La cathédrale Notre Dame de l’assomption, communément appelé Sainte-Marie, est depuis plusieurs mois le sanctuaire de ceux qui s’estiment lésés.

Le «Mur des lamentations» de Libreville, avec ses banderoles revendicatives. © Gabobnreview
Le «Mur des lamentations» de Libreville, avec ses banderoles revendicatives. © Gabobnreview

 

Sur le parvis de la cathédrale Notre Dame de l’assomption, les mouvements d’humeur menés dans l’optique d’interpeller les pouvoirs publics sur des situations diverses semblent se multiplier. D’aucuns ont fait de l’obtention des résultats une question d’honneur. Et la grève de la faim, est devenue le mode de protestation préféré, même si, en vérité, tout le monde s’alimente et se désaltère dorénavant ; l’essentiel étant surtout de camper là.

Scènes de la cathédrale Sainte-Marie de Libreville. © Marcel Libama et Gabobnreview
Scènes de la cathédrale Sainte-Marie de Libreville. © Marcel Libama et Gabobnreview

Le plus frappant pour tout visiteurs des différents grévistes qui bivouaquent là, ce sont les abris et couchettes fabriquées par toutes ces personnes pour tenir contre les intempéries. Vieux cartons, vieux sacs plastiques, vielles tôles, vielles planches, barres de fer usagées et quelques matelas à même le sol. Voilà les matériaux hétéroclites qui composent les refuges de ces jeunes hommes et ces femmes qui ont choisi de faire grève jusqu’à la satisfaction de leurs revendications.

Un air de chaos, d’apocalypse ou d’après-sinistre devant l’entrée principale de l’église, mais aussi vu boulevard de l’Indépendance. Des banderoles taillées dans des pièces de tissu blanc ou sur des cartons indiquent les motifs des revendications et renseignent sur l’état d’esprit des grévistes. On peut y lire: «Fan club Péa, on a faim» ou «Je suis affecté dans un village sans salaire» ou encore «Ya Ali, les moyennes obtenus autour du premier tour du bac nous donnent droit à l’admission», mais aussi «les ex-agents hospitaliers de la CNSS exigent le paiement de tous leur droits avant le 17 août 2014» et «la jeunesse est-elle sacrée ou sacrifiée ? La jeunesse est l’avenir de demain monsieur le président».

Sous ces abris de fortune, les grévistes sont disposés selon leur cause ou leur provenance. On y retrouve des élèves recalés du Bac 2014, des enseignants du primaire sans salaire ou sans affectation, des étudiants sans bourses ou réclamant le paiement de leur dû, la libération de leur collègue et la réhabilitation de leurs camarades exclus. Les ex-agents de la Caisse nationale de sécurité nationale (CNSS), quant-à-eux sont là depuis plus de 5 mois et n’entendent pas quitter les lieux sans qu’une solution soit trouvée à leurs problèmes. Quelquefois, les esprits s’échauffent, des poings se plient en perspective d’une bagarre tandis que des échanges verbaux houleux sont légions. Mais, généralement, l’atmosphère est bon-enfant, la promiscuité aidant.

Mais comment font-ils donc pour vivre ? Pour la majorité «c’est grâce à la magnanimité des personnes de bon cœur (qu’ils continuent) de résister». «Quand des gens comme vous viennent ici, ils voient notre situation et en partant ils nous laisse quelque chose. C’est avec ça qu’on peut s’acheter des sandwiches», a expliqué un étudiant qui raconte également que pour se doucher, ils disposent d’un robinet mis à leur disposition par les responsables de l’église.

Ce 9 septembre 2014, la situation a failli dégénérer. Un groupe de jeunes se réclamant du Collectif des jeunes de l’Estuaire, voulant soutenir l’action du président de la République, y a également établi son camp, déployant des tentes, des chaises en plastique en rupture totale avec les habitués des lieux qui s’assoient et dorment à même le sol. Les sympathisants de l’action d’Ali Bongo ont, de plus, été ravitaillés en victuailles et en boissons. Ce qui a provoqué le courroux des grévistes qui y campent là depuis plusieurs semaines. «Ce sont des jeunes instrumentalisés. On les a envoyé venir nous perturber, sinon nous narguer », a fulminé un des déflatés de la CNSS.

