Depuis plus d’une année, l’Institut gabonais de l’image et du son (IGIS) n’a pas de directeur général. La directrice de la Production qui assurait l’intérim du directeur général a été, elle aussi, appelée à faire valoir, il y a quelques mois, ses droits à la retraite. Drôle de situation dans cette entreprise publique, creuset du cinéma national, qui ne manque pas de personnel qualifié !

«Où vas-tu Koumba ?», l’interrogation-titre du premier feuilleton gabonais (1970) pourrait être parodié dans la situation actuelle du cinéma gabonais : Où vas-tu Igis ? © Calameo

 

La situation que vit l’IGIS et qui bloque de fait son fonctionnement est incroyable. Sans directeur général titulaire ou intérimaire, l’ex-Centre national du cinéma a, aujourd’hui, beaucoup de mal à fonctionner dans la normalité.

Appelée à faire valoir ses droits à la retraite depuis le 1er mars dernier, Denise Agnossi qui fait jusque-là office de directeur général, ne l’est en réalité qu’à titre conservatoire : elle a été placée à ce poste à travers une note interne et n’a jamais été nommée en Conseil des ministres, comme ce fut le cas pour Henri Joseph Koumba Bididi, son prédécesseur, et tous les autres DG de l’histoire de la structure. Le navire amiral du cinéma gabonais est donc sans capitaine actuellement. Mauvaise nouvelle de la toile, le site de l’institut (http://www.igisgabon.com/ ) est suspendu, faute de paiement à l’hébergeur.

Le Gabon pas régulièrement formé dans le secteur du cinéma

Et on découvre que les choses sont plus compliquées qu’il ne parait, l’Etat n’ayant pas régulièrement formé dans le secteur du cinéma. Selon les textes de l’administration publique, en effet, il faut au moins 10 ans de carrière et être un agent de catégorie A1 pour occuper la direction de l’Igis. Il ne suffirait donc pas d’un simple claquement de doigts pour y procéder à des remplacements. Après le départ à la retraite d’Henri Joseph Koumba Bididi, Clément Okindja et Roland Duboze, des cadres bien formés existent, mais ils ne pourraient pas prendre la relève.

Même s’il est réputé s’être auto-marginalisé de la direction des affaires, Marcel Sandja devrait faire l’affaire. Mais, dans les couloirs, on lui reproche de manquer des aptitudes d’un meneur d’hommes et de fonctionner au ressenti. Également cité comme l’un des plus anciens, Thierry Magnaga n’est pas de catégorie A1, tout comme Nzanga Terence Mapangou qui fut DGA. Il se trouve que tous les autres agents et cinéastes de l’Igis manquent, soit d’une décennie de carrière, soit de niveau et catégorie requis. Seule solution pour bien d’observateurs : ramener Imunga Ivanga, DG de l’Igis de 2009 à 2014. Si celui-ci est actuellement PCA de cette structure, ce poste est littéralement une coquille vide n’ayant été créé, en 2016, que pour lui trouver un parachute lorsqu’on a voulu confier à quelqu’un d’autre le groupe Gabon Télévisions dont il était devenu le directeur général.

Imunga Ivanga a pour lui d’être un agent de catégorie A1 et d’avoir un curriculum vitae qui parle pour lui. Le réalisateur de «L’Ombre de Liberty» est actuellement la solution idoine, même si certains estiment que n’importe quel administrateur sorti de l’Ecole nationale d’administration (Ena) ou de l’Institut de l’économie et des finances (IEF) ferait l’affaire. Une solution contestée par bien d’anciens cadres du cinéma gabonais estimant qu’il faut, à la tête de l’Igis, quelqu’un ayant une bonne connaissance des dossiers et des circuits internationaux du cinéma. Bref.

« Le ministère ne regarde pas assez l’IGIS »

Au-delà de tout, le sentiment généralement répandu est que «le ministère de la Communication ne regarde pas assez l’IGIS. Il n’a pas un regard synoptique sur l’ensemble des services et entreprises dont elle assure la tutelle. Ils auraient déjà opéré des nominations. Il y a là-bas une sorte de Je-m’en-foutisme incompréhensible et inacceptable», ainsi que le regrette un agent de l’Igis. Pour celui-ci, l’Igis a du mal, ces derniers mois, à fonctionner «dans la normalité», surtout avec les modiques 10 millions de francs CFA qui lui sont versés chaque mois au titre de la Redevance audiovisuelle et cinématographique (RAC). «Avec cette somme, on ne peut rien faire», souligne notre agent.

Bon an mal an, l’Igis réalise au moins une grosse production tous les trois ans et de nombreuses petites productions annuellement qui font l’honneur du Gabon, avec les trophées ramenés des rencontres internationales où elles sont présentées. Cinq cinéastes ont dirigé cette institution depuis sa création en 1970 : Philippe Mory, Simon Augé, Charles Mensah, Imunga Ivanga et Henri Joseph Koumba Bididi.

 
GR
 

6 Commentaires

  1. bassomba dit :

    Marcel Sandja ferait bien l’affaire!

  2. Mam Koumb dit :

    Qu’est-ce qui vous surprend.
    Le cinéma n’intéresse pas les politiques car certains estiment que ce n’est pas d’eux dont ont parle dans les films . Comment comprendre que le meme ministère qui gère la communication, trouve un fond pour la presse qui leurs faits des éloges ou les vilipende (pourvu qu’on parle d’eux)
    Mais ce même ministère qui depuis quelques années prend la somme de 500 f à toute personne vivant au gabon pour une taxe de L’Audiovisuel…on ne (argent géré directement par le cabinet du ministre) ne trouve pas de quoi financer le CINÉMA.
    Le cinéma aurait du etre sous la tutelle de la culture…et pas de la Communication.
    Vous imaginez la caistab…ou Oprag …ou meme Gabon télévisions sans DG pendant 1 ans …mai non
    …mais comme il s’agit du cinéma…et bien …ce n’est que du CINEMA

  3. Victorine Moreau dit :

    C’est au pied du mur qu’on juge la maçon. Marcel Sandja est tout indiqué pour ce poste au regard des parcours des uns et des autres.

  4. wil dit :

    Cet article ressemble à une commande de quelqu’un en manque de légitimité qui veut éliminé ses concurrents potentiel au poste de DG à L’IGIS.Dire cela de Marcel SANDJA c’est être mal informé et c’est dangereux si ceux qui sont sensés nous informer sont mal informé.

  5. Fernand LEPOKO dit :

    Jugement de valeur concernant Marcel SANDJA. « La solution idoine » que l’on recherche ici ne serait sans doute pas une sinécure pour l’igis. En outre, nous ne sommes pas dans Game of thrones et l’igis n’ est pas le trône de fer.

  6. Moussopo Lucien dit :

    Cet article est téléguidé pour faire revenir Imunga Ivanga à la tête de l’IGIS. Il a fait son temps à la tête de cette institution et il est temps de penser à d’autres cadres. Marcel Sandja fait très bien l’affaire.

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