Membre du bureau politique du Parti démocratique gabonais, Mathias Otounga Ossibadjouo, ministre en charge de la Décentralisation, député du premier siège du département de la Sébé-Brikolo a particulièrement alimenté l’actualité ces derniers jours. Entre la tournée mouvementée de l’opposant Alexandre Barro Chambrier, «invité indésirable» à Okondja dont il est lélu, et l’incendie de la maison de Jean-Pierre Lemboumba Lepandou, il se serait confié à des camarades. Echanges dont les audios ont fuité. Dans cet énorme faisceau de présomptions, il s’est prêté aux questions de Gabonreview, le 1er septembre.

«Quand je dis un invité indésirable, quelqu’un qui ne partage pas ta position n’est pas quelqu’un de désirable. Mais c’est un invité quand même !», Mathias Otounga Ossibadjouo. © Facebook /mathias.otoungaossibadjouo

 

L’actualité ces derniers jours a été marquée par la présence mouvementée d’un opposant à Okondja. Et dans les audios qui auraient été émis par vous et ayant fuité, vous l’avez traité d’«Invité indésirable».

Mathias Otounga Ossibadjouo : Nous sommes en démocratie et on m’a expliqué qu’en démocratie multipartiste, les partis politiques sont de deux ordres, deux camps pour schématiser. Un camp qui soutient le pouvoir et un autre qui s’oppose au pouvoir. Les deux camps s’opposent. Et quand quelqu’un s’oppose à vous, est-il désirable ou indésirable ? Je pense que les gens ont pris au premier degré quelque chose dite dans l’humour noir. Je dis bien un invité. Si quelqu’un est un invité ce n’est pas qu’il est à chasser. Mais c’est un invité indésirable parce qu’il ne partage pas mes convictions et que notre tâche en démocratie multipartite est de combattre les positions des uns et des autres. Sauf si on revient dans le parti unique. Dans ces conditions-là, nous n’avons plus d’opposition, plus d’adversaires, nous sommes tous les militants d’une même cause. Je suis surpris que le terme invité indésirable soit transformé comme si j’avais dit que le Monsieur est indésirable. J’ai pris soins de le qualifier d’invité. C’est quoi un invité ? Je dis c’est un invité indésirable parce que c’est quelqu’un qui ne partage pas mes convictions, mais que je suis obligé d’accueillir parce que c’est cela le jeu démocratique.

Sur les réseaux sociaux, des écrits indiquent que vous avez refusé d’aller en tournée parlementaire avec d’autres élus de votre parti. Comment l’expliquez-vous ?

Est-ce que les gens retiennent un peu ce qu’il se passe ? En principe, nous n’avons pas une culture républicaine. Le député élu, quand il est en intersession, il fait un compte rendu des activités parlementaires. Le député élu n’est plus un partisan. C’est le député du peuple. Il vote les lois pour le peuple et quand il vient en intercession, il rend compte au peuple. Ce qu’il se passe en ce moment, je ne sais pas s’il y a des députés élus qui participent à cette tournée. C’est une tournée de compte rendu parlementaire. Ils étaient avant-hier sur le deuxième siège, le député lui-même n’est pas là. Je suis ministre de la République. Lorsque vous êtes ministre, au nom de la séparation des pouvoirs, vous n’êtes plus siégeant. Il y a quelqu’un qui siège à votre place avec tous les pouvoirs. C’est lui qui doit venir faire le compte rendu de ses activités. Il se trouve pour le cas d’Okondja, le député siégeant est malade à Libreville et elle a dit qu’elle fera sa tournée ultérieurement. Quand vous regardez la composition de la délégation, ce ne sont que des Secrétaires fédéraux de notre parti qui circulent. Il ne faut pas qu’il y ait mélange de genres. Ou bien nous faisons notre tournée politique du PDG ou bien le député fait sa tournée de compte rendu parlementaire. Quand nous faisons notre tournée politique du PDG, nous allons nous adresser à nos militants du PDG. Quand le député de la République fait sa tournée parlementaire de compte rendu, il s’adresse aux citoyens de tous bords politiques. Le député vote les lois pour le peuple. Ce n’est plus le candidat PDG qui circule, c’est le député élu, représentant des populations de tous bords politiques.

