Au Gabon, comme ailleurs sur le continent, l’âge moyen de la population et les conditions climatiques sont pour beaucoup dans la faible propagation du virus. Notre stratégie de riposte doit, par conséquent, dû en tenir compte.

Au Gabon, comme ailleurs sur le continent, l’âge moyen de la population et les conditions climatiques sont pour beaucoup à l’origine de la faible propagation du virus. Notre stratégie de riposte aurait, par conséquent, dû en tenir compte. © Gabonreview/Shutterstock

 

De prime abord, cette campagne vise un seul et unique objectif : lutter contre le développement et la propagation du covid-19. Principal résultat attendu, la limitation de la contagion. Le confinement, la modification du régime des funérailles, l’exigence de distanciation sociale, l’obligation de porter le masque dans les lieux publics, le lavage régulier des mains ou l’utilisation du gel hydro-alcoolique s’inscrivent dans cette optique. Mais on ne devrait pas s’en contenter. On devrait aussi songer à réduire les facteurs de risque : les maladies cardiovasculaires, le diabète, les pathologies rénales, les cancers et cirrhoses devraient faire l’objet d’une attention particulière. On devrait même inviter la population à une cure de vitamine C afin de renforcer les systèmes immunitaires. Surtout, on devrait organiser des campagnes de vaccination contre la grippe et la tuberculose, en milieux professionnel ou scolaire.

Discutable, contestable

De par le passé, notre pays a su lutter contre des épidémies en jouant de ses forces et faiblesses. Pourquoi en serait-il autrement aujourd’hui ? Pas du tout axée sur la prophylaxie, trop portée sur la thérapie, la stratégie du gouvernement suscite doutes et railleries. En absence de mesures de prévention, son efficacité reste à démontrer. Sans détails sur le protocole de soins, son efficience est sujette à caution. En développant une communication par le chiffre, basée sur le nombre de personnes infectées ou guéries, de cas symptomatiques ou asymptomatiques, le Comité de pilotage du plan de veille et de riposte contre l’épidémie à coronavirus au Gabon (Copil) a voulu accréditer une idée de départ : le seuil épidémique est atteint voire dépassé. Autrement dit, le Copil a cherché à justifier les mesures gouvernementales par un nombre précis de malades. Pour ainsi dire, il a fondé sa démarche sur un raisonnement à rebours, une sorte d’effet Pangloss. Fallait-il forcément parler d’épidémie ? Pourquoi ?

Tous les épidémiologistes le savent : en deçà d’un certain seuil, on ne peut pas parler d’épidémie. On ne peut non plus prendre certaines mesures, notamment celles se rapportant à la limitation des libertés publiques. En arrière-plan de la stratégie du Copil, il y avait, sans doute, l’envie d’accompagner le gouvernement. Il y avait certainement la volonté d’apporter des réponses aux prédictions alarmistes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). A grand renfort d’illustrations puisées dans l’actualité internationale, notamment aux États-Unis ou en Grande Bretagne, d’aucuns y voient de la responsabilité. Ils y perçoivent, au mieux, une forme d’anticipation et, au pire, un moindre mal. «Mieux vaut prévenir que guérir», assènent-ils. Discutable, à tout point. Contestable sur toute la ligne.

Réalités d’ailleurs

La prévention ne saurait être confondue à la limitation de la contagion. Pour réduire le risque de propagation du virusil faut préalablement dresser un état des lieux et se donner les moyens d’en assurer le suivi. Sur la base d’un protocole standardisé, une veille épidémiologique peut ainsi être mise en œuvre. Or, la très attendue campagne de dépistage peine à démarrer. Sur quelles données de terrain repose alors la stratégie du Copil ? Pourquoi semble-t-elle si figée et peu modulable au gré des évolutions ? Certes, une certaine bien-pensance fait ses choux gras des chiffres actuels. Certes, elle feint de se demander si la situation n’aurait pas été pire si les écoles n’avaient été fermées ou si le confinement n’avait été décrété. N’empêche, seule la réalité de terrain garantit l’efficacité d’une stratégie.

