Il y a trop d’émissions programmant des vidéoclips sur la télévision gabonaise, trop de présentateurs qui n’ont pour seul mérite que d’avoir forcé le portillon du petit écran. La production locale de vidéoclip est d’ailleurs elle aussi en nette régression qualitative. Où sont donc les enfants ou petits frères des Didier Ping, André Ottong et autres Thierry Animba ?

Bad TV Gabon

«Avant le journal télévisé on danse. Après le journal, on danse encore», s’était indignée il y a quelques années une défunte grande dame du Gabon. Les caméras du Gabon ne sortent en effet que pour filmer de la danse. Dieu sait pourtant qu’il y a tant d’autres choses à filmer dans ce pays que si les caméras étaient autant utilisées qu’elles le sont pour le tournage des vidéoclips, le pays serait sans doute le champion d’Afrique du documentaire ou du reportage. Mais, puisqu’on ne filme que ça, il est légitime de s’étonner de ce que la qualité des vidéoclips gabonais soit si dégoûtante. Il est pourtant connu que plus on travaille dans une discipline, plus on s’y améliore. Ce qui est le contraire au Gabon.

Dans la première partie de l’histoire du vidéo-clip gabonais, les chanteurs se mettaient devant un bel immeuble de la capitale et faisaient réaliser leurs clip aux chorégraphies dignes de marionnettes désarticulées, avec tout au plus deux plans. L’immeuble des arcades a ainsi été filmé sous tous les angles jusqu’à ce que le défunt André Ottong vienne révolutionner les choses avec la chanson «Bovengagoye» de Vickoss Ekondo dont les scènes étaient inspirées des ballets et de la rigueur technique du film «Un Prince à New York».

Sur une longue période les clips gabonais ont eu du mal à se départir des normes posées par Ottong André : Ballets méticuleusement synchronisés, décors de villages africains, maquillages traditionnels ou guerriers, raphia et pailles en vrac. On se félicitait alors de cette facture particulière de la clipographie gabonaise.

Un nouveau tournant dans la modernité et la qualité fut pris avec le clip «Elone Show» de Vibration, shooté par Thierry Animba. Les Arnold Djoud et autres 3MJ vont user du genre jusqu’à la dépréciation. On fera l’économie de l’apport éblouissant de Didier Ping qui introduira les effets spéciaux et ira jusqu’à faire construire des décors inexistants, à l’instar d’une soute de bateau négrier. Mais la bulle a fini très vite par crever. La musique gabonaise devenue l’échappatoire social de nombreux bons à rien, la qualité des vidéoclips est retombée au niveau zéro : les ballets suintent l’impréparation et le carrefour de l’ancien hôtel Dialogue, celui de l’immeuble du Pétrole et le jardin terre-plein situé en face de l’hôpital Jeanne Ebori sont redevenus les sempiternels décors des clips gabonais.

Alors qu’ils copient de manière éhontée tous les schémas américains, les rappeurs Gabonais, hormis ceux produits par Eben Entertainment, n’ont nullement produit de bons clips. Bien au contraire. Il s’agit pour la plupart d’entre eux d’exhiber quelques T-shirts faussement griffés et de rassembler sur le film tout ce qu’ils peuvent de potes, copines, cousins, beaux-frères et autres parents du village. Sans doutent pensent-ils que la grande gueule suffit à faire un bon clip. On ne copie Dr Dre, Jay-Z ou 50 cents que dans les vêtements et la rage.

La saturation de ces clips de piètre qualité atteint son comble avec le nombre d’émissions de télévision dédiés aux vidéo-clips. Notez, «Vibe», «Project One», «100 % Gaboma», «Hip Hop Groove», «FiestAfrica», «La Totale» et on en passe ; que d’émissions de visionnage de clips ! Que de remplissage inutile des grilles des programmes ! Dire que ces clips servent déjà d’interlude sur les mêmes chaînes de télévision dès que celles-ci n’ont rien à programmer. Certaines chaînes de télévision vont jusqu’à avoir trois émissions passant des vidéoclips sous le prétexte d’une catégorisation par genre. Piètre argument lorsqu’on sait que Soul, R n’ B et Hip Hop sortent du même creuset et constituent simplement différentes facettes d’une seule et même réalité, la culture urbaine.

