L’opinion publique du pays d’Ali Bongo a été ébranlée, le 2 février en fin de journée, par les photos d’un père de famille mis à genoux sur la chaussée, devant sa fillette. Un épiphénomène ne révélant que très mal la «phase coercitive» annoncée par les gouvernants sécurocrates du pays. Ou comment préserver la santé d’un peuple en le maltraitant. Les faits, avis et opinions.

Un père de famille, à genoux, subissant les humiliations des hommes en tenue, sous les yeux de sa fillette. © D.R.

 

Stupéfaction, exaspération, abus de pouvoir, humiliation, exagération, indignation, mécontentement et surtout dénonciation… Tout y est passé pour décrire ce qui s’apparente fort bien à la dégradation de la dignité humaine. Le 2 février, les réseaux sociaux gabonais ont, une nouvelle fois, mis à nu le manque d’éthique des militaires de la Garde Républicaine (GR). Force de troisième catégorie déployée avec d’autres dans les artères de la capitale, elle est censée veiller à l’application des mesures barrières prescrites par le gouvernement, dans le cadre de la lutte contre la propagation du Covid-19. Sans doute dopés par le ton martial des autorités, gendarmes, policiers et militaires s’autorisent désormais bien d’exactions sur le peuple déjà martyrisé et suffisamment éprouvé par les restrictions imposées par les crises sanitaire et économique que traverse le Gabon.

Silence, «on arnaque, on engueule, on extorque, on insulte, on agresse et on humilie allègrement les citoyens, au nom du non-respect des mesures barrières». © D.R.

Covid-19 : un beau prétexte qui justifie toutes les exactions

Ainsi, ils s’adonnent à cœur joie aux brimades en tous genres et humiliation des citoyens, ainsi qu’en témoignent de nombreuses vidéos amateures. Le paroxysme de l’indignation a donc été atteint avec les photos ahurissantes, circulant sur le Net, d’un père à genoux sur l’asphalte, les mains levées au ciel en signe de supplication envers les soldats de la GR. Sa fillette est debout à côté de lui tandis que les véhicules circulent.

Son crime apparent : le non-port du masque par sa fillette. Pourtant, comme l’a écrit Fridolin Mve Messa, «selon protocole sanitaire en vigueur,  le port du masque n’est pas obligatoire ni recommandé pour les élèves du pré primaire». Et le leader syndical d’ajouter : «Il faudra l’expliquer aux forces de sécurité et de défense commises à la surveillance du respect de cette mesure barrière

Les mesures édictées, le 23 janvier dernier, par le gouvernement Ossouka Raponda tournent ainsi à «la coercition», pour reprendre le mot de Lambert-Noël Matha, le premier policier du pays. Effet pervers des consignes données : un cortège d’abus de pouvoir ne donnant lieu à aucun blâme officiel ou rétribution du côté des forces de l’ordre qui en usent et en abusent. Le gouvernement Ossouka Raponda veut sauver le peuple du Covi-19 par la chicotte voire la déshumanisation.

Nul ne peut être humilié, maltraité ou torturé…

Pourquoi donc un tel excès envers ce père de famille et surtout en présence de sa fillette ? L’article premier de la Constitution gabonaise ne dispose-t-il pas que «Nul ne peut être humilié, maltraité ou torturé, même lorsqu’il est en état d’arrestation ou d’emprisonnement» ? La Déclaration universelle des Droits de l’homme, en son article 5, ne stipule-t-elle pas que «nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants» ?

Face aux images de ce père humilié devant sa fillette, le ton est monté et la colère gronde sur la toile. Dans l’indignation, les internautes s’interrogent, ne comprenant pas la démarche des soldats agissant ainsi. L’un d’eux pourtant n’arbore qu’un masque figuratif ne recouvrant même pas le nez. «Que font-ils de leur intelligence, une fois l’uniforme revêtue, une fois devenus militaires ?», «pourquoi n’ont-ils pas simplement fait une quittance à payer au Trésor public contre la carte d’identité comme cela a été annoncé par le gouvernement et la présidence de la République ?», relève-t-on ici et là sur les réseaux sociaux.

Selon de nombreux observateurs, ces violences physiques, verbales et psychologiques sont légion. «Il n’y a qu’à voir la façon avec laquelle ils interpellent les citoyens dans la rue. Ce n’est pas la première fois que ce type d’abus arrive. On a vu les personnes interpellées faire des pompes, être tenues en veille toute une nuit. Est-ce normal ?», interroge un ancien agent de sécurité.

Messieurs les ministres, recadrez vos éléments

Dans la même veine, un journaliste interpelle, sur sa page Facebook, le gouvernement : «messieurs les ministres, recadrez vos éléments. Ils doivent avoir pour maître-mot : la sensibilisation et non la répression. Nous ne sommes pas dans un État militaire, mais dans une République. Le Gabon n’appartient pas aux militaires, encore moins à vous. Il appartient à nous Tous. Raison pour laquelle, nous devons préserver notre vert-jaune-bleu».

Pour défendre les soldats incriminés, un cadre de la Garde Républicaine a apporté des précisions, indiquant que leurs «garçons se comportent depuis 11 mois de manière exemplaire et montrent aux autres forces la voie à suivre en matière de courtoisie et de respects des consignes». «Ils s’agit là d’une circonstance isolée qui ne saurait ternir l’image de ce corps d’élite», a-t-il ajouté, non sans expliquer qu’»il ressort néanmoins que ces soldats interrogés n’ont pas intimé l’ordre au monsieur de se mettre à genoux. Ils lui ont dit qu’il ne pouvait pas passer. Et pour les supplier, il s’est mis à genoux». C’est sa version des faits. Personne dans l’opinion n’a celle du monsieur mis à genoux.

