La Commission permanente de discipline (CPD) du Parti démocratique gabonais (PDG) a sanctionné, le 1er août, les élus du parti au pouvoir ayant voté contre la dépénalisation de l’homosexualité. Si cette décision ne surprend personne, d’aucuns se demandent pourquoi l’ex-Premier ministre et les deux présidents du groupe parlementaire PDG sont sanctionnés.

25 élus du PDG ont été sanctionnés le 1er août. © D.R.

 

Un mois après le vote par les deux chambres du Parlement gabonais de la loi N°006/2020 du 30 Juin 2020, portant modification du Code Pénal, la Commission permanente de discipline (CPD) du Parti démocratique gabonais (PDG) a sanctionné 25 élus du parti d’Ali Bongo qui avaient voté contre la dépénalisation de l’homosexualité. La CPD a procédé, du 7 au 9 juillet 2020, aux auditions de ces élus.

Selon cet organe chargé d’instruire les cas de manquement à la discipline du parti, notamment le non-respect des statuts, du règlement intérieur, de la charte des valeurs et du guide de procédure de la CPD, les mis en cause ont reconnu avoir exprimé un vote dissident. Cette attitude, indique la CPD, est située aux antipodes des principes basiques du fonctionnement du PDG et du style de travail édicté par le Secrétariat Exécutif.

«Au regard des raisons évoquées par les camarades auditionnés, la Commission permanente de discipline a fait le constat d’un management approximatif du processus ayant conduit au vote ; d’une absence de concertation au sein du groupe Parlementaire PDG à l’Assemblée Nationale et d’une méconnaissance des réelles modifications apportées au Code Pénal», fait savoir la CPD. Le 1er mai, elle a décidé de sanctionner 22 élus parmi lesquels les membres du comité permanent du bureau politique (MCPBP) du PDG Guy Bertrand Mapangou, Régis Immongault Tatangani et Blaise Louembe. Malika Bongo Ondimba, la fille aînée d’Ali Bongo et membre du bureau politique (MBP), le premier vice-président de l’Assemblée nationale, membre du Conseil consultatif des sages (MCCS), Firmin Idriss Ngari, le 1er vice-président du Sénat, Léonard Andjembe sont également sanctionnés.

17 autres élus ont reçu un «avertissement avec inscription au dossier», tandis que l’ex-Premier ministre Julien Nkoghe bekale, le président du groupe parlementaire PDG à l’Assemblée nationale, Martin Mabala, et Raphaël Mangoua, membre du Conseil consultatif, ont reçu «une mise en demeure».

Si la sanction des premiers ne surprend personne, celle de l’ex-Premier ministre et des présidents des groupes parlementaires qui ont défendu cette loi est surprenante. Ils paient sans doute leur incapacité à casser la contestation dans les rangs des parlementaires PDGistes. Malgré cet affront, le parti d’Ali Bongo est incapable de prononcer des exclusions pour les dissidents. Une mesure extrême qui risque de fragiliser le parti au pouvoir qui affûte déjà ses armes pour la présidentielle de 2023.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. boukoulou dit :

    Des députés sanctionnés pour avoir usé de leur liberté d’opinion et de pensée ?
    incroyable pour un parti qui comporte le mot démocratique dans sa dénomination.
    Vive le DIKTAT de la pensée unique.

    • Paul Bismuth dit :

      Vous trouverez ce genre de pratique même dans les pays présentés comme les plus grandes démocraties. Le parlementaire est censé agir d’abord par corporatisme. C’est assez condamnable comme manière d’envisager l’activité de parlementaire et la démocratie, mais cela a le mérite de maintenir la majorité soudée. Car un royaume qui impose est plus difficile à reconstruire qu’un royaume qui explose.
      En ce qui me concerne, j’espère que le pdg explosera. Mieux encore, j’espère qu’il implosera. Et de toute façon tout pouvoir qui se maintient par la force et la violence est voué à tomber.

Poster un commentaire