La rencontre du 9 juin courant soulève une question centrale : la capacité des leaders de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) à résister aux pressions, mesures de rétorsion et autres mesquineries. Au-delà, elle jette le doute sur la pertinence de la stratégie de Jean Ping.

Déterminé à défendre ses seuls intérêts, Jean Eyéghé Ndong n’a guère songé aux répercussions sur ses alliés. N’ayant pas évalué la portée des collusions institutionnelles, il a choisi de faire cavalier seul, quitte à jeter le discrédit sur eux. © D.R.

 

Force à l’arbitraire ou pouvoir à l’égoïsme ? C’est selon. Auréolé d’une image de dur à cuire, d’homme intègre et de principe, l’un des plus farouches soutiens de Jean Ping vient de céder au chantage. Comme en attestent de nombreuses images, Jean Eyéghé Ndong a été reçu par Ali Bongo, le 09 juin courant, au palais de la présidence de la République. Comme il l’a lui-même révélé, l’ancien Premier ministre entendait régler des «problèmes personnels.»  En clair, ne bénéficiant pas du régime spécial de retraite, il a «tout fait pour voir le président qui a bien voulu (le) recevoir», malgré leurs «divergences politiques.» En endossant cette «responsabilité», il a implicitement reconnu le pouvoir en place. En prenant cette «décision», il a fait un 180 degrés. Sauf à manquer de cohérence, il lui sera désormais impossible d’user de sa rhétorique habituelle. Dorénavant, il ne pourra plus parler d’«imposture» ou d’«usurpation» pour désigner l’actuel exécutif.

Faute morale et politique

Même s’il se refuse à l’admettre, Jean Eyéghé Ndong le sait : sa décision va inévitablement déteindre sur la Coalition pour la nouvelle République (CNR). En son for intérieur, il en a conscience : au-delà de sa «petite personne», il vient de jeter le doute sur la pertinence de la stratégie de Jean Ping. Comme, avant lui, Michel Menga et Jean de Dieu Moukagni-Iwangou, il s’est laissé dominer par des considérations purement matérielles. Comme René Ndemezo’Obiang, quelques années auparavant, il donne l’impression de chercher à sortir d’une impasse Toutes choses étant égales par ailleurs, sa rencontre avec Ali Bongo soulève une question centrale : la capacité des leaders de la CNR à résister aux pressions, mesures de rétorsion et autres mesquineries. Au-delà, elle relance le débat sur leur détermination à parvenir à leurs fins : imposer le respect du verdict des urnes.

Certes, Jean Eyéghé Ndong affirme avoir agi en sa «qualité d’ancien Premier ministre.» Certes, «la vie de la (CNR) ne dépend pas de (lui).» Certes, ce regroupement draine encore «beaucoup d’adhérents.» Mais les derniers événements ne sont pas de nature à raffermir les liens entre ses composantes. Encore moins à renforcer la confiance ni à garantir la mobilisation. Présenté par ses afficionados comme un «visionnaire», décrit comme un homme «à l’abri du besoin et de la peur», l’ancien Premier ministre est apparu comme l’antithèse de tout cela. Déterminé à défendre ses seuls intérêts, il n’a guère songé aux répercussions sur ses alliés. N’ayant pas évalué la portée des collusions institutionnelles, il a choisi de faire cavalier seul, quitte à jeter le discrédit sur eux. N’ayant pas anticipé sur les conséquences financières de son engagement, il a privilégié son confort de vie. Tenaillé par des questions d’intendance, il a laissé triompher sa part d’égoïsme. Au final, il a donné raison aux tenants de l’arbitraire, commettant une faute morale et politique.

