Selon Reporters sans frontières (RSF), le Gabon passe de la 117ème à la 105ème place. Loin d’être le signe d’une amélioration de la situation, ce bond est la résultante de la faible activité de la Haute autorité de la communication (Hac), engluée dans des problèmes internes depuis septembre 2020.

RSF livre une analyse politico-institutionnelle de la situation de la presse au Gabon : la stratégie du tout-répressif et la Haute autorité de la communication (Hac) sont particulièrement mis à l’index. © Gabonreview

 

Plus de trente ans après la Conférence nationale, la liberté de presse est toujours en péril. Publié le 3 mai courant, le rapport de Reporters sans frontières (RSF) le laisse penser. Malgré un bond de 12 places, le Gabon est toujours aussi mal classé, se situant à la 105ème place sur 180 États. Dans la sous-région d’Afrique centrale, il arrive loin derrière le Congo, la Centrafrique et le Tchad. Quand on connait la situation politique et sécuritaire de deux derniers pays cités, on peut se faire du souci. Confrontés à des rébellions armés, exposés à la menace terroriste, ils viennent quand même avant notre pays. «La culture d’une presse libre et indépendante peine à s’établir, y compris en ligne», tranche RSF. Ni glorieux ni honorable.

Des suspensions à la pelle

Comme toujours, RSF livre une analyse politico-institutionnelle de la situation de la presse : la stratégie du tout-répressif et la Haute autorité de la communication (Hac) sont particulièrement mis à l’index. Pêle-mêle, l’organisation de défense de la presse dénonce «l’influence du régime», le noyautage de la presse en ligne «par des médias créés par des proches du palais présidentiel» et, les attaques contre les organes «qui ne s’alignent pas sur le régime.» Fustigeant le mode de désignation des membres de la Hac, elle pointe le fameux article 55 de l’ordonnance n° 010/PR/2018 du 23 février 2018, «utilisé de manière abusive.» Comment expliquer cette charge pachydermique ? Il suffit de revisiter l’activité de la Hac depuis juin 2018, date de sa mise en place. Officiellement en charge de «la régulation du secteur de la communication», cette autorité administrative s’est très vite muée en père-fouettard, distribuant des suspensions à la pelle, y compris sur de longues durées.

Durant ses deux premières années d’existence, la Hac s’est comportée comme un outil de répression et de musèlement de la presse. Le «respect de l’expression de la démocratie et de la liberté de la presse» ? Elle n’en avait cure, préférant œuvrer au culte de certaines personnalités voire à la mise au pas des médias. L’«accès des citoyens à une communication libre» ? Elle s’en moquait royalement, s’efforçant de créer un climat propice à la propagande politicienne. Le «traitement équitable par les médias publics de tous les partis politiques et associations politiques reconnus» ? Ce n’était pas sa tasse de thé, certains partis d’opposition se voyant même interdits d’accès aux médias publics, comme l’Union nationale (UN) en fit l’expérience entre septembre et décembre 2019. Le «respect par les médias publics des règles et conditions de production, de programmation et de diffusion des émissions relatives aux campagnes électorales» ? Jamais elle n’en a fait son cheval de bataille, se contenant du minimum syndical durant les élections couplées d’octobre 2018.

Curieuse interprétation des textes

Dans sa volonté de confisquer la liberté de presse pour mieux brider le débat public, la Hac s’est livrée à une bien curieuse interprétation des textes, particulièrement les articles 36, 39 et 55 de l’ordonnance n° 010/PR/2018 du 23 février 2018. Pour couronner le tout, elle s’est appuyée sur lecture erronée de la loi n° 019/2016 du 09 août 2016 portant Code de la Communication. Bien entendu, elle s’est gardée d’évoquer les dispositions relatives à l’organisation d’«émissions-débats.» Jamais elle n’a invité les médias publics à s’ouvrir à toutes les sensibilités. Par contre, elle s’est érigée en police de la pensée, se substituant même à la justice. S’étant autorisée à suspendre des journalistes ou à leur interdire d’exercer, elle s’est outrageusement immiscée dans le fonctionnement de certaines rédactions, au risque de mettre en péril ces entreprises ou de priver d’honnêtes citoyens de leur gagne-pain.

Révélateurs d’une mauvaise compréhension du mandat de l’institution, ces abus traduisent aussi une faible imprégnation aux valeurs et principes démocratiques. Pour le plus grand malheur des médias, au grand dam des démocrates de tout bord, les autres institutions ont assisté à ce vaudeville sans mot dire. Ni la Cour constitutionnelle ni les juridictions de l’ordre administratif ni la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) et, encore moins, le médiateur de la République n’ont jamais appelé la Hac à la retenue. Dans un tel contexte, le passage du Gabon de la 117ème à la 105ème place ne doit pas être interprété comme le signe d’une amélioration de la situation. Tout bien pesé, ce bond est la résultante de la faible activité de la Hac, engluée dans des problèmes internes depuis septembre 2020.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. medzomekoure dit :

    Comment peut-on rêver d’une presse libre dans une république bananière où tout est est à cacher!!!une gouvernance chaotique , des crimes rituels et autres enlèvement de mineures à des fins fétichistes. Nous sommes dans le royaume de bel…buth…

  2. Gaëlle dit :

    Mr je viens pas pour des histoires mais d’une réalité que nous endurant depuis 5 mois s’il vous plaît aidé nous a faire entendre raison nous sommes même aller chez la personne concernée mais il reste sans réponse fiable
    Nous sommes tous Gabonais voilà leur numéro….01723382 …..055572830 retco

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