Relativement aux succès des deux premières éditions, la troisième conférence musicale de l’Université franco-gabonaise Saint Exupéry (UFGSE), a eu lieu, le 20 décembre dernier, au sein de cet établissement universitaire, à Libreville. Pour cette édition, le choix a été porté sur Papé Nziengui. Il était question pour le philosophe Flavien Enongoue et le musicologue Ludovic Obiang de mettre le maître du «Ngombi et son répertoire culturel» à l’honneur.

Papé Nziengui, les présidents de la Conférences, le 20 décembre 2023, à l’UFGSE. © Gabonreview

 

Inscrite dans la promotion des artistes gabonais, la troisième édition de la conférence musicale de l’Université franco-gabonaise Saint Exupéry a eu lieu, le 20 décembre. Après Hilarion Nguéma, en juin 2022, suivi de Mackjoss, en décembre 2023 le tour est revenu à Papé Nziengui, une virtuose de la harpe (Ngombi) né vers 1958 dans les environs de Mouila (Sud Gabon), de parents Tsogho. Pour ce troisième numéro, la conférence qui rime avec hommage à l’artiste, présidée par les professeurs Ludovic Obiang et Flavien Enongoué, a été l’occasion de célébrer celui-là même qui met en valeur les sonorités traditionnelles du terroir.

«Une façon d’honorer autrement un artiste musicien gabonais»

De la présentation faite par l’un de ses plus fidèles compagnons, Alexandre Lékouma dit Sacha, on notera que Papé Nziengui s’intéresse aux sonorités traditionnelles dès sa tendre jeunesse en prenant part aux veillées initiatiques. Partant de ces expériences répétées, il développe une passion effrénée pour la harpe au point d’en devenir son instrumentiste le plus connu dans le Gabon tout entier. Il lie à cet arc un talent d’artiste-auteur-compositeur qui fait connaître la culture gabonaise dans un monde qui prône l’unité par la diversité.

«Depuis juin 2022, l’Université Franco-gabonaise Saint-Exupéry, par la voix de son président Raymond Mayer, a décidé d’organiser ce qu’on a appelé des conférences musicales. Elles sont une façon d’honorer autrement un artiste musicien gabonais», a fait savoir le Professeur Enongoué, rappelant qu’«en juin, à la faveur de la fête de la musique 2022, la première édition avait été consacrée à Hilarion Nguéma. La deuxième édition, en décembre de la même année, était consacrée à Mack Joss et pour l’année 2023, elle est consacrée à Papé Nziengui».

Pour l’universitaire et diplomate, directeur de l’ouvrage collectif «L’Afrique dans la chanson gabonaise», «cette expérience est appelée à se pérenniser dans le temps parce qu’en réalité, c’est l’artiste musicien qui est le grand invité. Il vient nous parler de son patrimoine musical. Le Pr Ludovic et moi, présidons. L’essentiel, c’est l’échange entre le public et l’artiste à partir d’un certain nombre d’œuvres que l’artiste a choisi lui-même».

Pendant cette conférence à laquelle ont participé de nombreux étudiants de l’UFGSE, les universitaires d’autres grandes écoles gabonaises, ainsi que les mélomanes de la musique de Papé Nziengui, plusieurs intermèdes ont permis de savourer cette musique et ces sons produits par le Ngombi. Et l’occasion a été donnée à l’artiste de répondre aux préoccupations de l’assistance et d’expliquer quelques fois dans quels contextes ont été produits les titres tels que «Kadi Yombo», «Ngondé»…

«Défenseur et promoteur des cultes traditionnels musicaux»

© Gabonreview

L’Ethnomusicologue, directeur de l’Institut de recherche des sciences humaines (IRSH), Ludovic Obiang, pour sa part fait savoir qu’il n’a pas été question de traiter de la particularité de Papé Nziengui. «Sauf qu’il est un exemple de ce que peut produire notre patrimoine musical lorsqu’il s’enracine à la tradition», a-t-il dit, faisant remarquer que «c’est ce qui est remarquable parce qu’à chaque fois que vous avez l’individu, il vous renvoie au collectif».

L’auteur de «L’enfant des masques» souligne encore que «chaque fois qu’on a étudié Papé Nziengui, on en est revenu à de grandes questions : celle de la diversité, de l’insécurité culturelle, de la relation à la tradition».

Même si l’artiste est devenu globe-trotter grâce à son instrument, la harpe, qu’il manipule à perfection, il a toujours clamé haut et fort qu’il n’est pas un initié dans les rites de son terroir. «Voici une question qui se pose: qu’est-ce qui fait en sorte qu’un artiste peut être légitimé, être le héraut, le champion de la tradition s’il n’en n’est pas lui-même, le garant ? Si lui-même n’est pas passé par les étapes, ce qu’on appelle les rites de passage, qui lui confère ce statut d’initié ?», s’est questionné le musicologue.

C’est là que peut intervenir la question de l’inné, mais également celles du don et du talent. Pour certains, il reste «le plus grand défenseur et promoteur des cultes traditionnels musicaux». Ceci d’autant plus que les traditions punu et du sud du Gabon en général ont bénéficié d’une place de choix dans ses spectacles. De nombreux artistes, groupes ont souvent recours à son expertise. Artiste globe-trotter, Papé Nziengui a fait résonner sa voix et sa cithare un peu partout dans le monde. Et c’est à juste titre que l’Université Franco-gabonaise Saint-Exupéry, présidée Raymond Mayer, lui a rendu cet hommage. Cette conférence a été placée sous l’égide de la Chaire Senghor de la Francophonie et Mandela de la Bantuphonie de l’UFGSE.

 
GR
 

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