Reconnu comme une préoccupation mondiale, le conflit homme-faune sévit au Gabon où les plaintes des populations permettent de cartographier les zones impactées. Alors que plusieurs hypothèses expliquent l’amplification de ce phénomène dans le pays, les acteurs œuvrant pour l’atténuation de ce conflit sont formels : il faudra vivre avec.

Une image illustrant le conflit homme-éléphant au Gabon . © D.R.

 

Entre vidéos circulant sur la toile montrant au Gabon des éléphants «cohabitant» avec les populations et faits divers faisant état des sorties d’éléphants à l’origine de décès d’hommes, le conflit homme-éléphant continue d’inquiéter plus d’un. Dans le pays, a fait savoir la directrice générale adjointe de la Faune et des aires protégées (DGFAP), lors d’une conférence de presse ce 24 juillet, ce conflit sévit partout. Les plaintes des populations, a-t-elle expliqué, permettent de cartographier ce conflit avec à la clé, l’identification des zones les plus impactées et autres. «Il y a des zones comme celle de Bitam où il n’y a pas trop de conflits homme-éléphant», a déclaré Michelle Ngwapaza.

Les plaintes des populations, un indicateur majeur

Selon elle, là-bas il existe d’autres conflits avec certains primates dont les chimpanzés, mais assure-t-elle, «toutes les autres provinces du Gabon sont considérées comme zones où sévit vraiment ce phénomène avec des pics dans des zones très éloignées des villes». Le Gabon, a rappelé Aimé-Serge Mibambani, le directeur de la gestion de la Faune et de la chasse auprès de la DGFAP, est couvert à près de 88% de forêt. Étant devant une espèce dite éléphant de forêt, le pachyderme se retrouve donc partout. «Plus il y a des personnes qui se plaignent, plus on considère que cette zone est un hotspot», a-t-il insisté. À la question de savoir qu’est-ce qui explique l’amplification du phénomène, ils émettent plusieurs hypothèses.

La première tient du fait que le Gabon est considéré comme une zone refuge. Entouré d’autres pays où sévissent des conflits armés, les éléphants s’y réfugieraient tant les conflits armés qui se développent dans les pays voisins poussent la faune sauvage vers des zones un peu plus sécuritaires. La deuxième est liée à la faiblesse démographique dans les zones rurales et dans le pays en général. «Il n’y a pas beaucoup de populations. Donc les animaux se sentent un peu plus en sécurité que dans les pays où il y a plusieurs populations», a déclaré Michelle Ngwapaza. La troisième émise sur la base d’études scientifiques dont celle menée au niveau de la Lopé, est relative au fait que le pourcentage de fructification des plantes servant de nourriture à ces éléphants a énormément diminué.

À l’origine de l’amplification du conflit

«Lorsque les éléphants n’ont pas suffisamment mangé à un endroit, ils vont se mouvoir pour chercher la nourriture», a expliqué Aimé-Serge Mibambani. Selon lui et Michelle Ngwapaza, cette situation est consécutive aux effets du changement climatique. Des études y relatives démontreraient que les populations d’éléphants ne trouvent plus assez de nourriture dans les forêts. Ce qui les pousserait à se rapprocher des zones d’utilisation villageoise. La quatrième hypothèse, l’exploitation forestière. «Il faut souligner qu’au Gabon les espèces servant pour l’alimentation de ces animaux sauvages ne sont pas exploitées, mais l’exploitation forestière avec la destruction des habitats fait en sorte que les populations d’éléphants se rapprochent des zones villageoises», a indiqué Michelle Ngwapaza.

En clair, l’habitat des éléphants serait détruit par le défrichage de la forêt qui perturberait tout aussi leur corridor. À cela s’ajoute une cinquième hypothèse liée au braconnage. «Après ça reste des hypothèses», a dit Michelle Ngwapaza. Selon elle, des études devront être menées et approfondies pour comprendre le comportement de ces populations d’éléphants. Notamment, pourquoi elles se rapprochent de plus en plus des zones d’utilisation villageoise. Mais en attendant ces études, Aimé-Serge Mibambani est plutôt formel : «la vérité c’est que nous n’aurons pas la capacité d’arrêter ce conflit», a-t-il affirmé invitant à se concentrer sur les méthodes d’atténuation. Au nombre des solutions au Gabon, les clôtures électriques mobiles.

 
GR
 

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