L’année 2023 étant une année électorale majeure au Gabon, tous les acteurs concernés s’activent à faire en sorte que l’issue aboutisse à des lendemains apaisés. La Cour constitutionnelle, qui joue souvent le rôle d’arbitre et de censeur au terme de l’échéance, est donc sur le terrain, notamment dans la province de l’Ogooué-Ivindo où, depuis le 16 janvier, ses juges sensibilisent sur ce processus électoral. Objectif : préparer toutes les couches de la société à mieux aborder ces joutes à venir dans la sérénité, le calme, la transparence et la paix.

La Cour constitutionnelle dans l’Ogooué-Ivindo pour former les acteurs politiques sur le processus électoral. © Gabonreview/montage

 

Pour éviter de gérer des cas de litiges dont l’institution qu’elle dirige peut se passer, la présidente de la Cour constitutionnelle, Marie-Madeleine Mborantsuo, exhortait en février dernier les responsables des partis politiques à former leurs militants et sympathisants au processus électoral. La haute juridiction prévoyait d’ailleurs de lancer «une vaste campagne de sensibilisation» sur le sujet au profit des Gabonais. C’est donc chose faite depuis le 16 janvier 2023.

La recherche des lendemains électoraux apaisés est désormais la chose la mieux partagée par les acteurs politiques gabonais. Pour éviter des joutes électorales aux issues contestées assorties de violences et autre climat délétère dans le pays, la Cour constitutionnelle est elle même sur le terrain. Depuis le 16 janvier, huit juges et de nombreux collaborateurs sont déployés dans l’Ogooué-Ivindo, au nord-est du Gabon, où ils forment les administratifs, les auxiliaires de commandement, les représentants des formations politiques, ainsi populations sur le processus électoral.

Pour cette première étape, les autorités administratives, politiques, militaires, les auxiliaires de commandement, les citoyens et les responsables politiques provinciaux du département de l’Ivindo et de la commune de Makokou ont été les premiers servis.

«Depuis 32 ans, les élections sont toujours émaillées de violentes contestations. Pour mettre un terme à la peur et à cette violence, la Cour a décidé de mener une mission pédagogique sur l’ensemble du territoire national», a fait savoir le juge Emmanuel Nze Bekale.

Quelques participants. © Capture

Pour sa part, la juge Louise Angue a exposé sur toutes les étapes du processus électoral, citant les acteurs qui concourent au déroulement des élections jusqu’à l’implication de la haute juridiction, s’appuyant par la même occasion sur le Code électoral, composé de huit lois.

L’objectif de cette mission est d’instruire, de former et de sensibiliser tous les acteurs de la chaîne électorale sur ce processus trop souvent contesté et source de violences et de soubresauts dans le pays. Cette première étape concerne les départements de la Zadié (Mekambo), la M’voung (Ovan) et la Lopé (Booué).

Haute juridiction en matière constitutionnelle dans le pays, la Cour constitutionnelle statue en premier et dernier ressort pour toutes les affaires pour lesquelles elle est compétente, parmi lesquelles les résultats des élections politiques. Cependant, après chaque échéance capitale, les acteurs impliqués et particulièrement ceux de l’opposition mettent en doute les décisions de cette Cour. Sa présidente est souvent accusée de faire la part belle à la famille Bongo avec qui elle a des liens et qui est au pouvoir depuis 1967. «Je ne cesse de répéter que je ne fais pas gagner d’élections à qui que ce soit, car je n’en organise pas, mais personne ne veut m’écouter», avait-elle déjà lâché agacée, lors d’un entretien, affirmant que dans son travail elle ne connait ni famille biologique, ni majorité, ni opposition.

Visiblement, la Cour constitutionnelle ne souhaite plus essuyer les critiques faites par les partis politiques pour lesquels elle a examiné, ces 30 dernières années, les requêtes, les saisines et autres litiges au sortir d’élections politiques.

 
GR
 

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