Incompatibilités à la tête du client

Pourtant, le pouvoir est resté fidèle à sa méthode, mélange d’opacité, de préférence partisane et de déni des droits. Bien connue de l’ancien Premier ministre, cette pratique politique est peu conforme à l’Etat de droit. Ainsi, dès 2011, Jean Eyéghé Ndong s’est vu contester le droit de jouir des avantages prévus par l’ordonnance n°005 ter/PR/2002, ratifiée par la loi n°13/2002 du 28 janvier 2003. Successivement député puis sénateur, il dût s’y plier. La mort dans l’âme, il accepta de percevoir les émoluments de parlementaire. Or, dans le même temps, un député en fonction, en l’occurrence Paulin Obame Nguéma, en bénéficiait. Idem pour Jean-François Ntoutoume-Emane, alors maire de Libreville. Leur particularité d’alors ? L’appartenance au Parti démocratique gabonais (PDG). En définissant des incompatibilités à la tête du client, le régime consacrait la prégnance des intérêts privés et partisans sur la vie publique, laissant à chacun le soin de décrypter le message et de lui donner une suite.

A la satisfaction d’Ali Bongo, Jean Eyéghé Ndong l’a bien compris. S’étant adressé à tous les premiers ministres sans grand succès, il a décidé de «monter au-dessus de la Primature.» Aura-t-il gain de cause ? L’avenir le dira. Pour l’heure, ses alliés de la CNR seraient bien inspirés de réfléchir aux conséquences politiques de son initiative. Au lieu de se murer dans un mutisme révélateur, ils feraient mieux de se pencher sur la stratégie, l’organisation et le fonctionnement de leur structure. A défaut, ils doivent se tenir prêts à parer à de nouvelles déconvenues voire au retour de certains des leurs au PDG.

 
GR
 

14 Commentaires

  1. Serge Makaya dit :

    Quand je vous dis d’arrêter avec ce type de gouvernance, ai-je tort ? C’est obsolète, surtout en Afrique.

  2. Serge Makaya dit :

    Je n’accuserai pas trop vite mon petit frère Jean Eyeghe Ndong. Peut-être que c’est la seule raison qu’il pouvait donner pour approcher « Ali Bongo » (pour VOIR de près si c’est lui ou pas. Et profiter de cette rencontre pour poser une question piège à ce pseudo Ali Bongo. Ainsi, s’il n’arrive pas à répondre, Jean Eyeghe Ndong sait donc que ce n’est pas Ali Bongo qui était devant lui, mais bien un sosie). Avant de l’accuser de TOUT, réfléchissez bien. C’est un ancien du système que j’ai côtoyé un peu. Il me connaît. Il ne peut pas aussi dire OUVERTEMENT qu’il a enfin piégé le pseudo Ali Bongo. Ça lui causerait des problèmes. Mais il doit savoir certainement que celui qui était en face de lui n’était pas Ali Bongo, mais bien un sosie.

    D’ailleurs, je vous encourage à faire autant: demander une audience à Ali Bongo pour toucher du doigt que ce n’est pas lui effectivement. Mais je crois qu’avec ma proposition, ils ne prendront plus d’audiences. Le piège s’est refermé sur eux.Jean Eyeghe Ndong devrait plutôt faire attention à sa vie désormais, car ces gens sont extrêmement MAUVAIS. Ils n’ont aucune pitié. Voilà pourquoi ils faut bien mesurer ce que vous faites quand vous approchez ce régime Bongo-Valentin sorti tout droit des entrailles de l’enfer.

    Je vous le répète, sans toutefois pouvoir vous le prouver: ALI BONGO EST MORT.
    Son séjour à Londres il n’y a si longtemps est de la comédie montée par la francafrique et le pouvoir britannique aussi. Dites vous BIEN que ce séjour londonien cache bien plus qu’une histoire d’intégration du Gabon au Commonwealth. C’est du pipo celà. Ce qui s’est passé à Londres ressemble à un film de James Bond comme savent si bien faire et français et anglais.

    En plus de 30 de carrière au B2, j’en ai VU des montages de ce genre.

