Rencontré aux premières heures du Dialogue national inclusif, Bertrand Zibi Abeghe a, sans langue de bois, donné son avis sur ces assises qui se poursuivent à Angondjé.  «Le Gabon ne peut pas se permettre de rater le coche après tout ce que nous avons vécu», a déclaré cet ancien prisonnier politique qui appelle à désarmer les cœurs et à panser les blessures des victimes de l’ancien régime dirigé par Ali Bongo qu’il traite de «vampire». Ci-dessous l’intégralité de son propos.

Bertrand Zibi Abeghe, en avril 2024 au stade d’Angondjé. © GabonReview

 

Comment entrevoyez-vous l’issue de ce Dialogue ?

Une issue franche parce que le Gabon ne peut pas se permettre de rater le coche après tout ce que nous avons vécu. Après tout ce que nous avons vécu, il faut panser les blessures et penser à aller de l’avant. Et vous ne pourrez aller de l’avant que dans la vérité la plus absolue. La chose la plus difficile à désarmer c’est un cœur. Un cœur parfois ne se désarme pas. Chacun d’entre nous a hérité des querelles intestines de ses grands-parents. Au niveau national il y a eu des manquements. Des injustices criardes. Il y a des familles qui n’ont jamais fait le deuil. Les familles Ndouna Dépenaud, Mandza, Mboulou Beka, Toulékima et plusieurs autres. Et vous avez le massacre perpétré par Ali Bongo en 2016.

Que faut-il savoir de ce massacre ?

Plusieurs ne se sont pas déclarés parce qu’ils avaient peur. Il n’y a pas eu que des morts ou des prisonniers en 2016. Il y en a qui ont été enlevés de leur travail. Il y en a qui n’ont jamais plus travaillé au Gabon depuis qu’Ali avait pris le pouvoir. Simplement parce qu’il était rancunier. C’était un vampire pour le dire. Peut-être pas maintenant. Mais il faut commencer à penser à dédommager ces familles. Sans haine, sans vengeance. Il y en a qui sont amputés. Je connais des personnes qui n’ont plus d’yeux, qui ont des bras et pieds coupés. Que faisons-nous d’eux ?

Désarmer les cœurs vous dites…

La chose qu’il faut désormais faire, c’est de désarmer les cœurs des Gabonais pour que ces cœurs se remplissent une fois de plus d’amour parce que nous avons été extirpés du peu d’amour que nous avions. Les Gabonais se regardent en chiens de faïence. Les Gabonais se regardent comme s’ils allaient se dévorer. Alors ce Dialogue doit nous permettre de réapprendre à nous aimer, à nous pardonner et d’aller de l’avant.

Propos recueillis par Alix-Ida Mussavu Kombila

 

 
GR
 

6 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Il y a des victimes connus comme Zibi, Gregory Ngwa Mintsa privé de son salaire pendant des années et sa famille qui a souffert de cette injustice, il y en tant d’autres inconnus de simple citoyens ou des militants que grands partis qui ont marqué l’opposition comme le Morena, le RNB, l’UPG et l’UN.

  2. le nouveau dit :

    Merci Mr Zibi pour ce message de paix
    Vous êtes un grand homme et j’ espère que vous aurez un jour des responsabilités
    à la mesure de votre sagesse

  3. Akoma Mba dit :

    Et pourtant tous ces anciens PDGistes qui appellent maintenant Ali Bongo, dont on ne nous dit pas Toujours s’il est bien vivant ou mort depuis 2018,de tous les noms, avaient bien accepter qu’il se presente aux élections de 2009 et 2016 sachant très bien que Ali Bongo n’était pas gabonais de naisssance. Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage.
    Entre tous ils ont pillé le Gabon et heureusement pour eux les militaires au pouvoir sont des leur sinon beaucoup seraient en prison à vie et non pas á l’Assemblée Nationale ni au Sénat et encore moins à des postes clés.

    • ada dit :

      Bonjour AKoma Mba et merci pour ce commentaire et je dirai même plus: si Ali est un vampire les pdgistes qui ont soutenus sa candidature en 2009 en disant qu’il est gabonais sont des démons, donc entre eux ils se comprennent bien tout ce qu’ils font là c’est du buzz c’est tout. et ils le font parce qu’ils peuvent se balader dans Libreville librement.

  4. Prince dit :

    Bertrand, ce que dit Akoma Mba c’est ce que pensent beaucoup de Gabonais, comment interpréter l’attitude des militaires ? Tous ceux qui ont pillé, tué dans ce pays à commencer par ali bongo sa famille ses amis et sa légion étrangère se la coulent douce ils ne sont pas inquiéter certains sont même nommés par le ctri dans les postes de responsabilité.

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