Suspendu pour une durée de six mois par le Conseil de l’ordre, maître Jean Paul Moumbembé a été réhabilité ce 12 juillet par le Conseil d’Etat. En moins de deux semaines, cette haute juridiction administrative a cassé les décisions de l’Ordre contre certains de ses membres. «Je suis très heureux de cette décision. Elle prouve, comme celle concernant Me Eyué que ça ne va pas», a-t-il déclaré à Gabonreview.

L’avocat Jean Paul Moumbembé savourant sa victoire, le 12 juillet 2022, à Libreville. © D.R.

 

Visiblement, le torchon brûle au sein du l’Ordre des avocats. À deux reprises, des membres de cette organisation corporatiste ont introduit des recours au Conseil d’État à propos des décisions jugées «injustes» les concernant. Ils ont tous prospéré. Le dernier cas en date est celui de l’avocat Jean Paul Moumbembé qui a également été réhabilité ce 12 juillet, après Me Gisèle Eyué. 

Provisoirement suspendu de l’exercice de ses activités d’avocat pendant six mois à cause des propos qu’il aurait tenus à l’encontre de ses confrères d’ethnie fang qu’il aurait traité de «voleurs» lors d’un échange en privé, Me Moumbembé affirmait n’avoir été ni entendu ni jugé avant sa sanction. Ce qu’il regrettait amèrement. Face à cette situation, il a introduit un recours au Conseil d’État. 

Affirmant que ce recours est recevable dans la forme et constatant «le défaut de notification au requérant de la délibération du 22 mars 2022, portant suspension provisoire d’exercice pour une durée de 6 mois», l’Institution fait savoir que «la décision de suspension provisoire d’exercice prononcée contre le requérant par le Conseil de l’ordre ne lui est pas opposable». Réagissant à cette nouvelle, Me Moumbembé est tout heureux : «je suis très honoré parce que mon honneur a été rétabli». 

«Tout le mal, même si j’ai pardonné, qu’on m’a fait restera longtemps gravé dans ma mémoire. J’ai 33 ans de barreau et des jeunes, au lieu d’apprendre, prennent de telles décisions contre des ainées comme moi, comme Me Eyué. Nous sommes des ainés du barreau», a-t-il regretté. 

Ces «jeunes prennent des décisions, sans au préalable convoquer régulièrement les confrères». «C’est regrettable alors même qu’au sein du barreau, il y a des dossiers brulants. Les avocats sont inculpés d’abus de confiance dans leurs rapports avec leurs clients. Voilà les dossiers que nous devons en réalité traiter», a-t-il poursuivi. Il sollicite «la tenue d’une Assemblée générale extraordinaire pour que les linges sales se lavent en famille». 

Pour lui, un Barreau divisé n’est pas une bonne chose. «Nous devons penser à nos anciens comme le bâtonnier Pierre Louis Agondjo Okawé qui s’est battu, qui a construit ce barreau au milieu des avocats blancs. C’était difficile!», a-t-il ajouté, non sans souligner le fait qu’aujourd’hui, le Barreau est indépendant, «mais désuni».  

Exigeant la tenue d’une Assemblée générale extraordinaire, Me Moumbembé assure avoir été «digne» pendant cette sanction. «Même si je combattais cette décision, je suis resté digne. Le Bâtonnier et le Conseil de l’Ordre sont nos élus, ce sont nos institutions et, quelles que soient leurs fautes, je dois, comme on le dit en matière administrative, d’abord exécuter. J’ai donc exécuté», a-t-il précisé.

 
GR
 

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