    • Luc Ongotho dit :

      @ Serge Makaya. Vous faites pitié…. Eyeghe n’est ni un dur ni un type de grande culture et pas du tout un stratège… Vous pouvez vous faire des films mais Eyeghe à faim et il est allé demander à manger… Restez dans votre deni… On comprend pourquoi l’alternance aura du mal à venir

      • SERGE MAKAYA dit :

        Merci. MEA CULPA.

      • Fille dit :

        @Luc Ongotho, tout de même avoir faim au point de rester esclave dans son propre pays bourré de richesses, c’est normal ou c’est gabonais ?
        Quant à l’affirmation continue de Mackaya pour moi quoi, sur la mort d’Ali Bongo, il est bien le seul à en être sûr. Je conseille à Mackay de réfléchir un peu et de ne pas s’arrêter à son affirmation. Qu’est-ce à dire si un tant soit peu il avait raison ? Eh bien cela voudrait dire que tous les politiques gabonais, opposition comme équipe dirigeante et aussi la société civile gabonaise y compris toute la population gabonaise, que tout le monde est complice pour faire croire que Ali est vivant. Vous trouvez cela tenable ? imaginable ? Si oui, pourquoi donc tout ce beau monde se tairait-il ? Ne serait-il pas mortifère pour nous tous de penser que cela est possible ? Tout de même, il y a encore des têtes pensantes au Gabon pour que la fameuse francafrique que Mackaya monte en épingle comme pour apeurer des enfants n’ai aucun moyen d’embobiner toute une nation. C’est là faire insulte à l’intelligence des gabonais et je m’y refuse car quoiqu’il en soit, je crois encore que les gabonais quelque soit leur bord et leur appétence pour l’argent et les postes aiment le Gabon.

    • Fille dit :

      « En plus de 30 de carrière au B2, j’en ai VU des montages de ce genre. »

      Eh bien et vous n’avez toujours rien pu faire ? Tout ce temps ? Vous êtes un rigolo vous. Abstenez-vous de nous brasser du vent. Je n’ai rien contre vous Mackaya pour moi quoi, mais vous faîtes de la distraction depuis des mois.

      • SERGE MAKAYA dit :

        Ma Fille, vous avez raison. Je crois que ma tête me joue maintenant de très mauvais tours. J’arrête ce combat pour libérer le Gabon. Prenez la relève, vous êtes jeunes et plein d’énergies. je vais prier Nzame pour vous TOUS qui continuez la LUTTE. Je vous félicite et vous ENCOURAGE. Ne baissez pas les bras. Ces gens son EXTRÊMEMENT MAUVAIS ET TRÈS SOLIDAIRES DANS LE MAL. Ce qui manque à notre pays, c’est l’unité pour vaincre ces gens là. Le combat que nous menons actuellement se fait en ordre dispersé. On ne réussira JAMAIS comme ça. Si nous étions extrêmement SOLIDAIRES depuis longtemps, ce régime serait déjà tombé. Notre UNITÉ fera trembler ce régime et la françafrique. Croyez-moi sincèrement. Même Omar Bongo des plateaux Batékés avait extrêmement peur de l’UNION de l’opposition Gabonaise. Et il faisait toujours le tout possible pour CASSER cette unité de l’opposition. UNIS nous vaincrons ce régime diabolique. Bonne chance à vous. Je vais désormais m’informer sans plus écrire. Car ma vieillesse me joue des tours. Ne vous découragez SURTOUT PAS. UNIS, nous vaincrons ce régime.

  3. Giap EFFAYONG dit :

    Monsieur Serge Makaya,je vous trouve bien naïf pour quelqu’un qui prétend avoir passé plus de trente ans au B2 de sinistre mémoire.J’ai l’impression sinon la conviction que vous faites de l’intox en spéculant sur la mort de l’homme venu du Biafra sans en apporter la moindre preuve.Vous n’ignorez pas que 99% de nos compatriotes seraient aux anges d’apprendre la mort de ce monstre ibo,né dans les faubourg d’Enugu au sud du Nigeria.