«Je termine en disant que la GR est un acteur indéniable dans la stabilité de notre nation. Nous déplorons tous ces images qui ne suffisent pas à restituer les circonstances et les mesures adaptées ont été prises vis-à-vis de ces deux soldats», a fait savoir ce haut cadre de l’armée indexée.

 
GR
 

7 Commentaires

  1. Venance Pambou dit :

    La GR est un corps d’élite ? Un ramassis d’illettres, tribalistes, ne saurait être un corps d’elite. Bien au contraire, ce sont tous les idiots et incultes qui s’y retrouvent avec un seul objectif : protéger « leur » pouvoir, celui du haut ogooue… Ce corps, comme l’avait recommandé la conférence nationale est à dissoudre. Sa dissolution serait une œuvre de salubrite publique

  2. Lavue dit :

    Quand j’étais au lycée, l’armée venait pour des rencontres avec les jeunes en vue de recrutements. Et on nous disait que ceux qui sont pressentis sont sont ceux dont on sait qu’ils ne pourront pas aller loin dans les études. En clair l’armée c’était pour le cancres qui ne peuvent pas poursuivre des études et aller au supérieur. A y regarder de près tout ça n’est pas totalement faux. Dans nos forces de sécurité, y a plus de racaille que des personnes instruites. La GR n’en parlons pas et on ose appeler ça corps d’élite. Manier une armée ou tirer comme un chasseur de brousse ne suffisent pour être considéré comme corps d’élite. Le niveau de départ des ces gens est très nul.
    Ya donc rien d’étonnant, le gouvernement illégitime veut se faire entendre à l’international et a trouvé au COVID-19 son meilleur argument. Rien ne justifie que le Gabon s’affole avec des nombres ridicules et gonflés simplement pour perpétuer le business COVID mis en place. Mais les Gabonais doivent faire attention, le pire est à venir, ces incapables imposeront la vaccination à tous alors qu’ils existe un nombre considérable de questionnements en Europe et en Amérique sur les effets à terme de ces vaccins développés à la va vite en dehors de tout protocole habituel. Pour faire plus que le maître français qu’il mime à merveille depuis l’arrivée de la pandémie, le gouvernement va certainement contraindre tous les Gabonais à la vaccination. SVP, sachez que le gouvernement ne prendra jamais en charge vos familles s’il vous arrivait quelque chose de grave quelques mois ou années après cette vaccination. On est pas en Europe ou en Amérique où il y a une certaine justice; Vous mêmes vous connaissez la justice de chez nous. N’y allez pas comme des moutons. Ca devrait être libre. Ceux qui aurait des doutes devraient résister au cas où se vacciner deviendrait obligatoire. Même si elle ne vaut pas grand chose, notre Constitution ne fait dans aucun de ses articles obligation de vacciner contre leur gré les citoyens en cas de pandémie.
    On a à faire à des politicards sans scrupule, soyez vigilants et évitez que des illettrés habillés que vous avez surclassés à l’école vous humilient aujourd’hui.

    Lavue observe

  3. Luc Ongotho dit :

    Vous parlez de corps d’élite ? Vous blaguez ou quoi ? Un regroupement d’analphabètes recrutés sur base ethnique et a qui on a appris que les autres Gabonais sont jaloux d’eux, de leur ethnie et de leur province… C’est ça un corps d’élite ? Des chasseurs de gibier à qui on donne des M16 pour tuer leurs compatriotes, c’est ça un corps d’élite ? Vous cherchez les raisons du retard du Gabon ? Il y en a 3 : la GR, la Cour constitutionnelle et la magistrature
    Gabonreview vous etes un organe sérieux,évitez de relayer de telles bêtises

  4. Dinace dit :

    Haaaa! Qui sauvera un jour ce pays ??? Svp, je vous en prie, dites moi qu’un jour, ça va finir… L’ennemi du gabonais est gabonais, il n’est pas étranger, je suis finalement convaincu en voyant ces images… Nkewa

  5. MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. Morceau choisit: « Pourquoi donc un tel excès envers ce père de famille et surtout en présence de sa fillette ? L’article premier de la Constitution gabonaise ne dispose-t-il pas que «Nul ne peut être humilié, maltraité ou torturé, même lorsqu’il est en état d’arrestation ou d’emprisonnement» ? La Déclaration universelle des Droits de l’homme, en son article 5, ne stipule-t-elle pas que «nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants» ? Une fois ceci énoncé et lu le point de vue du haut gradé de la GR afin de justifier l’acte de « ses éléments » une question se pose qui à tort ici ?. autrement dit, nous observons souvent lors des incidents à Gabao à aucun moment la GR ne fait partie des forces de défense qui intervienne dans le rétablissement de l’ordre. Souvent présent: police, gendarmerie et dans une moindre mesure béret rouge ou gris (militaire. De surcroit je suppose parce que force militaire) pour des faits publics. La GR est un corps privé au service du PR. En quoi la surveillance des bavettes peut faire partie soudainement de ses prérogatives. Je voudrais savoir parce que ce qui est arrivé à ce Monsieur n’arrive pas qu’aux autres. Très humiliant à la limite du mépris. Expliquez s’il vous plait je voudrais savoir sinon la culpabilité est là. Amen.

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