Gabon : la Centrale d’achats, une réponse structurante pour garantir quantité, qualité et prix
Dans la première édition de l’émission “Gouv Actu”, diffusée le 19 octobre 2025 sur Gabon 1ère, le gouvernement a levé le voile sur un projet ambitieux : la création d’une Centrale d’achats du Gabon. Cinq membres du gouvernement* étaient réunis pour en détailler les contours, parmi lesquels le ministre d’État Henri-Claude Oyima, en charge de la Lutte contre la vie chère. Ce qu’il faut en retenir.

Le ministre d’État, Henri-Claude Oyima, sur le plateau, le 19 octobre 2025. © Capture d’écran
La Centrale d’achats : une réponse à l’inflation importée
Face à une inflation largement dictée par les marchés extérieurs, le gouvernement entend reprendre la main sur l’approvisionnement des produits de première nécessité. Objectif : limiter la spéculation, garantir la qualité sanitaire et alléger le coût du panier de la ménagère. La solution proposée repose sur une centralisation des achats et une sécurisation des flux.
Les membres du gouvernement ont également revendiqué une vision stratégique visant à maîtriser l’offre pour agir sur les prix. Le projet, ont-ils dit, dépasse le simple contrôle des prix : il s’agit d’une refonte du système d’approvisionnement national. Les ministres ont souligné trois leviers essentiels :
– Réguler les volumes importés pour prévenir pénuries et spéculations.
– Traiter directement avec des fabricants internationaux pour garantir la qualité.
– Acheter en gros pour bénéficier d’économies d’échelle et réduire les coûts.
Pour Henri-Claude Oyima, «la Centrale d’achats a pour objectif principal d’assurer la quantité, la qualité et le prix.»
Un montage juridique et financier hybride
La Centrale prendra la forme d’une société anonyme dotée d’un capital initial d’un milliard de francs CFA, réparti entre l’État (37 %) et les principaux importateurs privés (63 %). Ce modèle de partenariat public‑privé vise à éviter un monopole étatique tout en assurant une gouvernance partagée.
Le financement reposera sur des crédits documentaires ouverts auprès de banques commerciales, avec des paiements différés (90 jours après réception des documents). Le gouvernement assure que ce mécanisme n’alourdira pas la dette publique ni ne nécessitera de subventions budgétaires récurrentes.
De l’achat à la distribution : un circuit maîtrisé
Le fonctionnement opérationnel de la Centrale s’articulera autour de plusieurs étapes :
– Sélection d’une cinquantaine de produits prioritaires (riz, huiles, pâtes, viandes, volailles…).
– Négociation et achat en gros auprès de fournisseurs agréés.
– Transport, contrôle qualité à l’arrivée, stockage dans des entrepôts nationaux.
– Distribution aux grossistes et détaillants au prix fixé par la Mercuriale nationale.
– Paiement aux fournisseurs selon les modalités bancaires convenues.
La Centrale détiendra le monopole d’importation sur ces produits : toute marchandise relevant de ces catégories devra obligatoirement transiter par elle et être identifiable.
Sécurité sanitaire : l’AGANOR en première ligne
La qualité des produits importés sera scrutée par l’Agence gabonaise de normalisation (AGANOR), chargée des contrôles de conformité :
– Vérifications chez le fournisseur et contrôle documentaire.
– Analyses à l’arrivée avant mise en marché.
– Retrait immédiat des produits non conformes.
«Nous voulons garantir la qualité des produits importés et protéger la santé des Gabonais», a déclaré Me Lubin Ntoutoume, ministre de l’Industrie.
Transparence et traçabilité par le numérique

Les membres du gouvernement impliqués dans le projet. © Capture d’écran
La digitalisation est au cœur du dispositif pour renforcer la transparence et lutter contre la corruption :
– Création d’une plateforme publique de suivi des stocks, prix et achats.
– Paiements digitalisés (QR, JMAC…) pour tracer les transactions.
– Traçabilité des produits via des codes vérifiables.
– Hébergement local des données pour garantir la souveraineté numérique.
Un levier pour les PME et la production locale
Au-delà de l’importation, la Centrale vise à structurer l’offre locale. En maîtrisant les volumes consommés, l’État pourra orienter ses politiques de soutien à la production nationale. Les ministres ont insisté sur :
– L’accompagnement des PME pour améliorer leurs capacités.
– L’accès à des financements dédiés (microfinance, BCG, fonds sectoriels).
– L’organisation de forums pour recenser et appuyer les producteurs (ex. poulet de chair).
Calendrier et indicateurs de performance
Le projet avance à grands pas, assure le gouvernement, indiquant que :
– Les statuts et le capital sont déjà déposés.
– Les premières importations sont attendues début 2026.
– L’indicateur clé : une baisse mesurable des prix des produits ciblés, suivie par l’Institut national de la statistique.
Vigilance et mécanismes de contrôle
Le gouvernement anticipe plusieurs défis et prévoit des réponses adaptées :
– Optimisation logistique pour éviter que les gains soient absorbés par les coûts de transport et de stockage.
– Lutte contre les importations parallèles et la contrefaçon via des contrôles douaniers renforcés et des dispositifs de traçabilité.
– Suivi rapproché et groupes de travail interministériels pour corriger les éventuelles erreurs de démarrage.
Ce que la Centrale promet aux Gabonais
– Une disponibilité garantie des produits pour contrer la spéculation.
– Une qualité sanitaire assurée par l’AGANOR.
– Une action directe sur les prix grâce aux achats en volume et à la distribution encadrée.
– Un modèle public‑privé autofinancé, sans impact sur la dette publique.
– Une transparence renforcée par la digitalisation et la traçabilité.
Une ambition nationale pour le pouvoir d’achat
La Centrale d’achats se veut une réponse structurelle à la flambée des prix et aux incertitudes sur la qualité des produits. Elle incarne une volonté politique forte : organiser l’offre pour protéger les consommateurs et stimuler la production locale.
Son succès reposera sur la rapidité d’exécution, la qualité des négociations internationales, l’efficacité logistique et l’intégration des PME gabonaises. Le gouvernement appelle à une mobilisation collective — administrations, opérateurs privés, consommateurs — pour que cette promesse devienne réalité dans les foyers.
* Henri-Claude Oyima (Économie, Finances, Dette et Participations), Louise Pierrette Mvono (Planification et Prospective), Zenaba Gninga Chaning (Commerce, Entrepreneuriat, PME‑PMI), Lubin Ntountoume (Industrie et Transformation locale) et Mark‑Alexandre Doumba (Économie numérique).

















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