’autorité de tutelle, il s’est abrité derrière le CGAP pour remettre en cause des nominations au sein de l’équipe pédagogique.

Un échec politique personnel

Malgré la mise à l’index de «personnes s’étant clairement opposées à sa reconduction», le désormais ancien recteur de l’UOB a clairement cerné la manœuvre : en citant abondamment le CGAP, en se faisant son porte-voix, le ministre de l’Enseignement supérieur s’est subtilement soustrait de ce match à trois. S’il avait décidé de s’accrocher, Marc-Louis Ropivia aurait pris le risque de se retrouver nez-à-nez avec Nourredin Bongo Valentin. Or, dans une telle éventualité, il était certain de tout perdre. En se proclamant «loyal et dévoué» au chef de l’Etat, il a voulu sinon prévenir, du moins réduire les risques de survenue d’une confrontation perdue d’avance. Vu sous cet angle, sa démission est un échec politique personnel. En s’en allant de lui-même, il a cherché à « (s)’épargner le déshonneur d’un combat » contre un jeune homme pas encore trentenaire mais fort de ses liens familiaux et de sa position administrative. L’histoire dira s’il a su anticiper.

Depuis la nomination de Nourredin Bongo Valentin au poste de CGAP beaucoup de choses ont été dites. Sur son pouvoir, ses réseaux, son influence sur la marche du pays, chacun y est allé de ses certitudes. Si sa correspondance au directeur général de la Société équatoriale des mines (SEM) avait fait jaser, le soufflé est retombé depuis. Comment et pourquoi une missive adressée à un ministre a-t-elle eu pour effet la démission d’un haut fonctionnaire ? En raison du refus du ministre de prendre sur lui et de protéger son administré. Puissent les autres membres du gouvernement le comprendre et assumer pleinement leurs responsabilités.

 
GR
 

6 Commentaires

  1. Ulys dit :

    Avec tout le désordre qui règne actuellement au Gabon, j’ai honte d’être gabonais. Même vous qui êtes au gouvernement, vous devriez avoir honte d’être gabonais. Arrêtons au plus vite ce spectacle affligeant s’il vous plait.

  2. Roger dit :

    Tous ces problèmes que nous vivons au Gabon nous éloignent du problème fondamental: où est caché le défunt Ali Bongo. Et pourquoi on nous le cache ? La France, le Maroc et la famille Bongo créent tous ces problèmes pour nous faire oublier l’essentiel: Ali Bongo est décédé en octobre 2018 à Riyad. Et la France voudrait encore nous imposer un Bongo. Nius nous acheminons petit à petit jusqu’en 2023 où aura lieu encore une nouvelle mascarade électorale.

    Ce qui est certain, c’est de ne pas s’attendre à une élection présidentielle transparente. En aucun cas ils le feront. La France et le Maroc vont encore s’immiscer pour préserver ce qu’ils appellent « leurs intérêts » dans une terre qui n’est pas la leur.

  3. Michel Bouka Rabenkogo dit :

    LE PLUS MÉDIOCRE DES RECTEURS QUE L’UNIVERSITÉ DU GABON N’A JAMAIS EU DEPUIS SA CRÉATION. MÊME SI C’EST MON PROPRE PARENT.  » VÉRITÉ, RIEN QUE VÉRITÉ « . VOILA LE RÉSULTAT DU FAUX, DE QUAND LA THÈSE DE DOCTORAT N’EST PAS LE FRUIT DE TON EFFORT INTELLECTUEL. ARRÊTONS LE MENSONGE. ARRÊTONS DE MENTIR ET DE NOUS MENTIR. LA MÉDIOCRE FRANC-MAÇONNERIE EST MORTE. C’EST FINI. FIN. TERMINER. BWETE. /
    …………………………………………………..
    PEUPLE D’IBOGA (GABONAIS), LES PLUS GRANDES BATAILLES VICTORIEUSES SONT CELLES QUE L’ON GAGNE PACIFIQUEMENT, SANS VIOLENCE AUCUNE. LA MÉDIOCRE FRANC-MAÇONNERIE EST MORTE. C’EST FINI. FIN. TERMINER. BWETE. /
    En réaction à : https://www.gabonreview.com/…/demission-du-recteur-de-luob…/
    *IBOGA EST DÉSORMAIS AUX COMMANDES*
    # LA RESTITUTION EST AMORCÉE #
    « GABON D’ABORD »

  4. Bibouboua dit :

    L’analyse faite par cet article est viciée à partir du moment où elle ignore que Ropivia est avant tout enseignant-chercheur de l’UOB. Cette analyse fait fausse route en ramenant la démission du Recteur à un conflit de compétences (ou de personnes) entre le Ministre, le « jeune » Coordinateur des affaires présidentielles et le Recteur. L’UOB est faite par les enseignants, les étudiants et le personnel administratif et ATOS. C’est auprès de ces composantes qu’une analyse rationnelle devrait rechercher les éléments d’appréciation des griefs faits à Ropivia et de sa démission. Que disent les enseignants-chercheurs de leur collègue devenu Recteur et maintenant ancien recteur ? Que disent les étudiants de leur enseignant devenu Recteur et maintenant ancien recteur ? Que dit le personnel administratif de leur désormais ancien patron ? Surtout, que pensent-ils de cette démission sensationnelle ? Le SNEC et la FRAPPE, syndicats des enseignants-chercheurs, vont-ils se jeter dans la rue pour soutenir et défendre l’honneur de l’un des leurs ?

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