Les ministres gabonais tentent de divertir en dansant lors de la tournée républicaine, remplaçant ainsi le rôle traditionnel des populations et groupes dit d’animation dans les meetings politiques. Mais cela ne cache pas leur échec à améliorer la vie des populations. Leur manque de dignité et d’éthique est devenu évident, et ils devront danser encore plus lors des prochaines élections pour justifier leur utilité auprès du président, relève Abslow, le chroniqueur du vendredi de GabonReview.

Ceux qui faisaient danser les autres autrefois ont eux-mêmes appris à danser. Ils devraient créer un groupe d’animation, tant ils sont meilleurs danseurs qu’améliorateurs des conditions de vie des Gabonais. © D.R.

 

C’est la leçon qu’il faut tirer de la derrière tournée républicaine. C’est aussi le signe le plus parlant de la bataille d’opinion qui semble avoir été gagnée par les activistes pour ne pas dire l’opposition. Ceux qui continuent de penser que les réseaux sociaux ne servent à rien, ont tort de minimiser leur impact.

Nous l’avons tous vu durant la tournée présidentielle faussement républicaine. Pour faire le show dans les différentes causeries qu’ils ont organisées, on a beaucoup plus vu des ministres et des cadres se donner en spectacle, que les Gabonais lambda réunis pour la circonstance. C’est là un changement de paradigme notoire et une évolution des mentalités déterminante.

Dans les meetings politiques du grand parti des masses, ce ne sont plus les populations qui dansent, ce sont désormais les ministres et les cadres de la République. On voudrait bien minimiser ce fait, mais il est loin d’être anodin. Ceux qui faisaient danser les autres autrefois ont eux-mêmes appris à danser.

Et ils excellent dans ce nouveau rôle, au regard des vidéos qui ont circulé durant la tournée républicaine. Ils ont, à Oyem, à Moanda, à Makokou… su boucher les trous du manque d’engouement des populations pour leurs promesses non tenues. Ils devraient créer un groupe d’animation, tant ils sont meilleurs danseurs que pour améliorer les conditions de vie des Gabonais.

Avant 2016, les ministres et les hauts cadres de la République continuaient de jouer, pour le pouvoir, le rôle historique de pourvoyeurs de deniers pour la mobilisation des foules à la gloire du «champion». Aujourd’hui, les moyens étant devenus bien maigres, du fait qu’ils sont confisqués par les officines étrangères, les masses populaires ne voient plus rien arriver dans leurs assiettes.

Au point que la danse ne fait plus recette auprès de ces populations, qui estiment qu’elles suffisamment dansé depuis 14 ans, sans jamais être récompensées de leur soutien à la politique d’une émergence définitivement immergée. Mais, puisque «the show must go on», il a bien fallu innover et s’adapter à cette conjoncture.

Les arguments peu convaincants pour continuer à vendre et vanter un pouvoir injuste qui n’a pas su changer la vie des gens, manquent cruellement désormais à ces hauts cadres. Les groupes d’animation et les danseurs étant devenus rares, ces ministres et ces cadres au rabais se sont résolus à se produire eux-mêmes.

Rivalisant de talents, ils nous ont éblouis par leur dextérité dans le kounabélisme politique. Quelle situation cocasse et quelle belle revanche pour le peuple gabonais, que de voir ces gens se livrer à un exercice auquel ils ont confiné les Gabonais depuis 50 ans ?

Cela traduit une seule et unique réalité : les ministres Gabonais ont perdu de l’envergure et de la consistance. Ils sont désormais le reflet de la démystification par les «mystiques qui ont ravi leur pouvoir d’autrefois» de la fonction de ministre autrefois enviée, respectée et même vénérée. Aujourd’hui, nos ministres ont pâle figure et renvoient, dans la conscience collective du peuple, l’image de courtisans sans dignité et sans aucune éthique personnelle.

C’est pourquoi, à l’occasion des élections générales à venir, ils devront danser deux fois plus fort. Mais ils ne le feront pas pour les Gabonais, mais pour justifier aux yeux de leur champion, leur utilité à ses côtés. Puisque selon leur système de valeurs, ce sont les plus grands danseurs, chanteurs et flatteurs qui sont les plus récompensés. Ils chantaient au temps chaud, eh bien, qu’ils dansent maintenant !

Abslowment vôtre !

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GR
 

1 Commentaire

  1. Mengue Mathurin dit :

    Ces ministres et cadres de pacotilles ne font pas mentir le célèbre poète Jean de la Fontaine dans sa la Cigale et la fourmi.
    En effet, pendant qu’à côté de nous les autres construisent, au Gabon ceux qui doivent construire chantent et dansent, au point d’aller quémander l’eau et l’électricité chez nos voisins en Guinée Équatoriale. Pendant ce temps, alors qu’ils dansent et chantent, au Gabon on peut constater qu’il y a de l’eau partout sauf dans nos robinets.

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