Incapables de trouver une idée d’émission originale, bon nombre de prétendus présentateurs de télévision au Gabon se sont résignés à n’être que des passeurs de clips. Ils font de surcroît rire les téléspectateurs en accompagnant leurs programmations de quelques news et lieux communs connus de tous parce que glanés sur Internet ou dans la presse jeune que leur public découvre bien souvent avant eux. En ce siècle de l’Internet et de la prolifération des journaux que peut bien apprendre un Must Omar, un Calvin ou un Lionel Sympa à un jeune Gabonais réellement branché. Sans doute ces derniers ont-ils un public : les jeunes villageois privé d’Internet ou d’antennes paraboliques. Stop making non sens !!!

 
GR
 

17 Commentaires

  1. Yves dit :

    Mais voyons, n’est-ce pas l’émergence à la gabonaise d’élever la connerie en norme sociale ?

    • francky dit :

      tres bel article;je crois que c’est la premiere que je lis un article aussi objectif et aussi critique,bravo a son auteur.
      nos dirigeants ont l’art de ne promouvoir que la mediocrité et tres sincerement quand je suis avec des amis a l’etrnager j’evite toujours de mettre cette chaine de tele gabon car ca me met tellement la honte que mes amis ont l’impression que les gabonais sont des broussars;c’est vrai qu’on doit promouvoir la culture gabonaise mais de grace arreté avec ces clips d’animation!vous rendez vous compte que ces clips sont sur satelite!!!!

      pourquoi ce sont les nuls ki sont au devant de la scene et les talents comme annie flore,tita nzebi,nanette etc sont privés de cet ecran dit national;

  2. Jules dit :

    il n’Ya de bonne chaîne de télévision que s’il ya de beaux programmes .

    pour avoir une grille de programme pertinente, il faut. des budgets de production conséquents.

    Doit ont pointer du doigt les animateurs où leurs employeurs?

    • regis dit :

      bravo jules c est ça meme tu sais les dg de nos télés ne connaissent pas la télé ils sont meme jaloux du succes de leurs animateurs ils ne savent pas l animateur est à l image de la télé pour laquelle il bosse

  3. L'indigné dit :

    Très bon article! des yves mitoumba ou autres yves oyone qui passent d’animateur d »espace jeunes » à présenteurs de JT on ne comprend plus rien.C’est comme si Cauet se retrouvait par enchantement à la place d’un pujadas au jt de France 2! Mais que peut t-on espérer de ces médias quand un DGA prononce la molécule H2O (Hach deux O)formule chimique de l’eau, H20 (hach vingt)?
    Quant à la qualité décroissante des clips gabonais bien qu’on puisse s’imaginer que c’est en partie dû au manque de moyen mais c’est surtout en grande partie dû à un manque évident de production et de création intellectuelle!!!
    Enfin, pour ce qui concerne ce qu’a dit l’ex première dame elle fait dans la langue bois.On sait tous que si nos journalistes confondent aujourdhui communication et propagande c’est parce qu’ils tiennent à chanter les louanges de son chéri coco le Raîs.Faut pas qu’elle nous fasse ça hein, on n’a qu’à se respecter comme disent les ivoiriens!

  4. ayong dit :

    Vivement le retour de TV+ !

