C’est peut-être le dernier article que publiera Gabonreview, la Haute autorité de la communication (Hac) ayant infligé à son éditeur originel, l’hebdomadaire « L’Aube », une interdiction de paraître durant 3 mois et à son rédacteur en chef une interdiction d’exercer de 6 mois. Membre l’Organisation patronale des médias (Opam) s’étant insurgée contre ces sanctions et ayant décidé de la reproduction de l’article incriminé, Gabonreview, plutôt être sanctionné pour cela et crever, prend l’option solidaire de disparaitre en cas de condamnation par la Hac pour un article somme toute banal dans l’actuel contexte politique gabonais. Ci-après l’intégralité du texte ayant suscité le courroux de la Hac.

La une du journal ayant subi la «dérive autoritaire» et la «subjectivité» qui «tendent à devenir la norme au sein de la Hac». © Gabonreview

 

Avec un président hospitalisé à Ryad et des rumeurs alarmistes : Le Gabon en (très dangereux) pilotage automatique

L’absence d’Ali Bongo étant facile à constater, derrière lui, se met en place une machine qui capte l’autorité de l’Etat sans en avoir reçu aucun mandat du peuple… Où est Lucie Milebou épouse Mboussou ? Poser la question, revient à s’inquiéter des potentielles dérives nuisibles à la très fragile situation dans notre pays.

Auteur : David Otounga

Le 24 octobre 2018, AliBongo ayant pris l’habitude des voyages inutiles pour, dit-on, une diplomatie économique dont les résultats ne sont visibles nulle part, est pris d’un malaise à Ryad (Arabie Saoudite). « De fatigue passagère » qui ne passe pas – à « fatigue sévère », les mots d’Ike Ngouoni n’ont pas rassuré. Bien au contraire ! Et l’âme de la Nation gabonaise réclame « la transparence », rien que « l’information juste ». Le chef de l’Etat aurait besoin de repos. Légitime, dira Hervé Opiangah, Ali Bongo peut être pris de fatigue comme n’importe quel humain sur la terre et peut avoir besoin de repos. En toute logique, personne ne peut en douter. Mais, question très importante: puisqu’il n’est pas là, qui dirige donc le Gabon et qui prend les décisions pour assurer la sécurité des Gabonais et en incarner la volonté? Qui, à ce jour, peut légalement engager le Gabon ?

Quand on se dit républicain et légaliste, il faut le démontrer et aller jusqu’au bout de la logique institutionnelle. L’article 13 de la Constitution dispose qu’en cas d’absence temporaire ou définitive du chef de l’Etat, le président du Sénat assure l’intérim. Point barre ! Ceci est inscrit dans le marbre. En l’espèce, et selon le trio Ike Ngouoni, Hervé Opiangah et Guy-Bertrand Mapangou, Ali Bongo est absent pour une courte durée, puisqu’il ne s’agit que d’un repos, par ailleurs bien mérité au regard de l’intense « activité diplomatique qu’il a déployée ces dernières semaines et sur le terrain des réformes ». Son absence est donc temporaire et tout le monde lui souhaite de récupérer très vite. Seulement, puisque l’absence temporaire est avérée, pourquoi le Premier ministre, Issoze Ngondet, ne fait-il pas déclencher l’article 13 de la Constitution en faisant constater une vacance temporaire du pouvoir que nul ne peut contester ?

Pour assurer la continuité de l’Etat dans la logique constitutionnelle, il faut un homme ou une femme qui incarne la volonté du peuple. En 2016, les gens du régime ont dit que c’est Ali Bongo qui avait reçu mandat, face à Jean Ping, de présider aux destinées du Gabon. Même si cela est sujet à controverse, c’est bien Ali Bongo qui, théoriquement, a la légitimité déprendre des décisions au nom du peuple et qui exerce, du point de vue pratique, les fonctions de chef de l’Etat. Le seul critère qui vaille en démocratie, pour exercer les pouvoirs du chef de l’Etat, c’est la souveraineté du peuple. En l’absence d’Ali Bongo, c’est au président du Sénat d’en prendre la charge. Sinon, au nom de quoi, de qui, de quel principe, de quelle logique, un fonctionnaire de la présidence de la République, un responsable des renseignements ou un Premier ministre peut-il prendre des décisions qui engagent l’Etat ? Lequel d’entre eux a la légitimité pour cela ?

