Qui a conféré l’honorariat à Marie-Madeleine Mboranstsuo et à Louise Angue ? Au Gabon, après que le porte-parole de la présidence de la République a affirmé que ce sont les juges constitutionnels et que contrairement à lui, le conseiller spécial chargé de la Communication au palais Rénovation assurait qu’elles ont été nommées par un «décret» présidentiel, la question reste entière. Ce d’autant plus que la Cour constitutionnelle a tout annulé. Elle assure n’avoir pas enregistré à son greffe cette délibération qui a suscité un tollé dans le pays.

Les distinctions de Marie-Madeleine Mboranstsuo et Louise Angue ont été annulées par la Cour constitutionnelle. © D.R.

 

Au Gabon, une déclaration de la Cour constitutionnelle de la transition le 1er février devrait mettre fin au tollé suscité après la distinction de Marie-Madeleine Mboranstuo faite présidente honoraire de la Cour constitutionnelle, mais aussi, celle de Louise Angue, faite juge honoraire de la haute juridiction quand bien même, cette autre nomination est plutôt passée inaperçue. «Les vices de procédure, de forme et de fonds ont été constatés sur la délibération du 2 septembre 2023 ayant conféré l’honorariat à mesdames Marie-Madeleine Mborantsuo et Louise Angue», a déclaré Christian Bignoumba Fernandes, le doyen des juges de la Cour constitutionnelle.

«La Cour constitutionnelle précise que la délibération querellée ne figure nullement au rang des minutes du greffe de la haute juridiction», a expliqué le juge constitutionnel. «En conséquence, la Cour constitutionnelle de la transition déclare nulle et de non avenue ladite délibération conférant les qualités suscitées», a poursuivi Christian Bignoumba Fernandes levant toute équivoque. «Qui a nommé madame Marie-Madeleine Mborantsuo à telle ou telle autre fonction ?», interrogeait ironiquement sur les antennes de Gabon 1ère, le porte-parole de la présidence de la République.

Quand les communicants du président de la transition se positionnaient en défenseurs… 

Alors que Max Olivier Obame tentait de défendre cette nomination qui avait suscité un tollé dans le pays au regard du contexte exceptionnel et des griefs fondés ou non, contre l’ex-présidente de la haute juridiction considérée par plus d’un comme «le mal du Gabon», aujourd’hui la question vaut son pesant d’or. À cette question sur les antennes de Gabon 24, Télesphore Obame Ngomo, Conseiller spécial chef de département communication à la présidence de la République répondait qu’il s’agissait d’un «décret». Tout aussi défenseur de Marie-Madeleine Mboranstsuo et s’adressant à l’opinion qui jugeait inopportune la distinction, il lâchait : «la République on ne la gère pas avec les émotions, mais avec la raison». 

Il expliquait en outre que le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, avait pris un décret conformément à la loi organique sur la Cour constitutionnelle de juillet 2018 dont l’article 15 b-3 stipule entre autres qu’«un décret du président de la République matérielle cette distinction». Brice Clotaire Oligui Nguema a-t-il donc signé ce décret adossé à la Constitution qu’il a lui-même dissoute en prenant le pouvoir ? Sur les antennes de Gabon 1ère répondant à la même question, Max Olivier Obame affirmait pour sa part, «le président n’a rien à voir, c’est la Cour constitutionnelle qui l’a fait».

Qui a nommé les deux juges ?

«Ceci n’a rien à voir avec la présidence de la République», insistait le porte-parole de la présidence de la République. Évoquant à l’instar de Télesphore Obame Ngomo, la loi organique sur la Cour constitutionnelle de juillet 2018 qui selon eux, reste en vigueur malgré le caractère exceptionnel de la gouvernance du pays et des institutions, il soulignait que selon cette loi les anciens membres sont désignés par leurs pairs. «Il s’agit de deux juges qui ont été nommés par leurs pairs, c’est-à-dire les membres actuels de la Cour», affirmait Max Olivier Obame pour qui Marie-Madeleine Mboranstsuo et Louise Angue ont été nommées par la Cour constitutionnelle de la transition.