  5. regis dit :

    ya pas de télé au gabon

  6. Pap'do dit :

    Belle analyse dans cet article! Pour la petite histoire, Thierry Animba a commencé dans le métier, avec Didier Ping, du temps de Star Vision, pour ensuite évoluer vers ce que vous reconnaissez de lui aujourd’hui. Faut-il pour autant que dans notre pays, on considère le talent de quelqu’un, toujours « post mortem »???
    Ce serait dommage pour cette nouvelle génération de jeune producteurs gabonais! Que Didier Ping revienne aux affaires dans le pays, afin de servir de point de repère et peut-être d’exemple pour les jeunes qui le souhaitent…

  7. Francis dit :

    la télévision gabobnaise souffre du manque de professionnalisme cela n’a rien à voir avec l’employeur. quand on est professionnel quel que soit ton employeur ceux qui te regarde s’auront reconnaitre ta valeur. j’ai entendu le journaliste dire « hash 20 » e me suis dis c’est surement une nouvelle formule que je ne conais pas! les clic sont devenu n’importe quoi et la chaine dite « gabon télévision » prefaire mettre ca que de passer une batchelilys qui a disparu des écrans juste à cause de ses opinions et de sa libre expression. j’ai été à école avec certains de ces jounaliste qui sont des vedettes aujourd’hui à « gabon télévision mais je suis surpris parfois de voir qu’on leur demande de faire des choses qui ne corresponde pas à leur formation.
    enfin tout ca c’est aussi l’émergence donc continions à avancer et regardons l’avenir ensemble.

  8. Jean Pascal N'DONG dit :

    Bonjour à tous.
    Très bel article par son contenu et sa structuration. je voudrais cependant vous inviter à mettre chaque élément dans son contexte. En somme, la qualité structurelle et artistique d’un clip n’est nullement liée au canal de diffusion de ce clip, encore moins à l’animateur qui le lance à l’antenne ou au contenu d’une grille des programmes. N’étant pas professionnel du domaine artistique, je ne me lancerais pas dans ce débat mais j’ai aimé la description évolutive de la qualité des clips au Gabon.
    S’agissant de la télévision, voire la radio, le premier élément repose sur le statut. Vous avez les généralistes, les thématiques et maintenant les confessionnels. La confection d’une grille des programmes demeure tributaire de ces différents statuts dans la mesure où la détermination des différents coeurs de cible ont été identifiés. Et là, je suis d’accord avec Francis, Régis et l’indigné. Il faut savoir pourquoi faisons nous de la télévision, quelles sont les aspirations de ceux et celles qui nous regardent? quelle touche originale pouvons nous leurs apporter? mais hélas!! bon nombre d’acteurs de la télévision travaillent plus pour eux que pour ceux à qui sont destinés ces programmes. La formation reste également un domaine non négligeable. Ceci, pour dire à Jules qu’avec tous les budgets du monde, si vous n’avez pas un animateur bien formé, capable de perspicacité, vous aurez toujours des émissions  »bouche trous ». je partage aussi le point de vue de celui qui a parlé des managers. L’on ne peut s’improviser manager d’une télévision ou d’une radio si l’on ne maîtrise pas les contours du secteur. Plusieurs de ceux là ne savent pas que la législation gabonaise, à travers le code de la communication, définit des quotas de diffusion de musique entre la Culture gabonaise et celles d’ailleurs. Ajouté à cela le caractère subjectif qui entoure parfois certains recrutements, vous avez la sauce difficilement digérable qui vous est actuellement servie. Bonne journée à tous.

    • Jules dit :

      L’indigné c’est comment ? On peut bien passer d’animateur à journaliste à condition de se recycler. sans vouloir les défendre les 2 Yves indexés, ils sont bien diplômes en journalisme.

      A mon avis, les clips sont biens meilleurs aujourd’hui qu’hier et j’en veux pour preuve, Nicole Amogho, Amandine, Patience Dabany, arielle T, massassi, jojo, koba, baponga, movaizhaleine, nadège mbadou… je peux même affirmé qu’avec des « réal » comme, fabass, daf, ultramax, zang, ollamage… la relève des PING, ANIMBA, OTONG est plus qu’assuré

      Pourquoi le médiocre est devenu la norme alors qu’en matière de clips, il y a largement de quoi faire ?

      Mon ainé Jean pascal NDONG, pour parler comme au quartier, tant que les télés ne fourniront pas les clips aux animateurs, ils continuerons à diffuser des Mp4 téléchargés ou achetés a 500 FCFA au marché. De même que s’ils ne sont pas payés, ils succomberont toujours au charme du gombo. Et comme ce sont les médiocres en général qui payent…. nous connaissons la suite

  9. Yves dit :

    Que les avocats du diable viennent me contredire, mais voici mon avis.

