Chaque 17 octobre, le monde célèbre la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. Si les gouvernants en profitent pour vanter leurs efforts entrepris en matière d’élimination de la pauvreté, l’idée est également de faire entendre la voix des pauvres eux-mêmes engagés dans cette lutte. Au Gabon où aucun discours officiel n’a été dit, des familles font encore les poubelles pour vivre.

Des familles entières se nourrissent toujours des déchets de Mindoubé. © Gabonreview

 

Ils se confondent aux malades mentaux flânant à longueur de journée autour des poubelles pour dégoter un trésor, mais ils n’ont pas perdu la boule. Tout aussi habitués à la manche, ils ont simplement décidé de maximiser leurs chances pour avoir de quoi se nourrir.

Couverte de vêtements usés, cheveux presqu’en bataille, vieux panier de course en main, « maman Mado » est de ceux-là. Après plusieurs minutes de patience assise aux abords de l’église Saint-Michel de Nkembo, tendant la main aux passants pour demander de l’argent ou à manger, elle prend la route du marché et se dirige directement vers les poubelles des magasins d’alimentation, espérant y trouver son compte. Sous les regards tantôt indifférents, tantôt interrogatifs des passants, « elle fait ses courses ».

A quelques kilomètres de là, au carrefour ancienne-Sobraga, une dame avec un bébé au dos fouille dans la poubelle, après avoir désespérément demandé un peu d’argent ou de quoi se nourrir. Au Pk7, une autre, la soixantaine révolue, elle fouille elle-aussi les poubelles des opérateurs installés dans la zone jusqu’au marché banane, quand elle ne demande pas de quoi se nourrir pour elle et sa famille.

Vivant dans des conditions précaires, elles estiment que la mendicité et les poubelles sont leurs seules chances de survie. Cette réalité prend d’ailleurs tout son sens dans leurs bouches et dans celles de bien d’autres qui font face à la dureté de la vie et vivent dans des logements insalubres et s’accrochent particulièrement aux poubelles pour récolter de quoi survivre.

«Les microbes-là ne nous font plus rien»

Si les poubelles sont par nature répugnantes, pour eux elles représentent une mine d’or. «On ramasse des choses, on lave et on réutilise. Quand on trouve de la nourriture périmée, on prépare ça et on mange», confie Pétronie. Adolescente non scolarisée, elle va d’un lieu à un autre y compris à la décharge de Mindoubé pour ramasser ces choses à réutiliser. Là-bas, plusieurs familles s’adonnent à la même activité. «Nos organismes sont habitués à manger ce que nous trouvons ici. On n’a pas des problèmes après avoir mangé ça. Les microbes-là ne nous font plus rien. Il peut avoir des cas de diarrhée, mais on est habitué», confie un père de famille. «C’est le sort réservé aux pauvres que nous sommes», ajoute-t-il. Alors que se célèbre chaque 17 octobre la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, il estime que la pauvreté ne sera pas éradiquée. «Mais on demande quand-même aux autorités d’arranger la situation», dit-il.

En 2017, l’Enquête gabonaise pour l’évaluation et le suivi de la pauvreté (EGEP) indiquait que 33,4 % de la population vit en dessous du seuil national de pauvreté. En 2019, le Fonds monétaire international (FMI), soulignait qu’un tiers de la population gabonaise vit en dessous du seuil de pauvreté avec moins de 580 francs par jour. En 2020, le Programme des nations unies pour le développement (Pnud), révélait que l’une des incidences socio-économiques de la pandémie de Covid-19 au Gabon serait l’augmentation de 3,6% du taux de pauvreté.

 

 
GR
 

1 Commentaire

  1. UDFR dit :

    Adhérer au Commonwealth …..ah oui grande entreprise….

    Construire une usine d’incinération !!! pourquoi faire !!!

    pitoyable…

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