Pendant 4 ans, l’Environmental investigation agency (EIA) a enquêté sur le secteur de l’exploitation forestière au Gabon et en République du Congo, deux pays représentant environ 60% de la superficie totale allouée à l’exploitation forestière dans le Bassin du Congo. Ses conclusions révèlent que des groupes forestiers parmi lesquels l’un des plus influents d’Afrique, ont fondé leur modèle entrepreneurial sur l’exploitation illégale et la corruption : pots-de-vin aux fonctionnaires, sociétés offshore, mensonges aux autorités et ruses diverses.

Au Gabon, certains opérateurs véreux n’hésitent pas à piller la forêt pour se remplir les
poches. © D.R.

 

Exploitation illégale et blanchiment d’argent ! Deux pratiques illicites devenues des normes dans l’exploitation de la forêt gabonaise. C’est du moins ce que révèle l’enquête menée durant 4 ans par l’Environmental investigation agency (EIA). «On ne peut pas survivre si on suit les règles», a déclaré l’un des responsables de la société chinoise Wan Chuan Timber Sarl (WCTS), l’une des plus influentes en Afrique. Selon les éléments de preuve recueillis par EIA, le groupe fondé par Xu Gong De a continuellement enfreint les lois forestières les plus fondamentales, se moquant des lois régulant l’export de grumes et détournant des millions de dollars au titre de l’impôt sur les sociétés au Gabon. «Au Gabon, nous maximisons notre profit. Il n’est pas possible pour nous de miser sur le long terme. Et s’il y avait une crise politique ou un changement ?», a expliqué l’un des dirigeants de WCTS, ne se doutant pas qu’il était enregistré.

Cette entreprise qui gère plus de 100.000 hectares de forêts au Gabon, en coupe 10.000 par an et préfère la surexploitation. «Nous obtenons l’excédent [d’arbres] en coupant à l’extérieur de la zone prévue», a fait savoir l’un des dirigeants. «On coupe tous les arbres qui nous intéressent indépendamment de leur taille», a-t-il poursuivi. «Si vous faites tout selon la loi, vous ne survivrez pas. Nous devons maximiser rapidement notre retour sur investissement», a-t-il insisté. Poursuivi depuis 2017 pour exploitation illégale, l’entreprise n’a pas jamais été inquiétée. Les mêmes pratiques sont utilisées par une autre entreprise chinoise, la société Transport bois négoce international (TBNI).

Pots-de-vin aux fonctionnaires

Le responsable de TBNI expliquant ses méthodes à EIA. © Capture d’écran

Pour contourner les fonctionnaires chargés du contrôle, WCTS a trouvé sa parade. «On leur dit simplement que nous construisons des routes», a déclaré l’un des responsables. A défaut, ils préfèrent payer, en forêt, des amendes dévalorisées deux fois plus, d’autant plus qu’ils sont convaincus d’une chose : leur concession ne sera jamais reprise. «Ils la reprennent seulement si vous n’arrivez pas à payer la taxe sur la concession qui est de 400 francs CFA par hectare. Ce qui est rien du tout. En plus, vous avez de nombreuses équipes qui coupent en même temps. Vous mettez une équipe dans la zone prévue, les autres en dehors. S’ils vous attrapent vous avez juste à leur dire que les autres équipes construisent les routes», a révélé le responsable de WCTS.

A en croire les Chinois, les fonctionnaires gabonais ne «contrôlent jamais» tant qu’on leur fait croire que la valeur des ventes est basse. «Moi je ne paie que 100.000 yuans de taxe (environ 8 millions de francs CFA) par an et c’est déjà beaucoup pour une société chinoise ici», a précisé sans sourciller le responsables de TBNI. Il suffit de dire aux agents «à quel point votre vie est dure, etc. Ça leur va. Bien mieux que les ruses», a-t-il poursuivi.  Selon lui, il vaut souvent mieux négocier avec les agents sur le terrain avant que l’information ne remonte chez leurs supérieurs. «[Parfois] ils vous appellent et vous avertissent à l’avance. En vous disant « écoutez, nous allons venir vous contrôler dans quelques jours. Vous devez nettoyer quoique ce soit de problématique que vous ayez là-bas. Ou, s’ils trouvent quelque chose et qu’ils vous connaissent, alors tout est négociable», a-t-il indiqué.