    Le pourrissement des media gabonais, en tête desquels Télé Gabon, n’est que le reflet du conditionnement de médiocrité et d’un esprit de routine presque mécaniquement rébarbatif qu’imposent le régime à presque l’ensemble des composantes médiatiques du Gabon. Les seuls qui résistent encore passent dorénavant beaucoup de temps à se justifier devant les éléments de la police judiciaire. Pour illustrer mon propos, je vous prends à témoin en vous rappelant qu’à chacune des tournées d’Ali Bongo dans les provinces du pays, en aval comme en amont de ces visites, on assemble précipitamment des « artistes » douteux des dites provinces qui mettent en boite des chansons d’une nullité difficilement égalable, à la gloire du babouin national. On fait faire des clips en plus consternants à ces soit disant artistes qu’on balance en boucle sur Télé Gabon du beau frère David Ella Mintsa. Cela peut durer une semaine. Comment voulez vous cultiver l’excellence et la compétitivité avec des conneries pareilles? Tout ceci pour vous dire que la télévision gabonaise est ce qu’elle est parce qu’on veut qu’il en soit ainsi.

  10. MouNziRa dit :

    Sa c’est un putain d’article… Stop making non sens!!!! Sisi

  11. l'incompris dit :

    Tres bel article, chapeau a son auteur!!! c’est tellement rare ce genre d’article objectif et pleins de sens!!!

  12. Chewikoko dit :

    Bonsoir à tous ! là je suis morte de rire, vos commentaires sont trop vrais,…autant qu’ils sont je suis d’accord. Alors qu’est ce qu’il faut ?

  13. Ndambo dit :

    Bel article ! Certains clips sont aussi nuls que les artistes eux-mêmes. Il y’a une prolifération de chanteurs fabriqués avec pour but de faire de l’ombre à ceux qui ont vraiment reçu ce don de Dieu. Certains sont sauvés par la qualité du clip et les reprises de chants populaires, lorsqu’on se concentre sur leur propre création on est vite déçu. L’art au Gabon est une affaire de connaissance politique, si vous ne chantez pas les louanges du système vous êtes ignorés. Quel talent a Arnold Djoud si ce n’est les reprises des chants fang et le plagiat d’autres artistes ? Comme il est soutenu par ceux qui tiennent le Gabon, on nous soûle avec son pseudo talent. Arielle T fabriquée de toute pièce avec des chansons nulles, Thierryl Mbina belle voix mais fait du forcing dans la chanson, il doit se concentrer à reprendre celles des autres, Aïcha Wanell a plagié la chanson de Papa Wemba »Yé té oh », heureusement pour elle ça ne peut pas tomber dans ses oreilles. La liste des pseudos artistes musiciens est longue, nous vivons sous l’imposture depuis le sommet de l’Etat et le Gabon est à l’image de cette médiocrité. Ce pays n’a jamais autant été humilié avant l’arrivée de cette malédiction venant de nulle part et n’ayant aucune origine. Pendant que certains pays sont connus grâce à leurs artistes, le Gabon lui est connu et reconnu pour ses crimes rituels, la honte !

  14. Elvire Yeletsimba dit :

    Bel article tant sur le fond que sur la forme. C’est suffisamment rare pour être relevé. Je partage l’ensemble du contenu de ce texte, mais également les réactions qu’il a suscitées. Je voudrais saisir cette occasion pour attirer l’attention également sur l’indigence des journaux télévisés de Télé Gabon. Nos journalistes réalisent-ils qu’ils sont regardés au-delà de nos frontières. Des étudiants de 1ère année de n’importe quelle école de journalisme feraient largement mieux. De grâce que quelqu’un fasse quelque chose pour expliquer à nos journalistes (à l’exception de 2 ou 3 d’entre eux que je ne citerais pas pour leur éviter des représailles)qu’ils ne s’adressent pas à leur famille ou amis, mais à plusieurs milliers de personnes.

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