Le silence assourdissant autour de l’organisation des élections législatives, locales et la présidentielle en 2023 se fait de plus en plus pesant. Cette situation d’incertitude alerte le nouveau président de la plateforme Alternance 2023, François Ndong Obiang, qui exige la lumière et la transparence sur le processus d’organisations de ces échéances électorales tel que l’exige la loi.

Le nouveau président de la plateforme Alternance 2023, François Ndong Obiang (au 1er plan). © Gabonreview

 

Gabonreview : La conférence des présidents de la plateforme Alternance 2023 a porté son choix sur votre personne pour succéder à Paulette Missambo à la tête de votre organisation. Votre sentiment sur cet acte de confiance ?

François Ndong Obiang: Alternance 2023 a un cadre juridique qui stipule que la présidence est assurée pour trois mois, au-delà de ces trois mois, il y a une passation de charges et aujourd’hui, j’ai le privilège d’avoir été choisi comme président et j’ai pour vice-président monsieur Thérence Gnembou Moutsona. Nous avons l’ambition de continuer le travail qui a été fait avec madame Paulette Missambo. Alternance 2023 regroupe aujourd’hui dans son cadre les partis politiques qui ont refusé de balbutier avec le pouvoir dans ses atermoiements et ses turpitudes. Nous ne sommes pas d’accord avec ce qui s’est fait au CGE, nous ne sommes pas d’accord avec ce qui s’est fait autour d’une concertation qui a accouché d’une souris et qui n’a pas traité des problèmes évoqués, notamment la mise en place d’une sérénité après les votes. Donc, nous allons continuer dans cette démarche et aujourd’hui, le chantier qui est ouvert est de poser à l’État, la problématique des listes électorales. Ça se fait en cachotterie sans savoir pourquoi.

À trois mois des élections : législative, locale et présidentielle et toujours pas de révision des listes électorales. Quelle est la position d’Alternance 2023, à ce sujet ?

Le droit proclame que les listes électorales sont révisées chaque année. L’État gabonais ne le fait pas et le ministre de l’Intérieur a l’avantage de nous annoncer que dans ses analyses et perspectives, les nouvelles inscriptions enregistreront 70 à 80 000 voix, ce qui n’est pas juste. À la dernière élection, en 2016, 7 ans après, il y a plus de 80 000 jeunes Gabonais ayant atteint 18 ans, qui doivent se faire inscrire sur les listes électorales. Ensuite, le ministre de l’Intérieur nous dit que l’enrôlement ne se fait plus dans les écoles. Est-ce que vous voyez ce que ça coûte ? Il y a une volonté manifeste de créer effectivement le non-engagement des Gabonais au vote. Parce que, ma grand-mère qui habite à 70 km d’Oyem ou de Koula-Moutou, fait comment pour venir à la mairie de Koula-Moutou quand le transport coûte 5000 francs et surtout quand, il n’y a même pas de route. Donc l’école est la proximité même du citoyen, le dispensaire aussi parfois. Nous ne comprenons pas comment l’État veut faire cet enrôlement et nous sommes calqués sur le fait de voir comment nous pouvons amener l’État à jouer une sérénité qui amène à l’apaisement du vote.

Cette situation de quasi-immobilisme autour de l’organisation de ces élections, laisse croire que ces élections n’auront pas lieu cette année 2023. Qu’en pensez-vous ?

Le peuple a le droit de s’inquiéter et les hommes politiques avec. L’État ne fait rien, manifestement, pour démontrer que nous sommes à trois mois de l’échéance de la présidentielle. Aujourd’hui, nous n’avons pas la date des élections, ce qui ne devrait pas être un secret. Tous les partis devraient s’organiser en fonction de cette date. Nous n’avons pas aujourd’hui, toutes les modalités qui nous permettent de comprendre comment nous irons aux élections. Nous n’avons pas la liste définitive électorale. Nous n’avons rien qui puisse garantir une élection sereine. Nous sommes comme tout le monde, assez étonné que l’État ne se démêle pas pour faire la lumière sur ces sujets.

Nous observons simplement que le président de la République est en tournée républicaine à trois mois du vote, ce qui est assez osé. On se demande s’il n’est pas en près campagne. Mais que va-t-il promettre au peuple ? Quel bilan fait-il ? C’est le moment de faire le bilan des 14 ans de gestion sous l’émergence. Qu’est-ce que ces 14 ans ont apporté au pays ?

Il y a des supputations qui annoncent des élections générales ou groupées. Quelle est la meilleure formule pour vous ?

Nous avons voté déjà une fois aux législatives et aux locales, ça peut s’admettre, mais on a bien dissocié les urnes et les bureaux de vote. Si on peut amener les électeurs une fois pour faire deux votes, cela peut se comprendre, mais dans une organisation sereine et bien préparée. Mais à nous dire que nous allons voter le même jour, le chef de l’État, le député et le maire, c’est provoquer la réalité de nos qualités et de notre capacité à faire bien. Déjà, on fait mal quand on vote pour une seule élection, maintenant à vouloir les grouper à trois, c’est préparé le pire, sinon la faillite ou le trucage.

Que diriez-vous, s’il est proposé de reporter ces élections ?

Nous ne sommes pas pour le report immédiat, encore faut-il qu’on s’assaille pour comprendre les conditions qui nous amènent à appeler au report. Il faut pour cela des opérations de contact et arriver à un consensus qui permet de reporter les élections. Si reporter les élections pour Ali (Bongo) est synonyme de rester au pouvoir hors les délais de son mandat, cela ne serait pas suffisant comme cause. Le report ne peut être justifié que si nous sommes face au cas de force majeure. Et ce cas de force majeure, à l’horizon, il n’existe pas pour le moment, donc nous devons aller aux élections aux dates fixées par la Constitution.

Nous demandons au gouvernement de faire la lumière sur les élections tel que l’exige la loi, que les choses soient transparentes ; il n’y a rien à cacher, et de distribuer aux Gabonais les cartes d’identité.

 
GR
 

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