Maladresse des deux communicants du président de la transition ou tentative désespérée de justifier une décision jugée «cavalière et précipitée» ? Alors que la Cour constitutionnelle de la transition affirme n’avoir pas enregistré cette délibération et dénonce des vices, la question de savoir qui a conféré ces titres honorifiques à Marie-Madeleine Mboranstsuo et Louise Angue et sur quelle base, se pose avec acuité. Pour une bonne partie de l’opinion, elle fait craindre «une survivance de l’ordre ancien» en cette période de transition, par ailleurs symbole d’espoir des populations gabonaises qui espèrent une véritable restauration des institutions et une rupture avec les pratiques passées.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Nathan Dzime dit :

    Au vu de l’imbroglio pathétique auquel nous assistons (autour de l’honorariat de MMM et Co, ci-devant, ancienne Toute-puissante Présidente de la Cour Constitutionnelle du Gabon), entre d’une part un président de Transition avide de demontrer aux yeux du monde, l’inclusivité de son magistère, et l’exigence du peuple gabonais d’effacer les pratiques rétrogrades de gestion de la chose publique, pouvons-nous encore fermer les yeux sur la supposée expérience qu’on nous sert pour justifier certaines nominations aux plus hautes sphères de l’administration publique et de l’état?

    En effet, où est-il écrit que d’avoir soulevé les valises et participé plus ou moins activement aux pratiques répréhensibles qui ont tué l’Etat, représente une expérience et surtout une expertise à faire valoir?

    Nous devons faire attention à ne point confondre un parcours à une expérience ; et une expérience à une réalisation. Lorsque nous analysons les réalisations de MMM, nous nous rendons compte qu’elle ne dispose que d’un parcours…toute chose non confirmée par une expérience positive, et encore moins des réalisations positives pour le Gabon.

    Il en est de même de plusieurs personnalités qu’on sert comme des gens d’expérience. Eh bien, à ce jour cette soi-disante expérience n’a eu pour résultats, que la confusion des deniers de l’état avec les biens personnels, et la collusion de toutes les institutions de la République dans le dessein de déifier un individu, au détriment des règles de fonctionnement de la République.

    Monsieur le président, de grâce, par pitié, que l’inclusivité ne vous mène pas à la candeur dans la conduite de l’Etat…Nous sommes d’accord pour l’inclusivité, mais pour ceux qui ont participé de près ou de loin au fossoyage du Gabon des décennies durant, soient mis le plus possible à l’écart , pour éviter de retirer aux gabonais avides de changements profonds, toute idée de collusion entre vous et ces croque-morts de l’Etat. Toute inaction dans ce sens annihilera le capital sympathie porté par les gabonais envers votre acte héroïque de libération, ainsi que vous objectifs nobles en direction du peuple gabonais. Mais alors, un opportuniste pourra vous accuser de gestion chaotique et imprévisible de l’Etat.

    Nous vous faisons confiance…mais la marque des grands hommes est de savoir reconnaître un dysfonctionnement dans ses actions, puis le corriger.

  2. Jean Jacques dit :

    Les pays est dans mains des vrais bandits, olingui est entouré les personnes AFFAMÉES, OLINGUI a nommé 3M pour préparer la vraie fraude électorale, les fameux conseillers doivent venir expliquer leur mensonges.l’africais avec le pouvoir…

  3. moueligeorge dit :

    Bjr,depuis cette histoire de Mr Oligui, qui n’a pas ete elu democratiquement par les Gabonais, je n’ai ici depuis le premier jrs, qu’Oligui n’est pas president du Gabon. mais si lesjournaleux le proclamment President de la Republique du Gabon, preseident de la transition Il N’EST PAS PRESIDENT… ET DOIT PAS ANNONCER DE CANDIDATURE SI UN JOUR IL Y A DES ELECTIONS TRANSPARENTES DEANS CE PETIT PAYS D’UN MILLION ET DEMI D’HABITANTS. VOYEZ VOUS IL NE PUNI PAS mBOURANTSUO QUI A FAIT DU GABON ET DES GABONAIS DES OTAGES DE LEUR PROPRE NATION…. MBOURANTSOUO DOIT FAIRE LA PRISON POUR TRAHISON DES INSTITUTIONS DU PAYS ET COMPLICE DES FRAUDES ET COUPS D’ETAT PREPARES…. ELLE DOIT FAIRE LA PRISON… ELLE A PECHE CONTRE LA NATION..

Poster un commentaire