Des sociétés offshores pour blanchir de l’argent

Un des responsables de WCTS avouant ses pratiques à EIA. © Capture d’écran

«Ça peut sembler mal, mais en réalité nous blanchissons de l’argent ici. Avoir la société offshore à Hong-Kong sert essentiellement à éviter de payer les taxes au Gabon», a avoué le responsable de WCTS. Avec des petites entreprises c’est facile de «diluer» les exportations. Ce qui l’aide «à rendre le système comptable très confus». «Ils ne vérifient jamais la légalité des sociétés. En fait, il ne faut jamais être le propriétaire légal. Il faut avoir des Gabonais à qui vous donnez 10 à 20 % des actions» a-t-il indiqué, faisant allusion au laxisme des autorités gabonaises.

TBNI est alignée sur la même ligne pour maximiser ses profits. «Tout ce que vous avez à faire c’est de mettre en place la société offshore. Ensuite vous ne vendrez qu’à vous-mêmes et vous augmentez le prix de vente à partir de votre société offshore à Hong-Kong par exemple», a indiqué l’un de ses responsables. A la différence des filiales internationales d’entreprises, ces sociétés offshores, créées hors du Gabon, n’exercent aucune activité économique dans le pays où elles sont domiciliées. La machination est simple. L’entreprise basée au Gabon déclare la vente de tout son bois à sa société sœur enregistrée à Hong Kong, qui revend ensuite au client final. Le responsable de TBNI a d’ailleurs avoué que le taux de retour annuel sur investissement de sa société varie entre 30 à 40%. Ce qui lui permet de maximiser ses profits.

 
GR
 

11 Commentaires

  1. abdelkurt dit :

    Les foutre dehors, vite! avec le gouvernement.

  2. Cathy dit :

    Et ce gouvernement usurpateur n’est pas au courant ? Trop facile. Même la France qui soutient ce régime assassin est complice.

  3. Lewaka dit :

    Vraiment scandaleux !

  4. le nouveau dit :

    Vas y Cathy défoule toi sur la France
    On te parle d’un pb et tu parles de la France Continue comme ça, tu vas résoudre les pb !!

  5. EHYA O.R dit :

    Voilà ou se situe le niveau du trafic de bois au Gabon, la surexploitation à outrance. Il faut que nos agents EF fassent mieux leurs travail, qu’ils ne laissent pas impunis les pilleurs sans vergognes sans tirer.

  6. corto dit :

    Je croyais que tous les maux du Gabon venait des français, anciens colonisateurs et corrupteurs et qu’il valait mieux avoir des entreprises chinoises. Vous être vraiment d’une nullité sans nom.
    Vu votre niveau de corruption, n’importe quel guignol étranger fera fortune en donnant 1000 francs aux autorités pour fermer les yeux

  7. Plutonium 241 dit :

    Il n’est pas encore interdit de critiquer la grande france , mais on nous rabâche à longueur de temps que ce sont désormais les chinois les méchants derrières tous les méfaits . Et là on apprend quand même ce sont les gentils camemberts qui puent qui encouragent nos corrompus locaux ) nous faire souffrir. D’ici que l’on apprenne qu’ils encourage tout ce désordre conformément aux prédictions de leur servile meilleur agent de railler de la carte le Gabon si on les dégage (ce qui ne saurait tarder) il n’y a qu’un pas.

  8. Francis dit :

    même les chauffeurs de grumiers sont chinois!!!

    INCROYABLE!

  9. l'enfant de Bakouaka dit :

    Je ne préjuge pas d’avance des qualités de Lee White dans la gestion de la forêt, mais je comprend mieux pourquoi il fallait donner ce signal là en le nommant ministre.
    C’est nous-même gabonais qui tuons notre pays depuis des décennies…

  10. Plutonium 241 dit :

    au regard de la part minime que représentent les Gabonais ds cette industrie avant pendant et même bientôt après le départ des pourris toutes catégories( c’est quand même eux et non des martiens qui ont autorisé encore un autre désordre qu’ils n’arrivent plus à gérer) cette thèse s’effondre tout comme celle qui veut que , parce que tout le monde voit désormais ce que faisaient depuis les camemberts qui puent le font, il est interdit de critiquer Curieuse logique …

  11. Plutonium 241 dit :

    Rapports après rapports, scandales après scandales, (Merci les enquêteurs), on remarque le silence complice des faquins et de leurs gouvernements de pacotille. la république bongomaboulienne est devenue folle et incontrôlable. il n’y a plus un domaine d’activité qui ne soit en proie au dépérissement de tout : écoles, santé,infrastructures,là forets et mêmes à l’intérieur nos valeurs civilisationnelles. La corruption boostée par les faquins est derrière tous ces dysfonctionnements. Il est grand temps de prendre soin des conséquences des débilités de ces gens(et leurs complices dont certains reconnaissent même en faire partie depuis 30ans sic!) en les dégageant de notre espace.

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