Face à l’amalgame croissant dans le secteur agricole gabonais, Hervé Omva, coordonnateur des programmes de l’ONG IDRC Africa, interpelle sur le rôle de la Caisse de dépôts et de consignation (CDC). Alors que cette institution financière envisage d’investir dans l’agriculture, l’entrepreneur et formateur met en garde contre les risques d’une telle démarche et exhorte à un recentrage sur les fonctions bancaires pour stimuler le développement agricole.

La CDC, est une institution financière qui joue un rôle crucial dans l’économie en gérant et en investissant des fonds pour le compte du gouvernement et d’autres entités publiques. © D.R.

 

Dans un contexte où les initiatives agricoles se multiplient, avec notamment l’implication de la Caisse de dépôts et de consignation (CDC) qui a récemment acquis une part importante de 35% des actions détenues par l’État gabonais dans le capital de Gagepar (groupe Ceca-Gadis), Hervé Omva sonne l’alarme. Pour lui, il est impératif que la CDC, en tant qu’entité bancaire, reste fidèle à sa vocation première et ne s’aventure pas dans des activités de production agricole.

La Caisse de dépôt et de consignation, également connue sous le nom de CDC, est une institution financière qui joue un rôle crucial dans l’économie en gérant et en investissant des fonds pour le compte du gouvernement et d’autres entités publiques. Elle est un banquier fiable et de confiance depuis de nombreuses années, et ce serait une grave erreur de détourner son attention vers l’agriculture.

Hervé Omva, coordonnateur des programmes de l’ONG IDRC Africa, interpelle sur le rôle de la CDC. © Gabonreview

L’expérience passée, notamment avec des projets comme l’IGAD financés par le pétrolier Total Gabon, rappelle à quel point des investissements massifs peuvent être inefficaces sans une gestion adéquate et une stratégie clairement définie. Omva met en lumière le besoin urgent d’une approche réfléchie et coordonnée pour promouvoir le développement agricole au Gabon, en insistant sur des aspects cruciaux tels que l’aménagement des parcelles, le transport, la mécanisation et la mise en place d’assurances agricoles.

«Il serait intéressant pour la CDC de s’asseoir aussi bien avec le ministère de l’Agriculture, avec les structures rattachées au ministère de l’Agriculture, comme lAgence du développement agricole du Gabon (Adag), la Sotrader, SA, l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (Agasa) et d’autres, pour voir comment ils peuvent accompagner de manière correcte les agripreneurs dans le cadre mis en place par l’État», a-t-il conseillé, pour un accompagnement efficace des acteurs du monde agricole.

Au lieu de se lancer dans la production agricole, Omva propose que la CDC se concentre sur son rôle de soutien financier, tout en explorant des initiatives telles que l’ouverture de showrooms pour la vente de matériel agricole ou la signature de contrats internationaux pour l’approvisionnement en semences de qualité à des prix abordables. «La CDC aujourd’hui, doit plutôt réfléchir à la mise en place d’un fond de soutien et de l’assurance agricole pour les acteurs du secteur agricole», suggère le coordonnateur de l’IDRC Africa.

L’agriculture est un secteur complexe qui présente ses propres défis, notamment des conditions météorologiques imprévisibles, des fluctuations du marché et divers obstacles réglementaires. © Gabonreview

L’agriculture est un secteur complexe qui présente ses propres défis, notamment des conditions météorologiques imprévisibles, des fluctuations du marché et divers obstacles réglementaires. Elle exige des connaissances et une expérience spécialisées que la CDC ne possède tout simplement pas. «La Caisse de dépôt et de consignation doit rester fidèle à ses racines de banquier et s’abstenir de devenir agriculteur. Son expertise en matière de finance et d’investissement est inestimable, et la réorienter vers l’agriculture serait une décision risquée qui pourrait nuire à sa mission principale», a-t-il martelé.

Selon Omva : «À chacun de jouer son rôle. Le changement de mentalité qu’on demande aux Gabonais doit d’abord venir de ceux qui décident, de ceux qui ont la responsabilité de gérer l’argent public».

 

 
GR
 

1 Commentaire

  1. le nouveau dit :

    Pas du tout d’ accord sur un pan de l’ analyse
    l’ expertise Igad a permi de developper un tissu de producteurs autour des villes
    avec le double but de fixer des populations rurales en périphérie et securiser l’ outil agricole en mettant du foncier, del’ expertise technique, de l’ eau et des intrants à dispo des exploitants;
    le succes a été evident et donc les jalousies aussi
    D’accord pour dire que toutes les structures doivent s’ asseoir pour réfléchir au développement de l’ agriculture en respectant les forces vives et en arretant de les parasiter
    On prefere encore importer plutot que favoriser une production sur place
    encore par jalousie
    A quand un ministère de l’ agriculture qui joue son role ?

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