Que vaut réellement la recherche scientifique au Gabon ? La question taraude bien d’esprits depuis l’apparition des premiers cas de Covid-19 au Gabon. Alors qu’à travers le monde des initiatives scientifiques sont portées pour faire face à cette pandémie, en Afrique, et au Gabon en particulier, plusieurs se demandent comment s’organisent et se mobilisent les chercheurs.

Plusieurs dénoncent le mutisme des chercheurs gabonais face à la propagation du Coronavirus au Gabon. © D.R.

 

Le Coronavirus gagne du terrain en Afrique. Au Gabon, la liste des personnes atteintes ne cesse de s’allonger (21 cas positifs au 2 avril). Si des voix s’élèvent pour dénoncer les informations fantaisistes qui circulent sur les réseaux sociaux appelant par ailleurs, les populations à respecter les mesures barrières, d’autres se questionnent. «Comment se mobilise la recherche scientifique pour endiguer l’épidémie ? Quelles sont les initiatives portées par les chercheurs gabonais en ce sens ?» Pour ces voix, si le Gabon a mis en place un Comité scientifique sur l’épidémie du Coronavirus (CS Covid-19), placé sous l’autorité du Premier ministre, il reste que la recherche scientifique «est en veilleuse».

Côté sciences humaines, aucune, sinon, peu de publications visibles sur la pandémie. Jusqu’à lors, aucun projet porté par des scientifiques et choisi pour leur contribution à la lutte contre cette épidémie. Le Centre national de la recherche scientifique (Cenarest) et l’Institut de pharmacopée et de médecine traditionnelle (Iphametra) sont taxés d’aphones. Pourtant, dès les années 70, le Gabon a voulu poser les principes fondamentaux de la recherche scientifique en se séparant des organismes de la période coloniale. En créant l’Université gabonaise, assurent certains universitaires, l’idée était de doter à l’Administration des cadres de haut niveau capables d’apporter des solutions au développement du pays. «Aujourd’hui, l’Université s’est dotée de plusieurs chercheurs et enseignants de rang magistral chose qui n’était pas le cas il y a 30 ans», arguent-ils.

Avec l’apparition du Coronavirus dans le pays, d’aucuns se demandent «où sont ces chercheurs ? Que font-ils ? » Côté sciences dures, seuls le Centre international de recherches médicales de Franceville (CIRMF) et le Centre de recherches médicales de Lambaréné (Cermel) sont mis en contribution dans le cadre de la riposte engagée par le gouvernement. Cependant, le pays est doté de plusieurs structures de recherche. Parmi elles, l’Université des sciences de la santé (USS), l’Université des sciences et techniques de Masuku (USTM), des instituts de recherche scientifique et même d’une école régionale d’infectiologie tropicale. «Malheureusement on n’assiste à aucune animation scientifique, pour non seulement éclairer les populations, mais aussi proposer des solutions locales à la situation actuelle», s’est plaint Laurent, un jeune étudiant qui craint le pire depuis l’annonce des 3 derniers cas.

Si comme bien d’autres, il constate que «le débat scientifique est toujours absent», certains chercheurs se défendent. «Le pays ne tient pas compte de ce qu’il a. C’est à dire des savants. Une guerre contre un virus, ce n’est pas une affaire de politique, mais une affaire de chercheurs» s’est insurgé Simon Pierre Mvone Ndong, chercheur à l’Institut de recherches en sciences humaines (IRSH-Cenarest), philosophe de la médecine. Le problème dit-il, c’est la non-construction d’une stratégie scientifique sur la base des savoirs des chercheurs gabonais.

 
GR
 

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