Il y a trois sièges à Okondja. Au premier siège, le député s’appelle Léda Ontchékou, elle est à Libreville. Elle a expliqué qu’elle ne pourra faire sa tournée qu’à la mi-octobre parce qu’elle a un problème médical. Le député au deuxième siège s’appelle Engandji Arnaud, il n’est pas en train de faire son compte rendu parlementaire. Mais on voudrait que j’aille me muer en député pour qu’on dise qu’il y a un mélange de genre et qu’il y a un membre du gouvernement qui fait des comptes rendus parlementaires. Je ne tomberais pas dans ce genre de piège.

Le 26 août dernier, vous avez convoqué les chefs de quartiers d’Okondja. De quoi était-il question ?

© Facebook /mathias.otoungaossibadjouo

Je n’ai pas convoqué les chefs de quartiers. Je suis député élu d’Okondja. Je suis membre du Bureau politique pour la commune d’Okondja, je suis membre du gouvernement et nous entretenons régulièrement des rencontres avec les populations. Les chefs de quartiers sont allés rencontrer Monsieur le maire de la commune pour lui demander pourquoi depuis un moment ils ne voient plus le ministre. Ce n’est donc pas moi mais bien eux qui m’ont convoqué. Je leur ai expliqué que depuis un bon bout de temps, la crise de la Covid-19 a fait qu’on suspende les activités de masse. Vous connaissez les règles qui président les rencontres politiques maintenant. Je leur ai expliqué que lorsque nous voulions faire des activités, il y a eu un communiqué du ministre du l’Intérieur qui est venu rappeler les conditions de tenue des réunions. Il n’a été question que de leur expliquer qu’ils attendent que le gouvernement lève les mesures du Covid-19 et ils verront que les gens vont à nouveau sillonner. J’ai entendu dire qu’au cours de cet échange, j’aurai raconté que la maison du ministre Lemboumba aurait été attaquée au drone. C’est vraiment une hystérie collective.

Revenons à cet incendie. Selon les mêmes sources, lors de cette réunion avec les chefs de quartiers, vous avez vite fait de dégager votre responsabilité quant à ce sinistre. Pourquoi cet empressement ?

A quel moment et qu’ai-je dis ? Il faut bien les écouter, les audios. C’est la première chose. La deuxième chose est que cet incendie n’est pas un sujet tabou à Okondja. Je vais vous rappeler que Lemboumba Jean-Pierre et moi avons des relations particulières, familiales, très proches. Ce monsieur a toujours été là, à un moment crucial de ma vie. Même quand je me suis marié, j’ai célébré mon mariage dans l’une de ses villas. Et de toute manière, quelque chose qui accablerait monsieur Lemboumba ne saurait être un sujet tabou pour moi. Mais, je ne sais même pas dans quelles circonstances, comment et qu’est-ce que j’aurais dit à propos de cet incendie. Je ne me souviens pas m’être exprimé sur cet incendie à proprement parlé.

Le Secrétaire fédéral du PDG dans la Sébé Brikolo a annoncé une sanction contre Léandre Mesmin Mahoungou qui aurait fait fuiter vos audios. En tant qu’émetteur du message problématique,  avez-vous aussi été entendu par les instances du parti ?

Est-ce qu’il a été entendu ? Je ne le sais pas. Est-ce que vous n’allez pas vite en besogne ? On va dans des amalgames. Chacun de nos partis a des modes de fonctionnement inscrits dans les statuts et règlements intérieurs. Je me suis laissé dire qu’il y a eu une demande d’explication. Mais posez la question aux instances du parti. Est-ce que j’ai enfreint une disposition réglementaire ou statutaire qui nécessiterait qu’on m’entende ? Je ne me souviens pas avoir posé un acte qui va nécessiter qu’on m’entende. Mais de toutes les manières, si je dois être entendu, je me présenterais. Vraiment, je ne comprends pas ce qu’il se passe. Nous sommes en démocratie. En démocratie, chaque parti a ses militants et voyez, même dans les grandes démocraties lorsque les manifestations sont organisées, il y a des corridors et on fait en sorte que des partis opposés ne se croisent pas pour éviter des incidents. C’est partout pareil. C’est exactement le sens de mon instruction au fédéral. Réécoutez-moi. En dehors du terme qui semble choquer beaucoup, je dis que les consignes sont clairs : contenez nos militants, évitez les attroupements au passage des autres. Parce que c’est quand on se frotte qu’on a des incidents. Et d’ailleurs, l’incident qu’on regrette et qu’on a même oublié est venu de ce qu’une des personnes qui n’était certainement pas du bord du visiteur soit allé le malmener verbalement. Mais si les gens s’étaient contenus, étaient restés de leur côté, est-ce qu’on aurait eu ce genre de situation ? Je ne comprends pas qu’au lieu d’aller chercher qui a fait ce désordre, qu’on vienne insulter celui qui voulait éviter ce genre de chose. Même le jour où je voudrais faire mes activités dans ces conditions, je suis sûr qu’on va donner instructions aux militants là-bas de ne pas se mettre en travers de notre chemin, notre trajectoire.