Si les politiques de tous bords passent pour voir l’évolution de la situation, il n’en demeure pas moins que jusqu’alors les choses semblent au point mort. La situation semble être devenue normale et on s’accoutume à ce que la devanture de la cathédrale de Libreville soit devenude le lieu des lamentations. Un effort devrait pourtant être fait par tous les protagonistes de ces crises afin que la situation revienne à la normale…

 
GR
 

10 Commentaires

  1. John mba dit :

    Le tableau est pitoyable et tellement triste. Même si on n’épouse pas la cause des grévistes on leur doit un minimum de respect. Mais instrumentaliser des jeunes inconscients pour perturber le moral des grévistes au lieu d’assumer les responsabilités, cela est honteusement indigne et va à l’encontre du souci de responsabilité qui anime tout décideur sérieux. Mais bon, c malheureusement la preuve que l’argent peut tout acheter une fois de plus…et diviser les hommes mm s’ils luttent pour les mêmes causes…

  2. la gaboma dépassée dit :

    ces jeunes sont vraiment sans éducation, mais bon, nous savons tous que l’entourage d’Ali est pourri comme lui même et ce genre d’action ne m’étonne pas. En plus au gabon les gens se sentent de moins en moins concernés par la misère des uns et des autres au contraire plus il y a des personnes dans la pauvreté et les soucis mieux les uatres se sentent!!!
    pitiéééééééé!!!
    Une chose est sure c’est que ca va finir un jour!!!

  3. Geneviève Mendouang dit :

    jusqu’à ce point? notre pays va dans quel sens? On dirait que plus rien n’intéresse nos dirigeants. A défaut, on dirait qu’il attendent d’enregistrer des morts devant Sainte-Marie avant de réagir. « l’homme est vraiment un loup pour l’homme ».

  4. Candide79 dit :

    Il y dans cette situation, un signal fort,le début de la protestation, les gabonais commencent à se dresser contre l’injustice sans qu’il y ait véritablement des leaders d’opinion ou politiques qui soient à la base de ces protestations.
    Ce qui est déplorable c’est que le détenteur du pouvoir public ne s’impliquent pas suffisament pour résoudre ces différentes situations…Il faut du sang, des morts pour que les choses bougent en plus profondémment.
    L’instrumentalisation de certains gabonais par le PDG n’est un phénomène nouveau, les gens ont tellement faim et sont parfois si peu instruits qu’ils sont prêts à tout pour manger dans l’instant présent!

    • kenzo dit :

      que Dieu te bénisse Candide!!!!!! au moins tu as compris que ce piquet représente le début d’une protestation en gestation au Gabon. ceux qui sont instrumentalisés n’auront jamais de problèmes j’espère. Qu’ils comprennent tout au moins que tout se paie ici bas. l’argent peut tout acheter sauf l’immortalité.

  5. aye dit :

    Ce n’est que sa parole rien ne prouve qu’ils sont réellement instrumentalisés. Mais dans tous les cas cette situation est déplorable.

  6. Madouaka dit :

    OSSONE, ISSONI LA HONTE. La honte sur nous tous, car nous laissons faire.

    « L’esclave mérite ses chaînes. L’esclave qui ne lutte pas, qui ne prends pas d’engagement, ne peut pas se débarrasser de ses chaînes. Il reste esclave quels que soient les discours moralistes de son maître. » Thomas Sankara

  7. Le collectif des con de l'estuaire dit :

    Mon Dieu!on ne peut plus continuer comme ça!les émergents on des imaginations de plus en plus dangereuses,diabolique voir imbécile!cette idée sort de la tête de qui?Après que Moundounga, n’ait publiquement insulté l’archevêque propdgiste Basile mve!le tour reviens à je ne sais quel ignare du pouvoir émergent de vouloir crée du désordre au sein du territoire du Vatican!vous êtes vraiment devenu fou!

  8. femme noire dit :

    Pitié de mon pays, Seigneur fais quelque chose. Il est temps mon Dieu que tu mettes fin à toutes ces abominations qui prennent le dessus sur le bon sens dans mon beau pays.Agis contre tous ceux s’obstinent à tuer à petit feu le Gabon et les gabonais.

  9. freddy dit :

    l’ instrumentalisation est l’une des spécialités du pdg depuis toujours. Et comme disait quelqu’un plus haut, ce qu’avec l’argent on peut tout achèter,meme la misère des autres.C’est vraiment choquant,triste et honteux en meme temps.

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