En effet, – et tous les experts convergent sur la question – ni le confinement ni la fermeture des écoles ne sont à l’origine de la faible propagation du virus en Afrique. Au Gabon, comme ailleurs sur le continent, l’âge moyen de la population et les conditions climatiques y sont pour beaucoup. Notre stratégie de riposte aurait, par conséquent, dû en tenir compte. Suspendre l’année scolaire, confiner la population ou la contraindre au port du masque, c’est faire en fonction des réalités d’ailleurs. Pourtant, face au sida ou à Ébola, notre réalité a été au cœur de notre stratégie. Ne faut-il pas y songer ? Faut-il continuer dans cette sorte de mimétisme improductif ? Au risque de permettre au covid-19 d’altérer notre vivre-ensemble et de déstructurer durablement notre société, il est peut-être temps d’y songer.

 
GR
 

9 Commentaires

  1. diogene dit :

    Faible propagation du virus ?
    Ne soyons pas si candide !

    D’une part les nombres ne peuvent être significatifs que s’ils sont crédibles. Or les gouvernements anti démocratiques siègent sur le mensonge systématique.
    De plus, la maladie possède une aura particulière, un rien honteuse dans l’inconscient collectif des populations maintenues dans l’ignorance et la duperie.
    Mieux vaut ne pas savoir ! gardons la tête dans le sable !

    D’autre part, le sida , ébola sévissent toujours et se propagent encore en Afrique.
    De nombreuses soi disant ONG continuent de pomper des subventions internationales sans que les populations ne ressentent le moindre effet…

    Qui veut faire un état des lieux du secteur de la santé chez nous ? Avec quels outils ? Avec quelle crédibilité ?
    Ce n’est pas pour rien que nos dirigeants préfèrent acheter des armes de répressions massives plutôt que des respirateurs…

    Enfin y a t il un risque à déstructurer nos sociétés dans la mesure où elles sont déficientes voire nocives ?

    Nous devions rester nomades , chasseurs, pêcheurs et cueilleurs vivant en petit groupe (moins de 150 individus) et nous serions toujours là comme les pygmées libres et heureux.
    Au lieu de cela, nous voici sédentaires, vivant dans des mégalopoles, consommant l’inutile jusqu’à épuisement de la planète, ivres de conquêtes coloniales, abrutis par des religions qui nous invitent à la mort quand notre seule richesse est la vie, « guidés » par des ambitieux prétentieux et orgueilleux voire carrément maffieux qui nous exploitent jusqu’à la corde.

    Songeons à une autre structure qui naitrait des cendres de celle ci.

    PS : Autant que je sache, les porteurs sains ne sont pas immunisés : un conseil aux jeunes : ne vieillissez pas !
    En attendant la prochaine pandémie soyez salués

    • Bibang Serge dit :

      @Diogene. Infectez vous si vous tenez tant à augmenter le nombre de cas au Gabon. Les chiffres actuels ne sont pas crédibles ? Oui et il faut les revoir à la baisse, ne considère que le 10ème. Si vous vivez au Gabon, vous aurez constaté le zèle déployé pour faire croire que tout le pays est infecté…. Maintenant vous êtes libre de vous infecter volontairement pour être à la mode, en phase 1vec.la « pandémie »… Mentalité d’esclave…

    • Fille dit :

      Oui, malgré tout, faible propagation du virus tout de même. Nous sommes loin, très loin de ce qui se passe dans les pays dévéloppés. Il ne faut pas pour autant baisser la garde. Pour une fois l’ensemble des pays africains a quand-même réagi comme il faut, nous en sommes conscients mais rien n’est encore gagné. Cependant « Surtout, on devrait organiser des campagnes de vaccination contre la grippe et la tuberculose, en milieux professionnel ou scolaire ». Ici intervient le hic ! Pourquoi ces campagnes de vaccination ne commenceraient pas par les pays les plus touchés ? L’Afrique dispose et surtout des pays comme le Gabon d’une flore capable de nous soigner. Comment comprendre que l’on encourage pas plus nos chercheurs dans ce sens ? Il est temps de se faire confiance. Prenez soin de vous.