© Facebook /mathias.otoungaossibadjouo

Dans ce contexte tout de même confus, si vous aviez un message essentiel à lancer, que diriez-vous ?

Je dirais que tout ce que nous faisons-là va produire les effets à long terme. Si nous voulons la démocratie, appliquons les règles de la démocratie. Les règles c’est quoi ? Chaque parti a ses militants. Et chaque parti a ses modes de fonctionnement. Lorsqu’un parti adverse arrive, je ne vois pas pourquoi je devrais dire à mes militants d’aller assister à leur meeting. C’est pousser même au désordre. J’ai dit qu’il faut contenir ces militants pour que la démocratie s’exerce, pour que les autres s’expriment. Et lorsque vous vous exprimez, eux aussi se mettent à côté. Apparemment ce qu’on me reproche, c’est que j’aurais dû dire à mes militants d’aller dans ce meeting. Ensuite, quand je dis un invité indésirable, quelqu’un qui ne partage pas ta position n’est pas quelqu’un de désirable. Mais c’est un invité quand même. Il faut qu’on comprenne mes mots. J’ai dit un invité, quelqu’un que l’on fait venir. Ce n’est pas quelqu’un qu’on a chassé. Je n’ai pas dit un ennemi, j’ai dit un invité, mais indésirable par rapport à la philosophie selon laquelle je ne partage par ses idées et il ne partage pas les miennes. Ce n’est donc pas quelqu’un qui va être là et avec qui on va discuter de manière agréable, avec des convergences de vue. Je ne vois pas en quoi invité indésirable est comme si j’avais dit que c’est un ennemi qu’il faut poignarder. J’évitais juste ce que les frottements pouvaient engendrer. Les gens disent que le langage est source de malentendu. La preuve, regardez mon audio et les malentendus qu’il a suscités. Mais si les gens avaient assisté à un meeting et avaient pris, par exemple la liberté de contredire, qu’est-ce qu’il se serait passé ?

 
GR
 

22 Commentaires

  1. Irène dit :

    Voilà un homme à qui l’on peut dire avec raison: le raciste ou tribaliste dans toute sa splendeur.

  2. Lavue dit :

    C’est déplorable d’avoir à se justifier si minablement. Un invité indésirable, c’est quelqu’un dont la présence sur le lieu n’est pas voulue, n’est pas désirée. Je parle bien de présence. C’est pas compliqué à comprendre.
    Et pour montrer à quelqu’un que sa présence n’est souhaitée, que fait-on? On le manifeste. Les personnes qui ont agi n’ont que suivi les ordres reçus.

    Il y a quelques années c’était Pierre MAMBOUNDOU qu’on avait empêché d’aller battre campagne dans cette localité. Les PDGistes d’Okondja sont coutumiers de ces faits-là. Avec ça M. OSSIBADJOUO a le courage de parler de démocratie. Ces gens sont trop imprégnés des pratiques tordues du PDG qu’ils finissent par se croire trop malins, intouchables.

    Dans un pays civilisé on aurait poussé ce ministre à la démission. Le tribalisme, la mise en cause des valeurs de cohésion nationale sont des choses avec lesquelles nos jeunes Etats en construction ne doivent blaguer.

    Là on a quelqu’un qui se défend médiocrement, la moindre des choses aurait été de regretter ses propos, qui bien évidemment sont facilement interprétables, et de faire des excuses au cas où ils auraient heurtés certaines personnes. Eh bien non, comme tout grand PDGiste il affiche une sérénité presque arrogante.
    Le PDG est décidemment un repaire de petites gens, mal formés et simplement attirés par l’appât du gain. C’est pas avec ça qu’on bâtit un pays. Pitié

  3. Serge dit :

    Il est même plus manioc que les gens qu’il instrumentalise. Une justification terre à terre.

  4. Roger dit :

    Ministre des obambas et des tekes. Pauvre Gabon.

  5. Teddy dit :

    Créez une bonne foispour toutes l’état du Haut Ogouer avec comme président votre Ali Bongo ou ses fils. Mais foutez la paix svp au reste du Gabon.

  6. Abdallah dit :

    Minable, vraiment dire que ce monsieur est un ministre de la république. Le Gabon est tombé très très bas, pourtant à Okondja il y a bien des intellectuels.

