Malgré les assouplissements apportés aux mesures adoptées pour lutter contre le Covid-19, notamment en ce qui concerne la réouverture des lieux de culte, l’ancien Premier ministre, Raymond Ndong Sima, a réagi le 19 octobre à cette actualité sur sa page Facebook. Il estime que le gouvernement veut, «de manière grossière, se saisir ainsi d’un prétexte pour s’immiscer dans le rituel chrétien et le vider de son essence et de sa substance».

Raymond Ndong Sima estime que le gouvernement veut «s’immiscer dans le rituel chrétien» en interdisant des activités dans le déroulement des cultes. © tv5monde.com

 

Les nouvelles mesures gouvernementales annoncées, le 16 octobre, par le Premier ministre, Rose Christiane Ossouka, visant à alléger les restrictions imposées dès la survenue du Covid-19, passent toujours mal du côté de l’Eglise catholique du Gabon. Elle persiste et signe. Elle ouvrira ses portent cinq jours avant la date fixée par le gouvernement, comme prévu. Dans ce bras de fer, relève l’ancien chef du gouvernement, Raymond Ndong Sima, l’interdiction concernant la distribution de la communion au cours des offices religieux «touche au fondement même de leur culte». «L’interdiction annoncée est une immixtion flagrante dans le déroulement d’un rituel qui constitue précisément le cœur du culte», a-t-il dénoncé.  Pour lui, cette décision « révèle le véritable objectif du gouvernement, à savoir la réduction au silence du discours moral».

Raymond Ndong Sima note également que «manifestement, cette mesure viole un point clef de l’Accord-cadre entre le Saint-Siège et la République gabonaise». «Celui-ci garantit en effet le libre exercice du culte», a-t-il précisé en faisant remarquer qu’«une telle décision, qui n’a aucune chance de prospérer, même en décrétant la persécution des intéressés, va bien au-delà des compétences du gouvernement qui veut, de manière grossière, se saisir ainsi d’un prétexte pour s’immiscer dans le rituel chrétien et le vider de son essence et de sa substance».

L’ancien locataire de l’Immeuble du 2 décembre souligne aussi que cette divergence entre le gouvernement et l’Eglise catholique du Gabon «se produit dans un contexte particulier». «Un nouvel archevêque vient de prendre ses fonctions à Libreville. Il hérite d’une situation de mécontentement au sein de l’église ou de nombreux prêtres et fidèles faisaient désormais le reproche à son prédécesseur de se montrer par trop conciliant avec le gouvernement».

Mettant en exergue plusieurs faits qui pourraient davantage expliquer ces crispations entre l’Eglise et le gouvernement, Raymond Ndong Sima fait remarquer qu’«on aurait tort de faire de ces divergences une question personnelle entre le nouvel archevêque et le ministre d’Etat chargé de l’intérieur, entre Iba ba et Matha». «Tout autre prélat à sa place ferait exactement de même», a-t-il fait savoir. Et de conclure son texte par ce propos : «certains considèrent que les libertés fondamentales garanties par la Constitution sont gravement bafouées. Après la dépénalisation (de l’homosexualité. Ndlr) qui a bousculé le préambule de notre Constitution ; la remise en cause de la liberté de culte, l’immixtion dans le rituel du culte catholique, la restriction des libertés de circuler sur le territoire, la mercantilisation des entrées dans les églises; la liste s’allonge et la dérive s’accélère. La crue semble inévitable».

 
GR
 

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