Du fait des manquements de Guy-Patrick Obiang Ndong, le gouvernement aurait l’air fin en maintenant les limitations des libertés préconisées dans le cadre de la lutte contre le coronavirus.

«Force doit rester à la loi», martèle systématiquement le gouvernement. Or, Guy-Patrick Obiang Ndong a violé la loi sur les catastrophes sanitaires, tombant sous le coup d’un flagrant délit. Si son statut lui confère un privilège de juridiction, l’exécutif est au pied du mur. © Gabonreview

 

Les mesures et limitations des libertés, préconisées dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, font-elles encore sens ? Pour le gouvernement, la réponse coule de source : la pandémie n’étant pas encore maîtrisée, le port du masque, les gestes barrières et l’interdiction des rassemblements doivent être maintenus. Seulement, depuis quelques jours, le ministre de la Santé est au centre d’une polémique : en visite à Oyem, Guy-Patrick Obiang Ndong a pris un bain de foule, se rendant coupable de manquement à l’éthique, à la responsabilité et à la morale publique. Bien entendu, la colère de l’opinion ne s’est pas fait attendre, la plateforme citoyenne « Touche pas à ma terre » s’autorisant à demander au «président de la République et (à) la Première ministre (de) tirer toutes les conséquences politiques de cet acte».  En d’autres termes, Jean-Valentin Léyama, Marcel Djabioh et leurs amis exigent la démission ou le limogeage du membre du gouvernement.

Ali Bongo et Rose Christiane Ossouka Raponda au défi

Si le ministre de la Santé peut nier être l’initiateur de cet accueil, une telle manifestation ne saurait être spontanée. Au vu des banderoles, de la présence du gotha administratif, de l’implication de son service du protocole et même de sa propre attitude, on peut penser à un événement rondement organisé. Ne pouvait-il pas prendre les devants en demandant aux officiels locaux d’observer la discrétion ? Ne pouvait-il pas exiger la dispersion de la foule ? Pourquoi avoir fait filmer tout cela ? S’il trouvera toujours des explications, Guy-Patrick Obiang Ndong a violé la loi sur les catastrophes sanitaires, tombant sous le coup d’un flagrant délit. Le gouvernement peut-il se murer dans le silence ? Sauf à laisser s’insinuer l’idée d’une République à plusieurs vitesses, on ne peut le penser.

D’ailleurs, s’élevant contre «la différence de traitement des citoyens devant l’urgence sanitaire», les membres de « Touche pas à ma terre » disent se réserver «le droit de saisir les juridictions compétentes». En leur entendement, cet acte appelle des sanctions. Autrement, «nul autre ne saurait se soumettre à (des) dispositions devenues discriminatoires.» C’est dire si le ministre de la Santé vient de marquer contre son camp. C’est aussi dire si les deux principales têtes de l’exécutif – le président de la République et la Première ministre – voient leur autorité mise en jeu. C’est enfin dire si la crédibilité du gouvernement se trouve ici engagée. Comme pour mettre Ali Bongo et Rose Christiane Ossouka Raponda au défi d’en prendre de la graine, de nombreux internautes n’hésitent plus à rappeler les cas de personnalités étrangères limogées pour avoir violé les restrictions liées à la lutte contre le coronavirus.

Devoir d’exemplarité

Si les choses devaient rester en l’état, le gouvernement deviendrait inaudible. Il aurait l’air fin en exigeant l’application de la loi sur les catastrophes sanitaires. Comment interdire des rassemblements de plus de 10 personnes quand un ministre, de surcroît en charge de la Santé, s’adonne à des bains de foule au vu et au su de tous ? Comment exiger le port du masque quand la même personnalité prend plaisir à congratuler des danseurs et choristes évoluant sans protection aucune ? Comment se montrer intraitable sur le respect de la distanciation physique quand des accueils dignes des stars du rock sont réservés à des membres du gouvernement ? En mai dernier, le ministre de l’Intérieur mettait en garde contre la violation des «mesures de riposte», promettant des «sanctions sous forme d’amendes ou de condamnations aux travaux d’intérêt général». Même si le statut de Guy-Patrick Obiang Ndong lui confère un privilège de juridiction, l’exécutif est au pied du mur.

«Le Gabon est un Etat de droit», a toujours proclamé le gouvernement. «Force doit rester à la loi», a-t-il systématiquement martelé. On voudrait le prendre au mot. On serait tenté de lui demander de s’appliquer les règles édictées par ses soins. Après tout, la crédibilité se construit, la confiance se mérite. L’une et l’autre s’enracinent dans l’égalité devant la loi. A l’inverse, elles se perdent dans les traitements de faveur, s’étiolent du fait des injustices. Pour ne pas nourrir «l’incivisme» jadis dénoncé par Lambert Noël Matha, afin de conjurer les risques de désobéissance civile, l’exécutif doit se plier au devoir d’exemplarité. Pour Guy-Patrick Obiang Ndong et Rose Christiane Ossouka Raponda c’est, peut-être, la première épreuve du feu. Pour Ali Bongo, c’en est une de plus.

 
GR
 

6 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Au Gabon la realite est tout autre, les Bongo, Mborantsuo et les pedegistes sont au dessus de la loi qui sert que de decoration et pour les petites gens. Ces sorciers n’ont jamais aime ce pays, ils ne foullerait ses lois a la moindre occasion. Et quand on sait qu’il est a la fois ministre de la sante et ancien responsable du copil, on despere que ces chefs du desordre puissent conduire ce pays ou que ce soit.

  2. Serge Makaya dit :

    Je ne lui donne pas raison, encore moins à cette population venue l’accueillir comme « un roitelet ». Je tiens à rappeler à ce ministre issu d’un régime corrompu, assassin et usurpateur qu’il est ministre non pas d’une ethnie, non pas d’un clan, mais ministre de la santé des gabonais.

    Mais bon, on comprend parfaitement que de tels comportements ne peuvent provenir que de personnes issues de ce régime diabolique des Bongo-Valentin. A Ntare Nzame!!

  3. La communication politique n’est pas bien maitrisée au pays. Dommage pour lui. Cependant, je ne comprends pas la reaction de l’ association « Touche pas à ma terre ». Elle est très ambigue. Est ce devenu un parti politique qui ne se l’avoue pas? Pour quel intérêt demander la démission de ce ministre? Bref, il ya trop de confusion. Le gabonais manque vraiment de sagesse.

  4. guypape dit :

    je pense que docteur patrick obiang à dépassé les limite ministre de sont état ancien Membre du copil il ne doit pas afficher de t’elle comportement face à la population se une manière des exposé le peuple aussi manque de competançe comment il peux mélanger l’association avec la politique je comprend que le poisson malgré qu’il fuit le traimail finie toujour par la trapé il doit démissioné il est le vrais juda après avoir arraché l’autre poste se aussi sont tour

  5. Ossou Biboulou dit :

    Tu es méchant haineux pour rien. Le grand risque c’est la contamination et non la réjouissance avec la population de son terroir. C’est pas possible!

  6. Bibang Serge dit :

    @Ntyam Joséphine. Vous manquez et de perspicacité et de sagesse. Touche pas à ma terre sont des citoyens qui ne peuvent plus rien faire à cause du Covid19. Ils ne peuvent plus se réunir mais votre soi-disant ministre lui peut réunir du monde comme il veut…

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