      • Fille dit :

        Des campagnes de vaccination contre la grippe et la tuberculose, pourquoi maintenant que des craintes et des interrogations surgissent quant aux campagnes de vaccination contre le covid en Afrique ? Ce serait un sous-couvert ? On va nous dire « ne vous inquiétez pas, ce n’est pas la vaccination contre le covid que les africains refusent, mais mes enfants c’est la vaccination contre la grippe et la tuberculose qui vous tuent depuis des décennies et dont on ne vous a jamais proposé de vaccins ? Mais qui est encore si bêtes au 21ème siècle en Afrique ? Peut-être trouverait-on encore quelques spécimens au Gabon ! Prenez soin de vous.

  2. Maganga René dit :

    Cette situation arrange le pouvoir usurpateur. Je vous rappelle que le roitelet du Maroc est toujours à la Pointe Denis. Il se la coule douce.

    La solution est celle de Hong-Kong. La population circule librement avec des masques et une distance d’au moins deux mètres les uns des autres. Autre chose qu’il faut mettre en place au plus vite: dans chaque province, il faut au moins 5 lieux précis de dépistages. Et demander à la population, ceux qui ressentent des symptômes, de se rapprocher de l’un de ces centres au plus vite pour un dépistage. Et s’ils ont le Covid-19, se faire interner à domicile et se faire soigner SANS SORTIR jusqu’à la guérison. Vous mettez en place un numéro VERT pour que ceux qui sont malades puisse recevoir chez eux un infirmier/une infirmière, un aide soignant/une aide soignante.

    Que ceux et celles qui sont malades restent chez eux jusqu’à guérison. Ce n’est pas bien de remplir les hôpitaux et cliniques qui ont besoin aussi d’autres malades. Uniquement faire venir à l’hôpital les cas graves du Covid-19. Pourvu que cela soit appliqué avec beaucoup de sérieux par la population.

  3. aristo dit :

    #Diogène,votre rhétorique est si gauchisante, et je vous pardonne quelques glissements… « Nous serions toujours là comme les pygmées libres et heureux ». Présentez vos excuses, au risque d’être poursuivi par le mouvement de la pygmitude. En quoi êtes-vous supérieur aux pygmées ? Ridicule !

  4. Maroga Guy dit :

    Même si les chiffres actuels sont crédibles, ils sont en deçà de la réalité!!!!Au delà des raisons évoquées, plus haut, par @diogene liées à la nature du régime dictatorial, il y a tout simplement l’insuffisance des tests!!!

    Aujourd’hui 5 provinces sur les 9 que comptent notre pays ont des cas officiellement déclarés (souvent on les dépiste au hasard …cas du Haut-Ogooué). Etant donné que la majorité des cas sont asymptomatiques, le virus est certainement entrain de se déplacer à grande vitesse!!!
    le COPIL continuera à nous servir 50 contaminations/jour (limité par sa capacité de test…et peut-être la manipulation des chiffres) mais nous risquons de voir le scénario de Franceville (quasi similaire au 3ième décès, au décès de M.Bithougat) se répéter et ce, partout dans le pays!!!

    Faisons de notre mieux pour éviter les contacts sans respect des gestes barrières. Portant les masques. même un simple « cache nez » , vaut mieux ça que rien!!!
    Que Dieu nous garde!!!

    • Bibang Serge dit :

      @Maroga Guy. Vous aussi vous êtes libre de vous infectez pour ressembler à vos maîtres européens… Foutez nous la paix avec votre Covid19 qui ne nous menace pas plus que le paludisme et surtout largement moins qu’ Ali Bongo

    • Fille dit :

      On peut comprendre votre scepticisme à l’égard des gouvernants gabonais, mais informez-vous sur le reste de l’Afrique. Pourquoi le Gabon serait-il plus touché que les autres pays africains ? Buvez l’Ekouk et prenez soin de vous. Il vous semble difficile de croire que nous notre pays soit moins touchés que les pays des tenants de la science autorisée ? N’est-ce pas que l’Univers a ses propres lois ? Prenez soin de vous.

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