La réponse devrait se trouver sur le Boulevard triomphal, à la maison Georges Rawiri. Issue des collectivités locales, seule la présidente du Sénat est une élue du peuple, même si ce n’est pas au suffrage universel direct ; les autres sont nommés. Pour l’instant, les administrations fonctionnent, le pays est en roue libre. Mais jusqu’à quand ? Tant que les manigances donnent l’air de bien fonctionner, on s’exempte du respect de la loi. Mais combien de temps vont durer tous ces bricolages dignes de république bananière, et pendant combien de temps peuvent-ils résister à la pression de l’opposition et au bon sens républicain ? A la vérité, le pouvoir s’est tant menti à lui-même, que le temps est venu pour lui de « faire les choses dans les normes ». C’est cela le respect de l’autre et la démonstration de l’amour pour le Gabon, ce pays cher à son peuple !

 
GR
 

13 Commentaires

  1. inongo dit :

    Très courageux. Toute la presse devrait prendre cet exemple.

  2. Gab241 dit :

    C’est juste ça ? La hac sanctionne quoi là ?
    Quoi de nouveau dans cet article, ou de choquant ? Sincèrement, c’est tout ?

  3. Gab241 dit :

    Bravo et bon courage. J’espère que toute la presse suivra, parce que franchement dégueulasse.

  4. Marthe dit :

    En effet, très courageux, digne d’exemple et faisant preuve d’une solidarité entre media. Voilà comment commence le sursaut patriotique. N’a-t-il pas predit un dangeureux pilotage automatique? N’est-ce pas ce a quoi nous assistons? De plus ne devraient-ils pas lever les sanctions infligées à CE serviteur de l’information « juste »? Autant de questions qui aujourd’hui me retournent vers la sous disante HAC, haute authorité de la censure qui sans cesse viol la liberté d’expression de nos humble communicateur, ceux là même qui sans les  » pays serieux » sont les yeux et les oreilles du citoyen lambda. Et pour finir, à nos papas, maman, tontons et tantines je laisse ceci à votre bonne compréhension et surtout à votre libre INTERPRETATION:  » On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps. » Ayez honte parfois…
    Mais soyez rassurer, nous nous souviendrons de vous;)

  5. SERGE MAKAYA dit :

    NOUS DEVONS ALLER JUSQU’AU BOUT POUR LIBÉRER LE PAYS… https://www.facebook.com/starlyrols/videos/2209607249052183/

  6. Nang Abessolo dit :

    Si le machin la vous sanctionne,
    J’enverrai le feu de Dieu
    qui donne fatigue légère, puis sévère
    à tous ses membres.

  7. nyama dit :

    Bravo il faut se battre pour la liberté de la presse, mais aussi pour le mépris du peuple en piétinant la constitution comme on vient de le faire.

  8. jones dit :

    D’où vient la sanction ?

  9. JUST dit :

    Gabonreview, j’apprécie votre geste de solidarité qui est un sursaut patriotique. Lecteur de longue date de votre journal, j’accepte de m’en priver pour cette juste cause. Je ne vois pas ce qui est sanctionnable dans cette publication. il ne s’agit que de la vérité et les gens n’aiment pas la vérité. Bonne continuation en espérant que les autres vous suivront.

  10. AKOUMBOU Andy dit :

    En mettant de côté pour la cause mes griefs à votre encontre… Je vous soutiens et salut votre geste de solidarité.

  11. onero dit :

    Nous attendons que la BBC soit sanctionnée par la HAC ; pour avoir annoncé la prestation de serment de Mme MILEBOU présidente du Senat .Que le conseiller membre, porte parole de la HAC, Madame Lucie AKALANE vienne lire le communiqué comme cela a été fait pour Vision 4.

    Matchibi , Quand Dieu frappe vous n’y pouvez rien ( MBOURANTSOUO et consorts…)

  12. Hugues Steve N. Koumba-Binza dit :

    Qu’est-ce qui méritait la sanction dans de la HAC dans cet article? Il n’y a rien de nouveau, rien de choquant et rien qui menace la cohesion sociale ou l’ordre public.

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