  7. Julien dit :

    Né avant la honte, comme chante une de chez lui. Pitié.

  8. Serge Makaya dit :

    Un MEA CULPA t’aurait un peu grandi mon fils. Je ne t’ai pas trop connu. Mais le peu que je sais de toi, c’est que des gens de ton espèce, il y en a plein au Haut Ogouee et aussi dans le reste du Gabon. Et même dans mon ethnie(les fang). C’est tout simplement regreregrettable des gens tribalistes comme vous. Le Gabon n’avance pas aussi à cause des gabonais comme vous.

    Une fois débarrassé du tribalisme, le Gabon se portera mieux, croyez moi. EtEn tout cas, moi je suis fier de mon épouse qui n’est pas fang comme moi et que jj’aime toujours de tout mon cœur. Elle m’a donné d’adorables enfants qui ne sont pas tribaliste non plus. C’est ce Gabon que nous devons construire. Et non s’enfoncer toujours dans les bêtises du tribalisme ou du clanisme. A Ntare Nzame!

  9. Yvette Ndong dit :

    Pauvre tribaliste Otounga Ossibadjouo ! Que le Seigneur te pardonne tes nombreux péchés. Saches que le Seigneur a résumé son enseignement dans cette prescription : « Je vous donne un commandement nouveau, à savoir que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés, de sorte que vous vous aimiez les uns les autres ». Et il ajoute aussitôt : « À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 34–35).

  10. Enfant du pays dit :

    Regrettable pour un soit disant Ministre. Un Gabonais qui est en tourné à l’intérieur de son territoire est un invité à OKONDJO comme si OKONDJO était Etat à part entière. Très très regrettable pour Gabon. Pas de discours à la con pour celui qui combat le tribalisme à la tête du Gabon. On attend ta réaction ABO même si vous êtes le tabac de la même pipe

  11. matho dit :

    Le silence des autres PDGistes est assourdissant. Peut être que eux, lui auraient évité de continuer à creuser alors qu’il a déjà touché le fond. Mais comme le PDG est un parti des masques, lui ayant tombé le sien, il est devenu un compagnon indésirable donc indéfendable.

  12. Mbourou dit :

    Délinquant, voyou il mériterait une garde à vue immédiate!

  13. Milangmissi dit :

    Normalement des bougres stupides comme ça tu en as un ou deux par génération mais nous malheureusement on en a cuvée.

    « Les dictatures fomentent l’oppression, la servilité et la cruauté ; mais le plus abominable est qu’elles fomentent l’idiotie » Jorge Luis BORGES

  14. Thiboy'z dit :

    Des demi-dieux du gabon !!à en croire on penserait qu’ils ne mourront jamais un jour..ou qu’ils seront enterrés avec les biens,terres et argent !!c’est vraiment déplorable pour le Gabon qui mérite mieux que ça là !!

  15. Thiboy'z dit :

    Des demi-dieux du gabon !!à en croire on penserait qu’ils ne mourront jamais un jour..ou qu’ils seront enterrés avec les biens,terres et argent !!c’est vraiment déplorable pour le Gabon qui mérite mieux que ça là !!

  16. Maroga Guy dit :

    « Ensuite, quand je dis un invité indésirable, quelqu’un qui ne partage pas ta position n’est pas quelqu’un de désirable. Mais c’est un invité quand même. Il faut qu’on comprenne mes mots. J’ai dit un invité, quelqu’un que l’on fait venir »

    WOOOOOOOOOOOH !!!

    « quelqu’un qu’on fait venir???  » 1/ Ce monsieur confond -il OKONDJA à sa maison?? apparemment oui

    2/ C’est lui qui a fait venir Chambrier à OKONDJA??? Non Chambrier est chez lui comme partout dans le Gabon

    Vraiment J’ignorais qu’on pouvait INVITER UN INDESIRABLE!!!

    Justifications de pacotille !!!

  17. isidore dit :

    Ça part de vérité est qu’il ne sait même pas cacher son tribalisme. Tant mieux pour lui.

  18. Thiboy'z dit :

    Le silence des autres acteurs politicons et politoconnes du pays là prouve qu’ils sont tous muselés et c’est vraiment triste pour l’image et la suite des événements!!sincèrement le pays est pris en otage par une bande de cancres et bandits!!..éeh Gabon où vas-tu ?

  19. Didier dit :

    C’est à cause de tels énergumènes que Donald Trump avait qualifié certains pays d’Afrique de pays de MERDES.

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