    Quant à votre supposé frère Jean Eyeghe Ndong,il a choisi l’avilissement en allant se prosterner devant Ali Bongo,ce Caligula venu du Biafra afin que ce dernier intercède en sa faveur pour que l’Etat lui verse quelques jetons chaque fin du mois pour avoir été premier ministre.Cette démarche m’aurait moins choqué si elle émanait de René Ndéménzo’o,de Maganga Moussavou,l’hideux Michel Menga et j’en passe qui sont connus comme des mercenaires de l’opposition gabonaise,de la racaille.

  4. Serge Makaya dit :

    @Giap EFFAYONG, merci pour votre réponse. Mea culpa.

  5. Didier dit :

    Et que dit Mr Jean Ping ? Car s’il ne réagit pas, c’est qu’il approuve la démarche de son frère opposant comme lui. Moi je crois aussi à un coup monté par Jean Eyeghe Ndong. Il connait ce système. Il sa vit bien ce qui allait lui arriver. Hé dirai plutôt que l’opposition gabonaise à appris quelque chose par cette audience. Et je crois que Ali Bongo ou Sylvia Bongo n’accordera plus d’audience pour éviter d’être piégé.

  6. Roger dit :

    On ne vous demande pas d’être rusé comme ceux de ce régime usurpateur. Mais plutôt d’être intelligent comme un renard et prudent comme un serpent.

  7. Gaston dit :

    A malin, malin et demi.

  8. MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. En effet nous le savons depuis Mathusalem qu’être opposant à Gabao est une vue de l’esprit car peu ou personne ne s’évite au bord de mer ou des connexions inextricables vous assujettissent. Mais là ou le bas blesse c’est que des innocents meurent à chaque joutes électorales parce que cet espoir de justice nous obligent a rechercher un leader politique pour entretenir l’espoir de la liberté. le dernier en date c’est le partisan du slogan  » à l’abri de la peur et du besoin ». Nous constatons simplement pour le déplorer que quelque soit l’angle d’observation l’acte posé par JEN est inopportune d’autant plus que d’autres canaux pouvaient être utilisés pour une éventuelle rencontre entre les deux personnes. Manifestement le caractère public a été choisit par qui et pourquoi ? Conséquence: comme le dis le texte « à défaut, ils doivent se tenir prêts à parer à de nouvelles déconvenues voire au retour de certains des leurs au PDG ». Amen.

  9. Fille dit :

    « Incompatibilités à la tête du client

    Pourtant, le pouvoir est resté fidèle à sa méthode, mélange d’opacité, de préférence partisane et de déni des droits. Bien connue de l’ancien Premier ministre, cette pratique politique est peu conforme à l’Etat de droit. Ainsi, dès 2011, Jean Eyéghé Ndong s’est vu contester le droit de jouir des avantages prévus par l’ordonnance n°005 ter/PR/2002, ratifiée par la loi n°13/2002 du 28 janvier 2003. Successivement député puis sénateur, il dût s’y plier. La mort dans l’âme, il accepta de percevoir les émoluments de parlementaire. Or, dans le même temps, un député en fonction, en l’occurrence Paulin Obame Nguéma, en bénéficiait. Idem pour Jean-François Ntoutoume-Emane, alors maire de Libreville. Leur particularité d’alors ? L’appartenance au Parti démocratique gabonais (PDG). En définissant des incompatibilités à la tête du client, le régime consacrait la prégnance des intérêts privés et partisans sur la vie publique, laissant à chacun le soin de décrypter le message et de lui donner une suite. »

    Rien que ça ! Ma parole vous avez rejoint l’opposition ! Quelle mouche vous pique ? On pourrait tenter de dire bravo en vous lisant, cependant ce qui ressort gros comme le nez au milieu de la figure c’est surtout l’intention d’exposer à quel point l’opposition gabonaise a failli, bien droite dans ses bottes à jouer dans une pièce théâtrale dont elle connait pourtant les rouages. Merci tout de même.

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