Suspendue d’exercer provisoirement sa profession d’avocat, pour une durée de trois mois, le 23 mai 2022, par le Bâtonnier et le Conseil de l’ordre des avocats, Me Gisèle Eyué Bekalé avait introduit devant le Conseil d’État, la plus haute juridiction du pays, un recours. Cette décision a été annulée le 27 Juin 2022. Réhabilitée dans ses droits et dans son honneur, elle a réagi ce 30 juin : «le Conseil d’État a annulé cette décision parce qu’elle était illégale ». Et d’ajouter : «on m’a suspendu parce que j’ai fait un recours contre une décision du Conseil de l’ordre des avocats qui interdisait à tous les avocats du Gabon de prendre part aux sessions criminelles en cours et à venir».

Maitre Gisèle Eyué. © Gabonreview

 

Réagissant à la décision du Conseil d’Etat, Me Gisèle Eyué Bekalé est revenue sur les tenants et les aboutissants de cette affaire visiblement née de la détention de leur collègue, Me Irénée Menzui Mba, accusé d’avoir escroqué 700 millions de francs CFA à Sogara. Au moment de sa suspension, on lui reprochait d’avoir «porté atteinte à l’honorabilité de la profession et manifesté sa défiance à l’égard d’une décision du Conseil de l’Ordre». Ce qu’elle réfute catégoriquement, assurant que la loi lui donne le droit de contester une décision de l’Ordre.

Le fond de toute cette affaire, explique Me Eyué Bekalé, est d’avoir contesté une décision interdisant à tous les avocats de plaider et donc d’assister les personnes accusées de crimes lors des sessions criminelles. «J’ai fait ce recours parce que cette décision portait atteinte au droit constitutionnel de toute personne de se faire défendre,  parce qu’elle portait atteinte au droit de chaque avocat d’exercer librement sa profession. J’ai fait ce recours parce que la loi m’y autorise», a-t-elle déclaré.

Et Elle ajoute : «si le bâtonnier avait besoin d’une telle décision, eu égard à sa portée, il aurait pu sagement convoquer l’Assemblée générale des avocats, instance supérieure des Avocats pour avis et encore…», a-t-elle fait savoir, s’indignant du fait que «des avocats indélicats ne soient pas suspendus pour des faits contraires d’atteinte à l’honneur, à la probité qui sont des principes essentiels de notre déontologie».  «On a du mal à savoir où se trouve le curseur d’appréciation de la hiérarchie des valeurs ou des normes au sein du Barreau gabonais», conclue-t-elle, regrettant davantage d’«être accusée d’avoir exercé un recours prévu par la loi».

L’avocate souligne que sur les déclarations du Bâtonnier, elle avait trouvé anormal qu’on puisse mettre un Avocat en prison sans que celui-ci n’en soit informé, conformément à la loi. «J’ai été surprise que deux ou trois jours après, à l’occasion d’un communiqué de presse, le procureur de la République de Port-Gentil démontre, preuve à l’appui que le Bâtonnier avait été informé en temps utile», a-t-elle dit au sujet de l’affaire Irénée Menzui Mba. Elle précise que lorsqu’elle s’est rendue compte que «le Bâtonnier avait été informé», elle dit avoir été «bouleversée dans l’incompréhension des déclarations du Bâtonnier».

Elle souligne avec force que «la décision du Bâtonnier et de son Conseil interdisant aux avocats d’assister aux sessions criminelles a aiguisé la colère des Magistrats et crée une paralysie du fonctionnement de la justice». Et de conclure : «en ce qui me concerne, j’ai fait ce que ma conscience me commandait. J’ai exercé le droit de recours devant le Conseil d’Etat que notre loi accorde à tout membre du barreau lorsqu’une décision du Conseil parait contraire à la loi ou à ses attributions».

 
GR
 

1 Commentaire

  1. AKUE dit :

    1 ans de prison pour cette affaire

Poster un commentaire